La rentrée scolaire, l’autre saignée

Partager

La saison estivale tire à sa fin. Paresseusement, le mois d’Août étale ses derniers jours avec des soubresauts  et des sautes d’humeurs typiques, qui lui font alterner chaleur excessive et humidité suffocante, gouttelettes de pluie insolites et brise froide imprévue. Ce sont là les prémices qui annoncent la venue d’un automne, symbole de la nature qui hiberne pour mieux renaître. Les poètes, plus sensibles que les autres savent apprécier le charme de ce passage d’une saison à une autre. Hélas, tout le monde n’est pas poète et tout le monde n’a pas l’âme aussi sensible que ces éternels rêveurs. Cela se comprend, car, pour la majorité des gens, les dures affaires du quotidien gâchent les plus belles des mélodies. En effet, pour un très grand nombre de citoyens, cette fin de saison annonce une rentrée sociale et surtout scolaire avec tout ce que cela suppose comme inquiétudes. La question qui taraude plus d’un est : comment y faire face ? Cette équation est douloureuse pour les familles démunies qui constituent la majorité du peuple algérien. Laminés par un mois de Ramadhan des plus chers, extenués par  les fêtes de mariages excessifs du début du mois d’août, la maigre bourse de cette classe, toujours aux abois, ne sait plus où donner de la tête pour faire face aux multiples dépenses du mois de septembre qui se rapproche de plus en plus. Mais en scrutant la société il nous apparaît évident que les soucis des uns ne sont pas forcément les soucis des autres. Ainsi, pour les parents d’enfants scolarisés, la problématique est des plus simples : où trouver l’argent nécessaire aux futurs achats scolaires qui vont du tablier obligatoire aux livres, en passant par le cartable, les cahiers et autres stylos.  Pour un simple employé qui a trois enfants scolarisés, la facture peut s’avérer des plus coûteuses, comme nous le dira ce père de famille qui a trois enfants dans les différents paliers scolaires : «  Je ne comprends pas qu’on exige tant de livres et de cahiers de nos enfants. Je pense que pour certaines matières, le livre scolaire ne devrait pas être une exigence. Par ailleurs, je n’arrive pas non plus à saisir pourquoi le port du tablier… en dehors de certaines matières comme la physique ou les sciences naturelles, le tablier n’a pas sa raison d’être. On justifie son port par la volonté de cacher les disparités sociales,  comme si le fait de cacher cette disparité éliminait  de facto cette dernière. Pour moi, c’est de la pure démagogie que nous payons rubis sur angle, puisque un simple tablier pour un enfant du premier palier, c’est-à-dire le primaire, est cédé au mieux, à 450 DA ». Autre catégorie autres soucis. Pour cet enseignant, le problème est autre : «  Je ne me sens pas prêt pour cette rentrée scolaire. La raison en est que nos vacances ont été gâchées. La jonction du mois de Ramadhan avec la saison estivale a rendu toute tentative de jouir de nos vacances vaine.  A peine le mois de jeûne fini, nous nous retrouvâmes pris dans le tourbillon des fêtes de mariages. Et quand on arrive à disposer d’un jour ou deux de libres, où partir pour se ressourcer, puisque toutes les plages sont prises d’assauts ? S’y rendre déjà est un calvaire, tant les embouteillages sont monstrueux, à l’aller et au retour. Ce sont toutes ces raisons qui font que l’on aborde la rentrée scolaire qui se profile avec lassitude et appréhensions ». Doute, scepticisme et crainte sont les mots qui reviennent dans les bouches des gens que nous avons abordés à ce sujet. Peut-être que le sentiment de malaise général qui se dégage est dû à notre incapacité de changer d’habitudes de consommation. « Peut-être que cela est aussi dû au fait que l’on ne sait gérer ni son temps, ni sa bourse. Personne ne nous oblige à nous ruiner dans des dépenses faramineuses lors des fêtes religieuses comme le Ramadhan ou l’Aïd  ni dans des cadeaux tous azimut lors des cérémonies de mariages, encore moins de répondre présent à chacune des multiples invitations que l’on reçoit quotidiennement », dira pour conclure un autre citoyen qui suivait assidument notre débat. 

A.S Amazigh

Partager