“Comment Nora a chanté en kabyle”

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Il a avoué que lui aussi n’a pas été épargné, “dans le temps”, par l’invasion de la culture égyptienne. Il adorait particulièrement Kamel El Chenaoui et Aimad Hamdi, Il a pris leurs deux noms pour en faire son pseudonyme, “Kamel Hamdi”. C’était pour signer sa première opérette, montée à base de chansons de Slimane Azem, dans les années cinquante à la radio. Le lendemain, les journaux ont rapporté le sujet en parlant de… “Kamel Hamadi”. “Et c’est resté comme ça, vous savez pour nous à l’époque, ce n’était pas du tout toléré de chanter. On se réfugiait instinctivement derrière des pseudos, au risque d’avoir la famille montée contre soi. C’était encore mal vu, mais lorsqu’on aime ça, on le fait…”.Ainsi parlait Kamel Hamadi face à Kamel Tarwith qui le recevait avant-hier sur le plateau de Berbère télévision. L’illustre auteur-compositeur, poète kabyle paraissait bien en forme. Toujours aussi bel homme, indifférent au poids de l’âge, “Si Larbi” avait un sourire constant aux lèvres, sur un visage rayonnant qui a vite mis à l’aise le “petit” animateur qui a osé un tel face-à-face. Avec ce géant de la culture kabyle qui a été derrière, pour ne pas dire à l’origine de l’épanouissement des Lounis Aït Menguellet, Athmani, Salah Saâdaoui… Les cheikh Nourdine, Slimane Azem, H’sissene, El Ankis, El Anka, lesquels ont tous chanté ses compositions. Il dira que lorsque feu El Anka lui a demandé de lui composer “Izriw Yaghlev Lahmali”, c’était pour répondre à son fils Mustapha qui lui chantait “Abi, Abi”. Lorsque je lui ai lu le texte, il a pleuré… Au départ je lui avais écrit la chanson en arabe puis il m’a demandé de la réécrire en kabyle”, a révélé Kamel Hamadi, de son vrai nom Zegan Larbi. De confession en confession, il s’est laissé aller à révéler de croustillantes anectodes. “Au départ, Nora chantait en arabe et ses chansons avaient un succès fou dans les box des restaurants parisiens. Et lorsqu’on y allait avec mes cousins qui l’appréciaient bien, il y avait cependant, ce petit problème de langue, mes cousins ne comprenaient rien à ce qui était chanté. C’est ainsi qu’un jour elle a décidé de chanter en kabyle pour nous. Elle avait déjà une belle voix, et le jour où j’ai dû en parler au directeur de Radio Paris lorsque ce dernier m’a demandé si elle était Kabyle, je lui ai dit qu’elle l’était : “presque…”Toujours avec le sourire, vient alors la surprise de l’animateur qui annonce la diffusion du premier clip de Nora avec… Kamel Hamadi. S’en est suivi des images en noir et blanc, pleins de charme et de nostalgie…La chanson “Rouh Rebbi adhissahel”; il la lui avait écrite en 1964, et le clip a été tourné en 1969 se rappelle Kamel Hamadi. Aujourd’hui Nora est souffrante, on lui passe alors un message de prompt rétablissement. Dans sa carrière, longue et riche, Kamel Hamadi a écrit pour quasiment tous les anciens chanteurs kabyles, mais a peu chanté lui-même.“J’ai presque tout fait : j’ai composé, j’ai écrit des chansons pour tout le monde comme j’ai écrit des sketchs, des opérettes, mais c’est vrai que j’ai peu chanté. Je considère qu’il vaut mieux me contenter d’être un bon compositeur que de prétendre être un mauvais chanteur”,dira-t-il avec plein d’humilité. Il se dit encore prêt à tendre la main à ceux qui en voudront, sans exception, même s’il considère qu’il y a actuellement “trop de mauvaises productions”. Il se dit aussi tenté d’investir le cinéma, “Il y a des projets prêts”, appuit-il. Pour conclure, il tiendra ces propos : “J’aime le beau, la vie est courte (…) mon meilleur souvenir, c’est mes enfants…”, C’est mieux qu’une chanson.

Amel C.

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