Comme chaque année, la rentrée scolaire constitue une véritable saignée pour les ménages. Les familles, notamment celles issues des couches sociales les plus défavorisées, vivent au rythme des achats et des dépenses, allant jusqu’à s’endetter pour satisfaire leurs enfants.
Il faut dire que les fournitures scolaires et autres habilles pour la circonstance ne sont pas donnés, loin de là. Un petit tour au niveau des magasins spécialisés suffit pour s’en convaincre.
8 000 DA en moyenne et par enfant !
En effet, les prix des cartables dits ‘’ bas de gamme’’ oscillent entre 1200 et 1600DA. Les cahiers sont cédés à pas moins de 30 DA l’unité et les stylos, crayons, taille-crayons, varient entre 25 et 70 DA/ la pièce. Ces prix sont pour les articles d’entrée de gamme. S’agissant des produits de marque, il faut compter le double, voire le triple de la somme. Ainsi, pour les cartables à l’effigie des héros de Marvel ,Spider-Man, X-men,&hellip,; le père de famille doit débourser pas moins de 2 000 DA. Idem pour les cartables et autres sac au dos floqués des images de ‘’Dora l’exploratrice’’ et autres Barbie, qui valent la ‘’modique’’ somme de 2700. Si on veut des cartables ‘’ bling-bling’’, à la gloire des Messi, Christiano Ronaldo et autres Naymar, les prix explosent littéralement et peuvent atteindre les 3500DA. Pour ce qui est des blouses, les prix sont relativement stables. Ils oscillent entre 800 et 1200 DA. Mais qu’en pensent les parents de ces prix ? Pour le savoir, nous avons interrogé quelques pères de familles rencontrés au niveau des papeteries et autres magasins spécialisés. Et bien, les avis sont mitigés. Certains jugent ces prix ‘’accessibles’’, tandis que d’autres les estiment prohibitifs. « Je suis père de 3 enfant, deux au primaire et mon aînée est en 2ème année moyenne. Je n’ai pas attendu la rentrée et la fameuse liste des fournitures pour entamer les achats. J’ai pris l’habitude (rire)’’, nous a déclaré M. Aouadj Hichem, un citoyen rencontré à proximité du quartier des 1 100 logements, situé en plein cœur du chef-lieu de la wilaya. Questionné à propos des prix, notre interlocuteur s’est dit ‘’ satisfait’’, puisque, selon lui, par rapport aux années précédentes, il y a une relative stabilité des prix. « Pour les deux qui sont au primaire, les cartables, les cahiers, les protège cahiers, les blouses et autres stylos, j’en ai eu pour 13.000 DA », a-t-il indiqué. Pour d’autres en revanche, les fournitures scolaires sont hors de prix. « Pour mon fils qui est en classe de terminale, j’ai déjà déboursé près de 7500 DA, sans compter les manuels scolaires. C’est cher ! Ils (commerçants, ndlr) veulent nous déplumer à tout prix. Mais que voulez-vous, on est pris en otage », fulminera Saïd, un père de deux enfants. S’agissant des manuels scolaires, notamment pour ceux des classes d’examens, les prix s’envolent carrément ! Selon les prix fixés par l’Etat, le ‘’ pack’’ des manuels des classes de 5ème frôle les 2500 DA, pour les classes de 4ème année moyenne (BEM), il faut compter pas moins de 2600 DA et 3000 dinars pour ceux des classes de terminale. C’est dire que le manuel scolaire reste relativement inaccessible pour les familles, qui ont plusieurs enfants scolarisés. Au bout du compte, si on fait une simple opération d’addition, on se rend très vite compte que le ’’ cartable’’ de nos enfants est trop cher ! Un cartable à 1500 DA, une blouse à 1200, l’ensemble des autres fournitures scolaires (trousse, cahiers, protèges cahiers, stylos etc.) a approximativement 2500 DA et des manuels à 2 600 voire 3 000 DA, la facture moyenne, par enfant, peut grimper jusqu’à 8 000 DA, voire 10 000 DA, si les parents se permettent quelques ‘’ extras’’ pour leurs rejetons.
L’informel au secours des petites bourses
Face à ces prix que certains jugent trop élevés, il existe une ‘’ solution’’, à savoir le marché informel, ou plus communément appelé le marché noir. Dans ces marchés illégaux, mais qui sont cependant encore tolérés par les autorités, les prix sont assez ‘’ cléments’’ par rapport à ceux affichés dans les papeteries. En effet, au niveau de la rue Aïssat Idir, du quartier des 1100 logements ou du côté du square de la ville, ces « commerçants » étalent, allégrement, cahiers, trousses, stylos et autres fournitures, au vu et au su de tous. Certains d’entre eux osent même « narguer » les marchands légaux en leur lançant : « Vous ne faites pas le poids ! Il vaut mieux pour vous que vous changiez de registre ! ». Cet « affront » agace plus d’un parmi les commerçants conventionnels. Certains se disent carrément « découragés » par la prolifération de ce qu’ils ont qualifié de parasites. Et pour cause, les articles proposés et qui, il faut bien le souligner, sont de piètre qualité et d’une provenance parfois douteuse, sont cédés à des prix défiant toute concurrence. En effet, et lors d’une virée aux abords de ces « places» de l’informel, nous avons remarqué que les prix sont inférieurs d’au moins 20 à 30% que ceux affichés chez les papeteries de la ville. Cet argument ne laisse pas indifférent le consommateur lambda, notamment en ces temps où le moindre sou économisé compte à la fin du mois. Certains pères de familles, rencontrés à proximité du quartier des 140 logements, avouent qu’ils préfèrent acheter les fournitures pour leurs progénitures chez le trabendiste du coin et économiser une centaine de dinars, au lieu de se faire ‘’déplumer’’ chez le buraliste. « J’ai acheté un cartable, cinq cahiers, une trousse et 2 blouses, pour seulement 2600 DA! Ces achats m’auraient coûté le double si je les avais faits chez un commerçant spécialisé », a noté Karim, père de deux enfants scolarisés. Parmi les articles les plus vendus en cette période de la rentrée scolaire, on citera l’incontournable blouse. Cet habit obligatoire coûte entre 800 et 1200 DA chez les commerçants légaux. En revanche, chez les petits vendeurs à la sauvette, son prix oscille entre 500 et 800DA, une différence de taille! Mais… Ces blouses au rabais sont complètement décousues, pleine de défauts de fabrication. Autres produits étalés sur les trottoirs et qui pourraient constituer un éventuel danger pour les enfants, ce sont les stylos à bille et à plume. Ils sont de piètre facture et facilement détachables, surtout les stylos à plume. Pour ce qui est des manuels scolaires, bon nombre de citoyens préfèrent se rabattre sur le petit marchand du coin qui propose des manuels usagers certes, mais bien conservés. Le tout pour une somme qui n’excède pas les 1000 DA.
Ramdane Bourahla