Une enclave en panne de développement

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La commune de Chemini, communément appelée par la population locale « Azru N’Chemini », est située à une soixantaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Elle culmine sur les hauteurs du mont Akfadou, dont la majeure partie des bourgs est perchée à plus de 800 mètres d’altitude.

Chemini tend ses tentacules sur un vaste territoire étendu. Elle est circonscrite par la commune de Souk Oufella à l’Est, de l’Akfadou au Nord, Ouzellaguen au Sud et la commune de Bouzeguène (faisant partie de la wilaya de Tizi-Ouzou) à l’Ouest. Nonobstant la spécificité rurale caractérisant cette contrée, les infrastructures de base manquent cruellement, pénalisant du fait des milliers de jeunes en quête de travail. Il faut rappeler que la population locale est l’une des plus touchées par le chômage, et ce, en raison de l’absence totale d’opportunités d’absorption du chômage endémique. L’élevage et le travail des champs qui constituaient, dans un passé récent, le gagne-pain des centaines de familles ne font plus la cote auprès des jeunes, tentés par un travail moins rigoureux et une vie citadine plus accueillante à leurs yeux. Censés être les promoteurs du développement local, les différents maires qui se sont succédés aux rênes de l’APC n’ont pas pu hisser et/ou trouver le moyen de haler la municipalité du goulot d’étranglement. Des lacunes béantes entachent la gestion de la municipalité qui en souffre à plus d’un titre. Il est à constater de visu l’état d’inertie et d’atonie dont souffre la région. En somme, les seuls projets qui se répètent tel un leitmotiv sont, entre autres, l’aménagement et le revêtement des pistes, bétonnage des chemins vicinaux, réfection des conduites d’eau, l’assainissement des eaux usées et la réfection des trottoirs. C’est dire que les travaux reviennent presque quotidiennement à cause du travail bâclé entrepris par différents promoteurs qui n’a rien apporté de concret si ce n’est des désagréments aux citoyens et du gaspillage d’argent. La gabegie ne fait qu’accentuer le sentiment d’une mise en banqueroute de l’assemblée populaire communale. L’innovation en termes de gestion et d’efficience n’est pas au menu. Si l’avant-campagne électorale est souvent agrémentée de belles promesses et épicée de volonté de désenclaver l’ensemble des villages, l’histoire est tout autre une fois gis sur le « trône ». Les édiles oublient illico presto ce qu’ils avaient promis auparavant. Les projets créateurs d’emploi, en l’occurrence les PME, ne sont guère implantés dans le territoire de la commune, contraignant ainsi des milliers de jeunes à parcourir des dizaines de kilomètres pour dénicher un emploi. Approché par nos soins, le P/APC corrobore la réalité des faits, mais il avoue qu’« avec une cagnotte émaciée, qui ne dépasse pas les trois milliards de centimes, rentrants dans le cadre des PCD, ne peuvent couvrir l’ensemble des besoins de la population ». Le territoire communal reste à la chaussée des programmes de développement économique. L’orographie de la localité ne regorge pas que des inconvénients, car sa position de trait d’union avec la wilaya de Tizi-Ouzou, limitrophe à quelques encablures, peut lui ouvrir des opportunités d’échanges sur plusieurs onts. Malencontreusement, les atouts latents et patents peuvent sortir la région de l’enclavement qu’elle endure depuis belle lurette. Des lacunes béantes figent la situation léthargique qu’endurent les Cheminois qui ne savent plus à quel saint se vouer. Pis, aucune industrie n’est implantée dans son périmètre qui semble être répugnant à toutes sortes d’investissements. Les raisons sont multiples, à en juger les propos d’un investisseur natif de la région ayant érigé sa petite entreprise dans l’enceinte de la zone industrielle d’Akbou. « Les routes menant vers la commune sont pratiquement toutes abruptes et exigües, ce qui ne facilite guère la tâche d’acheminement ou d’écoulement de nos produits », dira-t-il. Perchée sur des terrains accidentés et abrupts, la commune de Chemini ne dispose pas de réseaux routiers adéquats ou de lignes ferroviaires qui sont une condition sine qua non pour drainer les investisseurs, et par ricochet, absorber le chômage qui gangrène de plus en plus le quotidien des Cheminois. La frange de population la plus lésée par ce marasme est bel et bien les jeunes, notamment les diplômés qui sont légion. Résultat de la course, un exode rural massif est enregistré cette dernière décennie, vidant ainsi la région de ses « fruits ». En dépit des aides consenties au logement rural, dans le cadre du programme FONAL visant à l’ancrage de la population locale, l’hémorragie continue son petit bonhomme de chemin. « Je suis un diplômé frais émoulu, mais la situation qui prévaut dans la région ne présage pas d’un bon avenir pour moi. Les débouchées sont quasiment inexistantes, et toutes mes tentatives de décrocher un job restent lettre morte. Que dire de ceux ayant quatre ou cinq ans de chômage ? », s’indigne Salim, biologiste de formation. L’annihilation de cette matière grise ne fait qu’empirer le quotidien des jeunes chômeurs en quête d’un avenir meilleur.

Bachir Djaider

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