La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé, mardi dernier, un durcissement des mesures afin de « lutter efficacement » contre le phénomène du stationnement anarchique en milieu urbain.
Ainsi et selon M. Djilali Boudalia, commissaire-divisionnaire et directeur de la communication et des relations publiques à la DGSN, le phénomène des stationnements anarchiques s’est répandu ces derniers temps et se manifeste par le stationnement anarchique des véhicules sans respect de la distance de sécurité causant de grands désagréments aux usagers de la voie publique et paralysant le trafic routier. Par voie de conséquence, la même source souligne que « la loi sera appliquée dans toute sa rigueur et la police délivrera des procès à tous les contrevenants ». Au delà de cette annonce, laquelle est toute somme évidente, dans un État de droit qui se respecte, c’est la question du « choix » laissé aux automobilistes. Certes, la politique du « bâton » est parfois nécessaire afin de faire régner l’ordre, mais avant d’user de ce même bâton, il faudrait passer par « la carotte », c’est-à-dire, offrir aux automobilistes des espaces où stationner, sans qu’ils ne gênent personne. C’est là le « fond » du problème à vrai dire. Et en la matière, ces « précieux » espaces manquent cruellement. À Alger, Tizi-Ouzou, Béjaïa et surtout à Bouira, les places de parkings sont quasi-inexistantes. Les automobilistes sont contraints de tourner en rond pendant plusieurs minutes dans le but de « dénicher » une place.
Ça réprimande à tout va!
Dans la wilaya de Bouira, les agents de l’ordre n’ont pas attendu l’annonce publique de ces mesures afin de les appliquer sur le terrain. En effet, depuis quelques semaines déjà les « sabots » ont refait (en force) leur apparition sur les roues des véhicules mal garés. Ça « dégaine » à tout va! Les contraventions pour stationnement illicite battent des records. C’est ce que nous a confié une source au niveau du commissariat central de Bouira. En effet, les policiers dressent des procès à l’ensemble des contrevenants, sans qu’ils aient le temps de « se justifier ». C’est ce qui a été constaté au niveau du Boulevard Ainouche Hdjila, à proximité de l’ancienne gare routière de Bouira. Dès les premières heures de la matinée, certains véhicules stationnés en deuxième positions ou dans une place où le stationnement n’est pas autorisé pour une période prédéfini sont « scotchés » à leur place jusqu’à ce que leurs propriétaires s’acquittent de leurs amendes. « Je me suis garé pour aller chercher un paquet de cigarette et prendre un café. A mon retour, j’ai trouvé mon véhicule cloué ici. C’est injuste! », rouspétera cet automobiliste qui avait le malheur de stationner au mauvais côté de la chaussée. Un autre, croisé à proximité du siège de la daïra et qui selon lui a stationné afin de prendre rendez-vous chez le mécanicien d’en face, s’est vu réprimandé avec une amende de 2000 DA. « Partout c’est interdit! Il faut bien qu’on se gare quelque part! Qu’ils mettent en place des espaces de stationnement et par la suite, ils sanctionnent les véritables contrevenants », s’exclamera-t-il vert de rage. Un autre automobiliste, qui s’était garé à côté du siège de l’académie de Bouira dans le but d’après lui de se renseigner à propos des inscriptions de la rentrée scolaire, s’est vu infligé une amende pour le même motif, assorti d’un retrait de permis. « Je n’ai pas trop le choix ! Je vais m’acquitter de cette amende. Toutefois, ai-je eu le choix? Ai-je eu l’opportunité de trouver un endroit réglementé pour stationner et j’ai prémédité? », s’est-il interrogé. Avant de lancer un cinglant : « Désormais, le citoyen est réellement pris en otage. S’il ne se fait pas racketter par les pseudos gardiens de parkings, il se fait réprimander par la police ».
Les « parkingueurs » sont de retour
Il est vrai que dans de pareilles conditions, à savoir l’indisponibilité des places de parkings règlementés ou bien des espaces dédiés à cet effet, les « parkingueurs » reviennent à la charge et en force. C’est bien connu, la nature a horreur du vide. Pour le « combler », ces pseudos gardiens s’accaparent encore et toujours du moindre espace de libre et en font leur chasse gardée, en rackettant les automobilistes au su et au vu de tous. Cette activité a repris du poile de la bête, après s’être régressée suite à la mise en application du plan initié par le précédant gouvernement afin d’éradiquer ce fléau. Mais alors, quelles sont les raisons qui ont conduit à l’échec du fameux plan annoncé en grandes pompes? Et bien, les services de l’APC et ceux de la police se rejettent mutuellement la responsabilité. Pour l’APC, se sont les services de l’ordre qui n’ont pas fait correctement leur travail, lequel consiste à procéder à une enquête d’habilitation à propos des futurs gardiens de parkings, chose qui aurait, selon des sources de l’APC de Bouira, « tué dans l’œuf » la mise en place du plan d’attribution des parkings. Pour les services de l’ordre, c’est l’APC qui n’aurait pas fourni les dossiers des postulants à temps, ce qui a eu pour effet de « bloquer » le processus de l’enquête. Bref, cette cacophonie a joué à l’avantage des « gardiens » de parkings illicites. Ces derniers ont opéré un retour tonitruant. Du quartier de l’Ecotec à Draa El Bordj, en passant par la cité Ouest, les quartiers de la ville de Bouira offrent le même décor. Des racketteurs qui n’éprouvent pas le moindre scrupule à extorquer les automobilistes, des fois en usant de menaces. Ce fléau touche particulièrement les espaces à proximité des administrations publics, qui sont les plus sollicités par les automobilistes. Ces espaces, situés dans des cités ou des administrations publiques, devaient être destinés à des espaces verts ou des lieux de stationnements légaux pour les citoyens. Cependant et contre tout bon sens, ils ont fait l’objet d’une telle transformation que cela en a dérouté plus d’un. Les autorités concernées semblent faire preuve d’indifférence, ce qui a probablement encouragé les indus occupants de ces aires à se renforcer en faisant des adeptes, puisque d’autres candidats se sont distingués et n’ont pas hésité à créer d’autres parkings payants en plein jour. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire une petite virée dans la cité des 320 logements AADL, du centre-ville, pour s’en convaincre. Cette activité exercée par des jeunes et des moins jeunes, est devenue la source de subsistance numéro une pour la plupart d’entre eux, surtout dans une localité où le chômage et le manque d’opportunités d’emploi font défaut.
Parkings à étages, le projet en stand-by
Autre solution trouvée (sur le papier) par les pouvoirs publics afin d’éradiquer le stationnement sauvage tout comme les parkings illicites, est de construire des parkings à étages. Cette méthode, qui existe depuis plusieurs décennies sous d’autres cieux et en Algérie plus précisément dans la Capitale depuis les années 2000, a déjà fait ses preuves. Elle réduit de manière considérable ce problème. Toutefois, elle peine à se généraliser à cause, du moins ce qu’avancent les autorités, du manque d’assiettes foncières en milieu urbain. À Bouira, trois parkings à étage sont en projet. C’est du moins ce que nous a déclaré le wali de Bouira au mois de mars dernier. M. Maaskri s’est, en effet, exprimé sur le projet de création de parkings souterrains au niveau du la wilaya. « Nous avons l’ambition de construire trois parkings souterrains, afin de fluidifier le trafic et mettre fin à la crise de stationnement », avait-t-il annoncé. Poursuivant sur sa lancée, M. Maaskri indiquera également que: « Le projet est sous la direction de l’agence foncière de Bouira. Cette direction devra superviser les études de faisabilité mais aussi veiller au choix des entreprises solides à même de réaliser ce projet ambitieux». Cependant, depuis, c’est le silence radio. Ces projets sont en stand-by! La cause? Selon des sources dignes de foi, les assiettes de terrain prévues initialement ont été abandonnées, car jugées trop éloignées de la ville. Autant dire que ce n’est pas demain que la ville de Bouira aura des parkings à étages, à même de contenir le flux incessant d’automobilistes en mal de places de stationnement.
Ramdane Bourahla