«La mort d’Ebossé nous a servi de leçon»

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Tout en dénonçant avec fermeté les incidents vécus au stade du 1er Novembre de Tizi-Ouzou, il y a 15 jours de cela, avec leur corollaire le décès tragique du joueur camerounais de la JSK, le regretté Albert Ebossé, le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, est revenu, hier, à l’occasion du Forum du quotidien Liberté, sur les mesures prises par son département afin que, désormais, les stades (re) deviennent des lieux de réjouissance et de pratique sportive saine.

Deux semaines après cette tragédie et en attendant la reprise du championnat, qui, pour certains, reste tributaire des résultats de l’enquête et de mesures prises, Mohamed Tahmi s’est contenté d’énumérer les textes de loi appelés à être appliqués « scrupuleusement », pour endiguer définitivement ce fléau des stades. A ce propos, l’invité du Forum a fait savoir qu’au courant de cette semaine, une réunion avec le secrétaire général du gouvernement sera tenue afin d’anticiper sur l’application de ces lois et assurer une reprise du championnat sous des critères allant dans le sens de la désignation de la responsabilité individuelle ou collective lorsqu’un dérapage est constaté. Aussi, s’est il engagé plus que jamais à faire face fermement aux multiples dérapages constatés lors des compétitions sportives qui portent atteinte notamment au football national. Comme mesures prises par son département ministériel et qui s’apparente à une feuille de route, Mohamed Tahmi a indiqué que l’urgence aujourd’hui est d’activer la finalisation et la promulgation des textes d’application, notamment ceux relatifs aux comités de supporters, à la Commission nationale exécutive de prévention et de lutte contre la violence. Tout comme le fichier national des personnes interdites d’accès aux infrastructures sportives, l’installation de caméras de surveillance….

« Avant la fin de la saison, tous les stades seront dotés de cameras de surveillance »

Comme mesure de prévention prise par le ministère des Sports, il est également fait obligation aux clubs professionnels d’installer des systèmes de vidéosurveillance au niveau de tous les stades qui abritent les rencontres de football des Ligues professionnelles 1 et 2. A ce propos, le premier responsable du secteur des sports a reconnu la difficulté de s’y soumettre dans l’immédiat. C’est pourquoi, il a fait savoir que l’Etat s’est engagé à prendre en charge cette donne indispensable. « Un système de télésurveillance coûte environ quatre milliards de centimes et sachant que la plus part des clubs ne roulent pas sur l’or, l’Etat s’est engagé à prendre en charge le coût de cette installation », lequel système, selon Tahmi, sera directement relié à la salle de trafic de la DGSN. Outre la vidéosurveillance, les clubs ont été sommés de procéder à la désignation d’un responsable chargé de la sécurité. D’ailleurs, cette question a fait l’objet, selon Mohamed Tahmi, d’un communiqué officiel de la Ligue de football professionnel dans lequel elle demande à l’ensemble des clubs de ligue 1 et 2 de lui communiquer les coordonnées de leur responsable de la sécurité dans le stade sur lequel ils accueillent leurs adversaires et de les lui faire parvenir avant dimanche (ndlr, aujourd’hui). Et d’ajouter qu’il est clairement précisé dans ledit communiqué que « tout club qui n’aura pas désigné un responsable de la sécurité et qui n’aura pas transmis ses coordonnées avant la date indiquée s’exposera à des sanctions ».

« Les responsables de la mort d’Ebossé et pas seulement le lanceur de la pierre, seront sanctionnés »

Face à la gravité de la situation et l’urgence de mesures appropriées à la hauteur du danger et de la menace que représente la violence dans les stades, le ministre s’est dit pour des sanctions à la hauteur de ce fléau qui a transformé les stades de football en arène où il n’est plus possible de s’y rendre accompagné de ses proches. Mais ne voulant et ne pouvant pas se substituer aux prérogatives des autres, le ministre des Sports n’écarte nullement l’éventualité de sanction à l’égard des responsables de la mort d’Albert Ebossé à tous les échelons. «… et pas seulement l’auteur de l’acte », a-t-il précisé. Selon lui, si l’auteur de l’acte c’est celui qui a pris le bloc de béton pour le balancer dans la foule, la question est de savoir pourquoi il y avait des blocs de béton dans les gradins, et pourquoi la société chargée de faire des travaux au stade avant la reprise de la saison n’a telle pas fait un nettoyage ? Pourquoi la commission de suivi des stades a donné son feu vert alors que les travaux au stade du 1er Novembre ne sont pas achevés ? Pourquoi la police ne soumet-elle pas à la fouille au corps systématiquement tous les supporters avant leur entrée au stade ? Qui permet aussi à ces mêmes spectateurs d’introduire des fumigènes dans les stades alors qu’ils sont formellement interdits ? Selon le rapport d’expertise, il a été mentionné que les tribunes 7, 8 et 9 ont été ouvertes au public alors qu’elles sont restées fermées des mois durant. Alors la question est de savoir qui a donné l’ordre de procéder à leur ouverture ? Autant de questions qui correspondent à autant de responsabilités dans cette affaire douloureuse qui a non seulement plongé dans le deuil la famille de l’attaquant camerounais, mais également l’ensemble du peuple algérien.

Un fichier national des personnes interdites d’accès aux stades en cours d’élaboration

Autre mesure prise par les plus hautes autorités de l’Etat pour éradiquer le phénomène de la violence dans les stades est celle relative au fichier national des personnes interdites d’accès aux infrastructures sportives. Selon le ministre, cette décision est une pratique qui se fait dans les pays les plus développés, à l’image de l’Angleterre, la France et l’Italie. Tous les fauteurs de trouble seront fichés par la police et seront, donc, interdits d’accès aux stades. Et pour ce qui est du phénomène de canalisation des foules, M. Tahmi a indiqué que « les clubs ont été sommés d’ouvrir le dossier de la formation des stadiers en étroite collaboration avec la DGSN qui a exprimé sa disponibilité ». Enfin, toujours dans le sillage des dispositions prises par le ministère des Sports, au lendemain de la réunion interministérielle présidée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, il a été décidé que tous les clubs de football sont dans l’obligation de signer une convention d’utilisation des infrastructures avec les responsables des stades avant la reprise du championnat national. Une façon comme une autre de situer les responsabilités dès lors qu’un incident de la nature de celles qui a causé le décès d’un joueur suite à un jet de pierre survienne… « et même pour moins que ça », a clamé le ministre des Sports, Mohamed Tahmi qui a indiqué en marge du forum que « « La mort d’Ebossé nous a servi de leçon »

Ferhat Zafane

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