…«Les clients ont peur» à Tizi-Ouzou

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L’épizootie de la fièvre aphteuse continue de causer des désagréments aux éleveurs de bêtes et aux différents bouchers de la wilaya. En effet, il suffit de faire un petit tour au centre-ville de Tizi-Ouzou pour constater ce malaise qui s’installe chez les bouchers. Dda Slimane, un boucher exerçant à la grande rue, a bien voulu répondre à nos questions, notamment celle liée à la rumeur qui circule dans la ville des Genêts et encore plus dans les différentes localités de la wilaya, afférant au bas prix de la viande rouge. Notre interlocuteur a salué l’attitude et l’assistance de l’Etat aux éleveurs. « C’est une très bonne initiative. L’Etat a promis, en fait, d’aider les agriculteurs et d’indemniser les propriétaires de bovins touchés par cette maladie virale », dira notre interlocuteur. Et d’ajouter : « Avec cela, les éleveurs pourront compenser leurs pertes ». Par ailleurs, il dira que les prix de la viande n’ont pas changé au contraire il a été sujet d’une sensible augmentation de 20 DA/le kilo. « La viande qui n’est pas touchée par cette maladie de la fièvre aphteuse se vend comme auparavant, c’est-à-dire, entre 750 et 780 DA/le kilo. Et avec les fêtes de mariage et les différentes cérémonies, le prix est revu à la hausse de 20 DA ». Parlant de la viande rouge atteinte de cette maladie, dite de 2ème choix, Dda Slimane affirme que cette viande est proposée entre 300 et 400 DA/le kg, et ce, pour plusieurs raisons. La première cause, selon toujours notre interlocuteur, réside dans la baisse de la demande sur la viande, ces derniers temps, notamment après l’annonce de la maladie. « Les clients ont peur. Ils ont raison, mais il faut que tout le monde sache qu’une fois la bête est abattue et congelée entre 48 à 72heure, le danger est éliminé », dira-t-il. La deuxième cause et comme tout le monde le sait, le marché est subordonné à la loi de l’offre et de la demande ! Il y a plus d’offre maintenant que de demande sur la viande rouge. « La conjoncture oblige. L’autorisation des services concernés stipule que l’abattage des bêtes ne doit pas dépasser un nombre de cinq à six bovins par jours, mais avec cette situation, disant exceptionnelle, les abattoirs de Mekla, Thala Athmane, Tamda et Draa Ben Khedda sont submergés », fera-t-il savoir. Et d’enchaîner : « Les propriétaires essayent à tout prix de liquider leur produit avec un prix inférieur à la normale. De même pour les bouchers, car la viande devait être achetée par les clients à temps alors qu’elle a déjà passé deux à trois jours dans la chambre froide ».

Le cri de détresse des bouchers !

Il faut dire que cette maladie virale et contagieuse a retenti durement et négativement sur l’activité. Primo, les bouchers que nous avons abordés à ce sujet, soulignent l’absence d’abattoirs sur le territoire communal de la ville de Tizi-Ouzou. Nos interlocuteurs avancent que celui de la collectivité a été fermé depuis près de deux ans au grand dam des commerçants de ce métier. « C’est aberrant de voire la capitale de la wilaya ne disposant plus d’un abattoir, ô combien vital pour l’activité», diront-ils unanimement. Ils ajoutent : « Il existe des abattoirs privés à Mekla, Thala Athmane, Tamda et Draa Ben Khedda et pour le plus proche est érigé à pas moins de 10 km du chef-lieu de la wilaya. Nous sommes confrontés à un problème de l’acheminement de la viande depuis ces structures précitées. Plusieurs actions musclées ont été entreprises en vue de l’ouvrir puisque la raison de sa fermeture était tout simplement l’insalubrité mais en vain. Aucune réponse favorable n’a été venue de suite et nous subissons maintenant les conséquences ». Néanmoins, nos interlocuteurs ont salué la disponibilité de l’Etat à leurs côtés. « L’Etat a mis à notre disposition, notamment avec la crise qui secoue le secteur, les chambres froides de Thala Athmane gratuitement », ajouteront-ils.  « Les bouchers de la ville de Tizi-Ouzou refusent d’acheter la viande dite de 2ème choix ou touchée par cette maladie virale », affirme l’un des bouchers rencontrés à la grande rue. Ce dernier reconnait les difficultés qu’ils endurent pour vendre cette viande pour le consommateur qu’il qualifie de connaisseur. « Les gens font très attention à leur santé. Comme dit l’adage kabyle : arkha demlaâyouv. Même s’ils savent qu’il n’y a pas de danger », dira-t-il en affirmant que certains, notamment ceux de la bourse maigre, l’achète. Notre interlocuteur indique que la demande a vu une atroce baisse ces derniers temps. « La fermeture des établissements scolaires, l’université ajouter à cela cette maladie, a fait que la demande est amoindrie », ajoutera notre interlocuteur. Ce dernier nous fera savoir que le malheur des uns fait le bonheur de certain. « Les propriétaires de certains usines de production du cachir et du pâté sont excités par les bas prix proposés de cette viande dite de 2ème choix », fera-t-il savoir. En outre, les bouchers ont rassuré les habitants de Tizi-Ouzou quant à la qualité de la viande rouge qui se vend dans les différentes boucheries. « La spéculation a atteint son paroxysme d’où la sensibilisation doit être de mise ces jours-ci », dira-t-il. Pour conclure, toute la viande a été contrôlée par les vétérinaires, a-t-on constaté.

A. G.

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