Recueillement sur la tombe de Mohamed Haroun, àTifrit

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Comme à l'accoutumée, l'association Amgud programme aussi bien des hommages que des rencontres sur des personnalités du monde culturel et artistique.

Cette fois-ci, ses membres ont décidé d’aller se recueillir sur la tombe du grand militant de la cause berbère, feu Mohamed Haroun, décédé le 22 mai 1996, des suite d’une longue maladie contractée alors qu’il était emprisonné à la prison de Tazoult Lambèse de Batna à cause de l’affaire dite des  » poseurs de bombe », en janvier 1976, simultanément au siège du journal El Moudjahid et au tribunal militaire de Constantine. Il passa alors onze ans de détention avec ses compagnons dont Smaïl Medjber avec lequel il a milité depuis son adolescence. Il ne fut gracié qu’en 1987 à l’occasion du 25e anniversaire de l’indépendance, suite à des pressions populaires et d’organisations internationales.  » Nous avons décidé de se recueillir sur sa tombe à l’occasion du 20 août, cinquante-huitième anniversaire de la tenu du congrès de la Soummam », nous dira en premier lieu M. Karim Larbi, le président de l’association Amgud. En effet, c’est avant-hier vendredi, que la délégation formée de Karim Larbi, du secrétaire général de l’association, M. Yacine Belfadel, d’un autre compagnon de Mohamed Haroun, condamné comme lui, M. Ahcène Chérifi et d’un autre militant à savoir M. Addellah Hadjeb a pris la direction de Tifrit à Akbou (Béjaïa). Loin des caméras, la délégation fera tout d’abord une halte au domicile de la famille Haroun où elle a été accueillie par sa femme, ses deux filles et le président de l’association culturelle Tifrit.  » Nous avons remis en guise de récompense à ces deux filles, deux micro-ordinateurs portables, deux flash-disk et une imprimante sophistiquée. C’est pour les féliciter pour leurs bons résultats dans leur cursus scolaire d’autant plus qu’elles sont actuellement à l’université. Un tableau représentant l’ancienne ville de Draâ El-Mizan, dédicacé par le chanteur Akli D, a été aussi remis à la famille Haroun. Geste, d’ailleurs, qui a émus les présents « , nous dira M. Karim Larbi. Un autre membre de la délégation interviendra à son tour:  » En présence de toute sa petite famille, nous sommes revenus sur la vie de ce grand berbériste et grand chercheur ». De son côté le président de l’association culturelle de Tifrit brossera le portrait héroïque de Mohamed Haroun.  » Il fut un homme de culture, un défenseur des causes justes, un grand berbériste, un amoureux de tout ce qui est beau, un chercheur, un père de famille adorable. En somme, un homme complet au sens propre du terme », dira dans son intervention M. Larbi car c’est de lui qu’il s’agit. Peu avant midi, la délégation s’est rendue au cimetière de Tifrit où en plus de la lecture de la fatiha, il y eut le dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe de Haroun Mohammed.  » Pour nous, ce n’est qu’un petit geste que nous avons accompli « , conclura M. Karim Larbi. Rappelons que Mohamed Haroun est né à Tifrit, le 19 avril 1949. C’est au lycée technique de Dellys qu’il commença à militer pour la cause berbère en compagnie d’autres internes. Il créa en compagnie de son compagnon Smaïl Medjber deux revues: « Ittij », « Le Soleil », puis « Taflit » « Eclats lumineux » avant de lancer  » l’Organisation des forces berbères » et en même temps la revue « Athmathen », (les frères). Il fut arrêté le cinq janvier 1976 avec d’autres compagnons dans l’affaire des bombes déposées dans les locaux du journal El Moudjahid et du tribunal militaire de Constantine. Son groupe passa devant la cour suprême de l’Etat de Médéa. Il purgea onze ans de prison à la prison de Tazoult de Batna. Il a été libéré le 5 mars 1987. Il a beaucoup souffert dans la prison où il a subi des tortures atroces qui lui causeront de nombreuses maladies. Il a tiré sa révérence le 22 mai 1996 laissant derrière lui une veuve et deux filles en bas âge.

Amar Ouramdane

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