« La situation est maîtrisée ! »

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C’est un directeur des services agricoles (DSA) et une inspectrice principale des services vétérinaires  de la wilaya, sur la défensive, qui se sont présentés devant les médias locaux,hier, afin de faire le point sur la situation de la fièvre aphteuse à l’échelle de la wilaya de Bouira. 

En effet, ces deux responsables n’ont eu de cesse d’affirmer : « la situation est maîtrisée ». Pour rappel, les cas de fièvre aphteuse recensés sont de l’ordre de 465 cas répertoriés et abattus, selon le DSA de Bouira, M. Rachid Morsli. Ce dernier a entamé son intervention, en faisant un bref historique de l’épidémie de cette maladie dans la wilaya : «  Tout a commencé par les cas diagnostiqués  à Ain Türk et Taghzout. Par la suite, certains éleveurs peu scrupuleux ont pu déjouer les points de contrôle, en effectuant des transactions, alors que les marchés de bestiaux et les transports du bétail étaient interdits », a-t-il indiqué. M. Morsli affirmera par ailleurs que ses services avaient «  pris les devants en procédant à des campagnes de dépistages immédiates », dans le but de contenir la propagation de la maladie. « A l’heure actuelle, nous avons 21 sur 45 communes de la wilaya qui sont affectées par la maladie. Comparativement à d’autres wilayas de la région, Bouira est relativement épargnée », a-t-il tenu à rassurer.  Mais quand les deux responsables ont été confrontés à l’inévitable question de savoir, si cette épidémie aurait pu être évitée, grâce notamment à une plus grande vigilance des services de la DSA, c’est Mme Kerkoud qui prendra le relais et dira d’une manière assez virulente : «  Ecoutez, je tiens à remettre les pendules à l’heure : L’Etat et notamment la wali de Bouira ont fait leur travail. Dès l’apparition de cette maladie, le chef de l’exécutif de la wilaya s’est empressé de fournir de la chaux, pour décontaminer les foyers. Mieux encore, les produits désinfectants ont été mis à notre disposition dans les plus brefs délais », a-t-elle assuré. Toutefois, ces ‘’ assurances’’, faut-il le rappeler, sont en complète contradiction avec des témoignages de plusieurs éleveurs, qui affirment que ni les produits désinfectants, ni les vaccins ne leur ont été livrés à temps. A la question de savoir si la campagne de vaccination entamée aux mois de mars et avril derniers était efficace, Mme Kerkoud avouera à demi-mot que non.  Selon elle, il y a plusieurs facteurs qui peuvent être à l’origine de l’inefficacité des vaccins. «  Il y avait des vaches qui souffraient de problèmes immunitaires ou tuberculeux. En tous les cas, à notre niveau, nous avons fait le nécessaire pour vacciner un cheptel de 30 000 vaches », indiquera-t-elle. Cette affirmation, d’un vétérinaire en chef, fait face à d’autres affirmations de d’autres vétérinaires, exerçant dans le privé qui jurent eux par tous les sains que la vaccination du cheptel ne s’est pas faite dans les délais, à savoir au mois de mars, au lieu du mois d’octobre.  Ces voix ‘’ discordantes’’ ont fait réagir Mme Kerkoud : « Et ce sont des vétérinaires qui disent ça ? Non, c’est impensable ». Elle ajoutera : « Ceux qui disent cela ne font que répandre des rumeurs dénuées de tout fondement ». Interpellée à propos des indemnisations jugées dérisoires (15 DA l’injection) par les vétérinaires conventionnés, à qui l’Etat a donné des vaccins lors de précédentes campagnes de vaccination, l’intervenante a carrément appelé au «  sens patriotique »  de ces vétérinaires qui, selon elle, devaient faire ce travail « bénévolement ». Certains présents ont immédiatement crié à la démagogie. Pour sa part, M. Morsli reprendra la parole, pour indiquer que plus de 11 000 doses de vaccins ont été déjà inoculées, à travers toutes les zones touchées. « Je comprends les éleveurs mécontents, notamment ceux de Saharidj. Cependant, on se devait de procéder par ordre de priorité. D’abord les zones touchées puis les autres vont suivre inéluctablement », a-t-il certifié. Avant d’ajouter : «  Dans les prochains jours, nous aurons un autre quota de 11 000 doses qui va nous assurer la couverture de tout le cheptel bovin, lequel est estimé à 74 000 têtes, dont 44.000 vaches laitières ».  Enfin et sur la question des indemnisations des éleveurs touchés, M. Morsli notera : « L’indemnisation se situe à hauteur de 80% du coût réel de la bête atteinte de fièvre aphteuse », a-t-il indiqué en  précisant que l’indemnisation ne se fait que sur « les bêtes abattues par un vétérinaire ». Il affirmera ensuite que les 20% qui restent seront versés aux éleveurs par la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) après l’établissement, par ses services, des listes des éleveurs.          

Ramdane. B  

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