Les artisans exposent… leurs préoccupations

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Des artisans bijoutiers, rencontrés au niveau des différents stands des deux sites réquisitionnés pour la 11ème édition de la Fête du bijou, nous ont fait part de leurs principales préoccupations quant au devenir de ce métier ancestral qui célèbre le savoir- faire millénaire de nos artisans locaux. Les artisans se rejoignent sur la cherté des matières premières, à savoir l’argent ou la grenaille, et la rareté voire l’indisponibilité du corail sur le marché national depuis l’interdiction de sa pêche par les autorités algériennes. M. Sofiane Moali, artisan bijoutier originaire d’Ath Yenni qui a son atelier bijouterie au chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, venu exposer ses produits comme chaque année dans sa région natale, nous a parlé des problèmes de la profession. Il parlera notamment de la cherté des matières premières : « la cherté de la matière première et l’un des grands problèmes que rencontre l’artisan bijoutier. Actuellement, la loi de fiances prévoit que c’est AGERNOR, l’Agence Nationale pour la Distribution et la Transformation de l’or et des autres métaux précieux, qui détient le monopole de la vente de la matière première. L’argent (ou la grenaille, comme on dit en bijouterie), coûtait en moyenne 70 000 dinars. Six mois après cette loi de finances, il a atteint 90 000 dinars le kg. Quant au corail, comme sa pêche est interdite en Algérie, il atteint des prix record dans le marché informel, et même là il se fait rare ! Les artisans bijoutiers se sont donc rabattus sur la résine et les chutes de corail et même cette résine n’est pas donnée, elle coûte 40 000 dinars le kg… Le corail lui coûte plus de 200 000 dinars le kg vendu frauduleusement sur le marché parallèle…». M. Moali a voulu profiter de cette occasion pour lancer un appel aux responsables du secteur de l’artisanat : « Nous appelons à l’autorisation de la pêche du corail pour que ces prix ce stabilisent et que nous puissions vivre de notre commerce et perpétuer cet héritage millénaire ». Pour ce qui est de l’exonération d’impôts des artisans bijoutiers, il dira : « il faut que vous sachiez que ce ne sont pas tous les artisans bijoutiers qui peuvent prétendre à cette exonération d’impôts. Celle-ci concerne uniquement ceux ayant loué leur local durant 03 années et pris au moins deux stagiaires. Et un jeune artisan débutant dans le métier ne peut pas remplir ces conditions ! » M. Mokrane Kadi, artisan bijoutier également originaire d’Ath Yenni, qui a son atelier bijouterie au chef-lieu de la commune d’Ath Yenni, soulèvera pratiquement les mêmes préoccupations que les autres bijoutiers, à savoir la rareté et la cherté du corail et les prix exorbitant de l’argent : « le corail est pratiquement introuvable sur le marché. Il existe bien un marché informel, mais les prix pratiqués sont exorbitants. Pour l’heure, nous nous accrochons et nous nous débrouillons comme nous pouvons, en utilisant la résine et les chutes de corail, aux dépens de la qualité des bijoux. Nous n’avons pas le choix ». M. Kadi parlera également des difficultés rencontrées dans la commercialisation du bijou : « En ce qui concerne la commercialisation de nos produits, durant la saison estivale qui coïncide avec les fêtes et l’arrivée des émigrés et des quelques touristes de passage dans la région, il y a du travail pour tout le monde. Mais en hiver, la clientèle diminue et les ventes aussi. Rares sont les artisans qui survivent à cette période de vaches maigres… ».      

Karima Talis

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