Dans la wilaya de Tizi-Ouzou particulièrement, ce phénomène s’est répandu d’une manière très large. Les villages se vident à un rythme effréné engendrant des déchirements, des séparations et des effritements sociaux. Ils sont des jeunes garçons et de jeunes filles diplômés et non, de hauts cadres, des chercheurs, bref de toute les catégories qui n’hésitent pas à tenter le diable et à braver le danger pour se retrouver de l’autre côté de la grande bleue. Partir en France, en Espagne, au Canada, aux USA, en Afrique du Sud et vers d’autres destinations, l’essentiel est de partir d’ici. Un jeune adolescent nous disait il y a de cela 3 années : « Je préfère braver le danger de la mer que de vivoter dans ce bled. Ici, je n’ai ni poste de travail, ni logement et les horizons s’obscurcissent. Je dois tenter ma chance pour construire mon avenir. Les risques je n’ai pas peur d’en prendre». Quelques jours après, nous avons appris qu’il s’est rendu en Grèce, avant de rejoindre l’Eldorado Parisien clandestinement. Comme lui, ils sont des milliers à avoir abandonné leur pays pour se retrouver dans la capitale française. Certains ont bien évidemment payé de leur vie ce risque, d’autres ont connu les prisons grecques et d’autres plus chanceux ont réussi à rejoindre leur destination au prix de grandes souffrances. En France, ils font tous les boulots et jouent à cache-cache avec la police qui n’hésite pas à les renvoyer dans leur pays d’origine. Pour avoir les papiers, toutes les solutions sont bonnes. Toutes les astuces étaient bonnes pour vu qu’au bout ils auront leurs papiers. Combien de jeunes garçons avons-nous vu bras dessous bras dessus avec des femmes étrangères plus vielles que leurs mères ? Des liaisons forcées et insensées, mais qui peuvent se terminer par l’obtention des fameux papiers. Il est vrai que certains des émigrés clandestins réussissent et reviennent au pays avec une bonne situation, mais combien sont-ils ? Sans doute une poignée. À présent, des centaines de milliers de jeunes algériens sont éparpillés à travers les capitales du monde entier. Ils font toujours tous les sales boulots pour quelques euros. Ces bras forts et les cerveaux de l’Algérie ne retrouveront réellement ce qu’ils veulent que dans leurs propres pays et en milieu des leurs. Ni eux partis là-bas, ni leurs familles restées ici ne vivront dans la paix, le bonheur et la quiétude. Les familles vivent au son de cloche qui résonne de là-bas et eux ne vivent que pour pouvoir rentrer un jour dans leur pays avec en plus de quoi vivre tranquillement. Il urge de mettre les mécanismes efficients en vue d’arrêter ce fléau qui érode notre pays de ce qu’il a de meilleur… ses jeunes.
Hocine T.
