Le frère et le cousin racontent

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Combien étaient ses assassins ? Plusieurs, comme pensent son frère Ali et son cousin Madjid, rencontrés hier à la morgue où se trouve le corps du jeune chanteur pour les besoins d’une autopsie

Ou bien n’étaient-ils que deux, ou peut être même qu’un ? Et pourquoi l’avoir lardé de trente-cinq coups de couteaux, selon de nos sources ? Pourquoi ce déchaînement de haine et de violence ?L’enquête ouverte, dans la soirée de vendredi dernier, chez la victime, à Ahl Ksar, une localité sise à une vingtaine de kilomètres au Sud-Est de Bouira, permettra de répondre de façon claire et précise à toutes ces questions.

Que s’est-il passé vendredi soir?

Vendredi dernier à 21h30, toute la famille Hamichi était réunie dans la cour du domicile de Ali, l’un des huit frères et sœurs du défunt, pour passer une soirée en famille. On riait, on plaisantait. Mourad, dit Lili, le chanteur qui fait son bonhomme de chemin avec beaucoup de réussite, était heureux. Le dimanche dernier, il avait chanté à la fête de deux frères qui se mariaient, et dans dix jours, il sortira son prochain album. Et quand Lili est heureux, il s’arrange toujours pour que cela se sache. Sa gentillesse ne connaît pas alors de limite. A ce moment-là son portable sonne. Lili se lève et s’isole dans un coin de la cour pour répondre. Quand il revient, il fait savoir aux autres qu’il doit rentrer. Il prend congé alors de ses frères et sœurs. Ces derniers ne tardent pas à se quitter. Car, certains d’entres eux se lèvent tôt pour aller au travail. Il ne devait pas être loin de 23 heures. Lili est venu à cette soirée familiale en voiture. Sa villa est à un kilomètre de là. Il a pour voisin le plus jeune de ses frères. Quand celui-ci rentre un peu plus tard, il s’aperçoit qu’il ne pourra jamais trouver le sommeil avec tout le boucan que fait son frère à côté avec « ses invités », car, pour qu’il suppose qu’il ait reçu des amis, il fallait bien qu’en les quittant Lili ait parlé d’eux. Qu’à cela ne tienne, le jeune frère ressort et va tambouriner à la porte de son frère en criant à travers le panneau que, lui et ses hôtes l’empêchent décidément de dormir. Il a besoin de se reposer pour être en forme le lendemain pour son travail. Le boucan cesse aussitôt. Le benjamin, qui croyait avoir fait entendre raison à ce qu’il continuait à considérer comme une bande de fêtards, retourne chez lui et, se mettant au lit, s’enfonce tout de suite dans un sommeil profond. Il en est tiré une heure plus tard. Il était minuit et le bruit reprend de plus belle. Là il sent qu’il se passe quelque chose, car les cris et le bruit sont amplifiés à l’infini. Il court chez son frère. La porte d’entrée était ouverte. Mais le silence à l’intérieur est complet. Le bruit et les cris ont cessé. Il suit le couloir et arrive devant la salle de bain où le corps de Lili, déchiré de coups de couteau à la gorge et au niveau des deux épaules, gît dans une marre de sang. Il pense que ses assassins l’ont traîné jusque-là. Mais dans quel but ? Ali, lui dormait, lorsque la nièce envoyé par son frère aîné qui a appris ce qui s’était passé par le plus jeune, a voulu l’informer. Ainsi, avant de se rendre sur les lieux du drame, sa femme qui a été mise au courant avant lui sanglotait et la nièce n’a eu qu’un cri : « Ils ont tué mon oncle Lili ». Ali nous a avoué qu’il croyait en train de faire un cauchemar. Mais les lamentations de sa femme et de sa nièce lui vrillaient trop le tympan pour que la réalité ne lui apparaisse pas dans toute son horreur. Il courut vite avertir les gendarmes qui arrivèrent peu après sur les lieux du drame. Ils établirent aussitôt un périmètre pour empêcher que l’on touche à quoi que ce soit avant l’arrivée de la police scientifique. Celle-ci arriva peu après et l’enquête commença. Madjid, le cousin de la victime qui est inspecteur de police, était là aussi. Il était, hier, à la morgue, mais à part sa conviction que les auteurs de cet odieux crimes seront démasqués et arrêtés, il n’a rien pu nous dire de plus que son cousin Ali. L’enterrement de Lili a eu lieu avant-hier. Sa disparition a bouleversé tous les artistes qui n’ont cessé d’appeler de partout, même de France pour exprimer leur douleur et leur sympathie à sa famille. C’est une voix pleine de promesse que les assassins ont fait taire pour toujours.

Aziz B.

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