Par Amar Naït Messaoud
L’Algérie vient d’être frappée par un séisme de 5,6 degrés sur l’échelle ouverte de Richter. Le séisme qui a son épicentre au nord-est d’Alger, dans la mer, a été ressenti pratiquement dans tout le centre du pays, allant de Khemis Miliana à Tizi-Ouzou et Bouira. Si les pertes humaines sont limitées, moins d’une dizaines de morts, le vieux bâti d’Alger, principalement à Bologhine, Bab El Oued et Aïn Benian, a montré sa plus grande fragilité puisque des fissurations et des chutes de murs et de balcons ont été enregistrées. Les répliques peuvent achever certains pans de murs ou des immeubles entiers. Au cours des vingt dernières années, l’Algérie du nord a été affectée par plusieurs séismes dont les plus importants sont ceux d’Aïn Temouchent et Boumerdès. D’autres, de moindre importance, ont fait quand même des dégâts à Tamridjt, Beni Maouche, Tipaza et ailleurs. L’Algérie du nord est connue comme étant une zone située sur la ligne de fracture, là où s’exercent les plus grandes pressions entre la plaque tectonique africaine et la plaque européenne. Cependant, sur le plan de la médiatisation et de la vulgarisation, peu de choses a été fait, pour ne pas dire rien, et ce, malgré la récurrence des séismes depuis la catastrophe de Chlef en 1980 qui a fait des milliers de morts et de blessés. Les quelques consignes, données hier à la hâte sur les chaînes de télévision, ne sont pas en mesure de rassurer ou de convaincre; elles ont été données après coup, dans des moments de grande douleur et de panique où les gens n’écoutent que ces dernières. Hormis quelques interventions irrégulières, très éloignées dans le temps, le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG) de Bouzaréah fait dans le suivi et la recherche internes, qui ne serviront sans doute qu’à constituer des archives des séismes en Algérie. Il n’y a pas de pédagogie qui puisse atténuer la frayeur des citoyens, apaiser leur panique et leur indiquer la conduite à tenir dans de pareilles situations. L’on n’a même pas connaissance de prospectus signalétiques définissant les zones les plus fragiles de l’Algérie sur le plan des mouvements de la terre. L’ancien ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales avait fait état, il y a plus de cinq ans, de l’élaboration d’une carte des séismes de l’Algérie du nord. Où est-elle? Elle s’adresse à qui? Aux citoyens ou aux techniciens du bâtiment? Les services de l’aménagement du territoire l’utilisent-ils pour définir les grandes orientations en matière de construction (choix des sites)? Que sont devenues les promesses de Boubekeurs Benbouzid consistant à enseigner la géologie des séismes aux élèves de façon à leur donner une culture de la gestion des risques? La promesse a été faite en 2007 devant l’ambassadeur du Japon sollicité pour assister l’Algérie dans ce domaine. Trop de questions taraudent l’esprit des citoyens apeurés et hébétés devant des phénomènes naturels aggravés par la bêtise humaine. Le vide dans l’explication des phénomènes naturels est rapidement occupé la nature ayant horreur du vide, par des explications mystiques ou rocambolesques qui n’apportent aucune solution au problème.
L’Algérie est-elle prête à tirer la leçon des catastrophes naturelles qu’elle a subies ou qui la guettent? L’occupation urbanistique du nord du pays, occupation légale ou anarchique, est en augmentation exponentielle. Les régions côtières voient leurs forêts arrachées pour y implanter villas, immeubles, hôtels et chaumières, alors que tous les indices et connaissances géologiques militent pour l’investissement dans les nouveaux espaces des Hauts Plateaux et du Sud. Dans les différents projets d’habitations, d’équipements et d’infrastructures, la devise est de rester à l’écoute de la Terre.
A. N. M.