Noyades, la cote d’alerte !

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La liste des jeunes décédés par noyade à travers les différents étangs et retenues collinaires de la wilaya de Bouira ne cesse de s’allonger. Selon les chiffres de la Protection civile de la wilaya, pas moins de 15 cas de noyade ont été recensés, depuis le début la saison estivale. Autant dire que c’est une véritable hécatombe. Mais au-delà des chiffres, ce sont les raisons qui poussent ces jeunes à s’aventurer et, par la même occasion, risquer leur vie, juste pour une sensation de fraîcheur, qui méritent que l’on s’y intéresse de plus près. Tout d’abord, il y a le manque d’infrastructures de loisirs. Ainsi, et malgré le fait que chacune des daïras de la wilaya de Bouira disposent désormais d’une piscine semi olympique, ces structures restent malheureusement inaccessibles à la grande majorité des citoyens, notamment de la frange la plus défavorisée. Et pour cause, ces piscines n’offrent que des forfaits mensuels à 1200 DA/mois. L’accès à ces infrastructures est restreint aux sportifs et autres inscrits de longue date, ou à ceux qui ont une ordonnance délivrée par un médecin, leur indiquant de pratiquer la natation. Cet état de fait contribue, de facto, à ‘’ l’exclusion’’ des jeunes. Ce qui les pousse irrémédiablement à se tourner vers les retenues collinaires, gratuites et accessibles pour tous. Autre point à soulever, celui relatif à l’incompétence des autorités locales, notamment les APC, à organiser des excursions vers le littoral, dans le but d’offrir aux jeunes démunis l’opportunité de barboter dans l’eau fraîche de la Méditerranée. Aussi bien à Kadiria, Lakhdaria, Ain Bessam et même Bouira, pour ne citer que ces localités, les responsables communaux n’ont à aucun moment eu la présence d’esprit de prendre de telles initiatives. Cet « abandon » des responsables conduit les jeunes à prendre des initiatives, quelquefois dangereuse. Dans le même sillage, le transport est une problématique à part entière. Faute de moyens de transports plus au moins abordables, les jeunes préfèrent se tourner vers la facilité la wilaya de Bouira regorgeant de retenues collinaires, à l’image de celles de la forêt d’Errich, d’Ain Bessam ou encore du barrage de Koudiet Acerdoune. D’ailleurs, pas plus tard que dimanche dernier, un jeune de la localité de Djebahia s’est noyé au niveau de ce barrage. Certains préconisent de revenir au système des années 80, où des réductions étaient décidées, les week-ends, par la SNTF vers les destinations côtières. Mais tout ceci ne peut remplacer l’éducation des parents qui, il faut bien le reconnaître, font montre d’une certaine démission vis-à-vis de leur progéniture. Certains parents, peu soucieux de la vie de leurs enfants (et oui, ça existe !), les poussent carrément à aller se baigner dans les retenues d’eau. Où est donc l’autorité parentale ?  Les pouvoirs publics ne sont également pas étrangers à cette situation dramatique. Le manque de sensibilisation se fait grandement sentir. Hormis quelques rares émissions sur les ondes de la radio locale et autres campagnes éphémères, rien n’a été fait. Même l’aménagement de berges au barrage de Tilesdit, sis dans la commune de Bechloul, se fait toujours attendre. Ce projet, faut-il le rappeler, date de 2009.  Lors de sa dernière visite à Bouira, le ministre des Ressources en eau, M. Necib, avait ordonné l’aménagement de ces berges et la promotion des sports aquatiques. Cependant, et jusqu’à présent, ce projet reste au stade de vœu pieux.

Ramdane B.

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