à la veille de l’Aïd El-fitr, tous les parents ont le désir de voir leurs enfants, le jour de la fête, vêtus d’habits flambant neufs même sachant que ça leur coûtera cher, car la totalité des économies de toute l’année y passera.
Alors, à l’approche de l’Aïd, la fièvre s’empare des parents, notamment ceux à la bourse moyenne et ayant beaucoup d’enfants. Car, comme le veut la tradition, ils sont obligés de les habiller d’habits neufs. Comme c’est le Ramadhan et les journées sont pratiquement chaudes, les parents aiment sortir en soirée pour faire les magasins afin de laisser leurs progénitures choisir, eux-mêmes, les vêtements qui leur conviennent. Dans la haute vallée de la Soummam, que ce soit à Seddouk, Akbou ou Sidi Aïch, juste après le f’tor, les magasins s’ouvrent et reçoivent des familles qui les prennent d’assaut. Dans les magasins de la foire du Piton à Akbou par exemple, des bousculades se forment à l’intérieur. Les parents se trouvent, ainsi, obligés de faire plusieurs magasins dans l’espoir de tomber sur des habits moins chers, ce qui n’est pas toujours évident comme l’a expliqué Nadir qui a hésité d’acheter un tee-shirt le trouvant cher et quand il est retourné une semaine après chez le même marchant il a trouvé son prix augmenté à l’occasion de l’Aïd. « J’ai hésité à acheter un tee-shirt à 2000 dinars considérant son prix cher, mais une semaine après, le même habit je l’ai acheté à 2200 dinars chez le même marchant de surcroît », a souligné notre interlocuteur. Approché un jeune couple ayant deux enfants, nous dira : « Nous sommes à notre deuxième sortie à la recherche des vêtements à acheter pour nos deux enfants. Hier, on est rentré bredouille parce que nous étions venus juste pour tâter le terrain et voir les prix. Mais ce soir, on a décidé d’acheter même si les prix sont inabordables, car nous n’avons pas le choix. Une robe pour fillette coûte 2500 dinars. Un smicard qui a quatre enfants, pourra-t-il satisfaire la demande de tous ses enfants ? Le trousseau pour le garçon, à lui seul, nous coûtera 6000 dinars », a déclaré la maman. Ces flambées des prix des vêtements neufs sont l’une des causes qui font que beaucoup de parents se rabattent sur les friperies. Cela explique la frénésie qui s’est emparée, avant-hier, vendredi, du marché aux puces d’Akbou. Si le nombre de marchants ambulant a augmenté et des montagnes de vêtements sont exposées à même le sol, le nombre d’acheteurs a quadruplé selon un habitué des lieux. « Je n’ai jamais vu un tel engouement les autres journées », lâche un acheteur. En effet, beaucoup de parents n’ont de solution que la friperie pour habiller leurs enfants, à l’image de Rabah que nous avons approché en plein marché et qui nous dira : « Je préfère les vêtements de la friperie pour plusieurs raisons : Primo, ils sont moins chers que les neufs. Secundo, des fois on tombe sur une bonne occasion qui est encore à l’état neuf. Tertio, un habit de la fripe est plus solide qu’un habit neuf made in Algeria. Donc, je vais faire d’une pierre deux coups. Les habits que je vais acheter pour l’Aïd vont être gardés pour la rentrée scolaire », a dévoilé notre interlocuteur. Quoi qu’il en soit, cette hausse des prix des vêtements, à l’approche de l’Aïd, obéit à la loi du marché. Elle est due, d’une part, à la forte demande constatée cette dernière semaine du Ramadhan, et d’autre part au comportement de certains marchants perdant leur humanité pour quelques sous de plus, oubliant les sacrifices de leurs clients qui n’ont pas d’autres choix que d’accepter la saignée pour un devoir, celui d’offrir de la joie et de la gaieté aux enfants quelque soit le prix à payer.
L. Beddar

