Solde migratoire négatif

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La wilaya de Bouira enregistre un solde migratoire négatif d’après les statistiques officielles établies par la wilaya. Entre le recensement de la population et de l’habitat (RGPH) effectué en 1987 et celui de 1998, les chiffres des flux migratoires établissent un départ de 27.151 personnes vers les autres parties du territoire national, tandis que l’arrivée de nouveaux habitants dans la wilaya, n’est que de 10.250 personnes, soit un solde de 16.901 dans le sens des départs.Les destinations privilégiées des habitants de Bouira sont : Alger (12.186 départs), M’sila (1.876), Tizi Ouzou (1.473), Blida (1.023), Béjaïa (983) et Médéa (578).Les nouveaux arrivants à la wilaya de Bouira sont issus des wilayas d’Alger (3.842), Médéa (3.124), Tizi Ouzou (2.027), Adrar (1.700), Béjaïa (1.000), M’sila (957), Boumerdès (953) et de l’étranger (717 personnes).A travers ces statistiques, qui demeurent lacunaires puisqu’elles ne prennent pas en compte les mouvements des populations de ces dernières années, il est loisible de se faire une idée générale du degré d’attractivité du territoire de Bouira et des facteurs à l’origine d’une centaine “désaffection” dont il fait l’objet. En effet, plusieurs données économiques, sociales et sécuritaires peuvent expliquer le choix ou l’obligation des citoyens de Bouira à aller s’établir ailleurs. La période considérée correspond à la montée du péril de l’ingrisme armé que a écumé les villages et l’arrière-pays montagneux. Même les villes n’ont pas pu échapper à cette saignée migratoire. Les habitants des zones rurales qui ont fui les exactions terroristes sur les massifs des Bibans, du Titteri et de Lakhdaria ont eu généralement pour première destination les villes chefs-lieux de daïra, ou le chef-lieu de wilaya. Après avoir mené une vie difficile, suite à l’abandon de leurs biens (terre, maison, cheptel vendu au rabais), ces nouveaux “exilés” pensent à s’établir dans les proches banlieues d’Alger (Réghaia, Gué de Constantine, Baraki, Les Eucalyptus) où ils s’adonnent à de petits métiers précaires. La ville de Sidi Aïssa, dans la wilaya de M’sila, située à 60 km au sud de la ville de Bouira, a, elle aussi, accueilli un grand nombre d’habitants de la wilaya de Bouira. Ville-comptoir connue à l’échelle nationale, pour ses marchés de véhicules, de bétail et d’électroménager, Sidi Aïssa s’incruste géographiquement dans la wilaya de Bouira. A sa périphérie immédiate, les communes de Dirah, Hadjra Zerga et Maâmora sont considérées comme des “satellites” de commerce et de main-d’œuvre.La wilaya de Tizi Ouzou, quant à elle, a constitué le “refuge” naturel des populations, qui en sont originaires. La wilaya de Bouira, abrite une forte communauté des Ouacifs, Ath R’gane, Draâ El Mizan,… Pendant la décennie d’instabilité et d’insécurité, de forts mouvements de populations ont été enregistrés dans la direction de Tizi Ouzou. De même, des contingents entiers d’ouvriers se rendent dans cette région à la recherche du travail, du moment qu’elle est qualifiée ici de “zone euro”. Concernant le flux vers Blida et Béjaïa, cela s’explique plutôt par une certaine réussite économique de ces deux wilayas, où sont implantées un grand nombre de PMI/PME, unités agroalimentaires et autres fabriques créatrices d’emplois. Sur le plan de la création d’emplois justement, la wilaya de Bouira enregistre un immense retard. Les unités industrielles se limitent au patrimoine hérité du secteur public des années 1980 (ENAD, ERCC). Le secteur touristique est à la stagnation malgré de fortes potentialités naturelles (Hammam Ksenna, Tikjda, patrimoine forestier d’environ 120.000 ha, vestiges historiques de l’ancienne Auzia,…). Le seul secteur qui commence à insuffler un certain espoir dans la région est celui de l’agriculture qui, avec les nouvelles infrastructures hydrauliques de grande importance réalisées, ou en voie d’achèvement, pourra générer une dynamique d’emploi par la diversification des cultures et les possibilités d’investissement dans l’agroalimentaire. Le solde migratoire ne pourra voir sa tendance s’inverser que par des efforts de repeuplement des campagnes dans le cadre d’une politique de développement local officiente, par la valorisation des potentialités existantes en matière de tourisme et d’artisanat, et surtout par une stratégie de développement de la petite et moyenne entreprise, auxquelles les nouvelles infrastructures routières (surtout l’autoroute Est-Ouest) apporteront un plus en matière d’intendance, d’approvisionnement et d’écoulement des marchandises.

Amar Naït Messaoud

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