Il devient de plus en plus difficile pour les artisans d’écouler leurs produits qui sont le fruit d’un long et dur travail.
D’une manière générale, notre plan de charge est en perpétuelle décroissance, si bien que des artisans ont été contraints de fermer leur boutique », lance d’un ton aigris, un forgeron de Tazmalt. Dans cette ville, ils ne sont plus qu’une poignée à ferrailler contre vents et marées, pour perpétuer un legs ancestral voué à la disparition. « Au début de cet été j’étais à deux doigts de mettre la clé sous le paillasson, car j’étais confronté à une pénurie aigue de matière première », renchérit notre interlocuteur. Contraints et résignés, les rares forgerons encore en activité continuent de faire contre mauvaise fortune bon cœur, en s’attelant à donner forme, à dégauchir ou à rafistoler des outils manuels. Un dur labeur qui rapporte si peu. À peine de quoi assurer sa pitance. « C’est mon défunt père qui m’a appris les rudiments du métier. À sa mort, il y a une trentaine d’années, j’ai repris le flambeau que je ne suis pas prêt de laisser tomber », dira avec fierté un autre artisan de Tazmalt. Evoluant dans un réduit ténébreux, au son métronomique du marteau, notre interlocuteur s’est…forgé sur le tas. À l’instar de son géniteur. Changer d’activité ? au moment où d’autres ont franchi le pas, notre interlocuteur dit ne pas pouvoir le faire. « Dans la famille, nous sommes forgerons de père en fils. J’ai fait le serment à mon père d’exercer la forge jusqu’à la fin des mes jours. Après, advienne que pourra », déclare-t-il, d’un ton résolu et conscient que ce métier, frappé de désaffection, est promis à une sombre destinée.
La cause : les nouvelles générations sont plutôt enclines à s’orienter vers d’autres métiers nettement plus porteurs.
N. Maouche

