Une rentrée gâchée !

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Contrairement aux déclarations des officiels de la wilaya, notamment celles du directeur de l’Education par intérim, tout n’est pas prêt pour la rentrée scolaire 2014/2015.

Hier, premier jour de la rentrée des classes, les élèves comme leurs parents, ainsi que les enseignants de l’école primaire « Laham Mohamed », située au niveau du quartier de Ras Bouira, à 02 kilomètres du chef-lieu de la wilaya, ont vécu une rentrée des plus mouvementée. Et pour cause, cette école ressemble beaucoup plus à une bâtisse qui menace ruine qu’à un lieu de savoir. Lors de notre passage sur les lieux, certains parents d’élèves, par crainte pour la santé de leurs enfants, ont décidé carrément de laisser leurs enfants à la maison, en attendant d’entamer les démarches nécessaires en vue d’un transfert à un autre établissement plus décent. « Je refuse que mon enfant étudie dans de pareils conditions ! Je l’envoi pour s’instruire et non pour mourir », lâchera Mohamed, père d’un petit garçon de 6 ans, qui découvre, pour la première fois de sa vie, l’univers de l’école. Il est vrai comme première expérience, il y a beaucoup mieux. Déjà à proximité de cet établissement, les effluves qui émanent d’une décharge sauvage, située à proximité agressent les narines et donne des nausées. Les moustiques et autres bestioles prolifèrent en toute quiétude. Ils ont trouvé en ce lieu, un vivier inespéré. D’ailleurs, un rongeur s’est dangereusement approché d’un enfant, qui aurait pu être mordu par cette bestiole, si ce n’était la vigilance de son père. Ce dernier nous a déclaré : « Ce n’est pas une école, mais un dépotoir ! ». Avant de nous inviter à visiter l’intérieur de l’école en nous prédisant un cauchemar. Et le moins que l’on puisse dire, est que le cauchemar, c’est les élèves qui le vivent. Le directeur de l’établissement, fraîchement affecté à son poste, s’est dit « consterné et dépité » par l’état de l’école dont il a la charge. « J’ai interpellé le P/APC de Bouira, le DE et toutes les autorités concernées, mais rien à faire! Personne n’a daigné me répondre », a-t-il déploré. De son côté le président de l’association des parents d’élèves, qui faisait également office de surveillant général en l’absence de ce dernier, nous a proposé de faire un petit tour « en enfer ». Chose que nous avons accepté volontiers. Notre première halte était au niveau des sanitaires ou ce qui est supposé être. Tout n’était qu’insalubrité vétusté et odeurs fétides. « Seule une toilette sur les quatre fonctionne. C’est un endroit où on peut facilement attraper des maladies. Où est l’hygiène ? Comment voudriez-vous qu’on enseigne l’hygiène à nos enfants, alors qu’ils étudient dans l’insalubrité la plus totale », s’est-il interrogé. Un peu plus loin, ce sont les salles de classe qui menacent ruine. Les murs y sont décrépis, le plafond est à deux doigts de s’effondrer, les files électriques pendouillent de partout. Bref, cela ressemble à tout, sauf à une salle de classe. « Sur dix classes, nous avons fermé quatre. On a jugé que nos enfants courraient un trop grand risque à l’intérieur », dira notre guide, qui ne pouvait plus retenir sa colère. « Où sont les responsables ? Que font le maire et le directeur de l’éducation ? Rien ! Ils se contentent de faire des déclarations mensongères à la presse ! Ils trompent l’opinion publique », a-t-il asséné. Dans la foulée, le président de l’association des parents d’élèves nous fera visiter un minuscule périmètre, qu’il nous a présenté comme étant la cours. « Durant la recréation, ce ne sont pas moins de 150 élèves qui s’agglutinent ici. Il n’y a même pas de la place pour mettre un pied devant l’autre. J’appelle cela, une cour de prison et non une cour de récréation », s’est-il scandalisé. Au même moment, une enseignante qui faisait tant bien que mal son travail, nous a invités à constater de visu les conditions, qu’elle juge lamentables, dans lesquelles elle s’efforce d’accomplir sa mission. Les murs de cette salle de classes étaient fissurés de partout. L’eau y ruisselait, à cause de problème d’étanchéité. Pire encore, des files électriques jonchaient littéralement le sol. « Qu’attendent les autorités pour intervenir ? Peut-être un accident tragique ? J’ai peur pour mes élèves. Je suis en quelque sorte leur seconde maman », dira-t-elle. Devant ce tableau noir, nos différents interlocuteurs s’accordent unanimement à interpeller les autorités face au « danger imminent » qui plane sur les élèves.

Ramdane B.

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