« Algérie Télécom à l’épreuve de la concurrence »

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La ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication, Mme Zohra Derdouri, a décidé de bousculer l’ordre établi dans son secteur. Et pour cause, elle s’ « attaque » au sacro-saint monopole d’Algérie Télécom. « Actuellement, il n’existe en Algérie qu’un seul opérateur de téléphonie fixe, en l’occurrence Algérie Télécom (AT). Nous voulons créer de réelles conditions de concurrence en installant un ou plusieurs autres opérateurs pour le fixe », dira Mme Derdouri lors d’une conférence regroupant les différents directeurs des opérations techniques (DOT) du pays. Ce n’est pas une réévaluation, mais ça y ressemble fortement. Certains diront que ce n’est pas trop tôt ! En effet, l’opérateur historique bénéficie, notamment dans le créneau des services de téléphonie fixe et des services ADSL, de beaucoup (trop) de largesses.

Les abonnés « otages »du monopole

Il est pour ainsi dire l’Alpha et l’Omega de ces deux services. Cet état de fait se fait dans le plus souvent des cas au détriment des clients. Ces derniers n’hésitent pas à se considérer comme « otages » d’AT. Et pour le coup, ce mot d’otage n’est guère galvaudé ou exagéré. Pour la simple raison que les abonnés n’ont nullement le choix. D’ailleurs, le slogan publicitaire de cette entreprise publique fait gausser plus d’un : « Algérie Télécom, le meilleur choix (sic) ». A en croire ce slogan, les abonnés ont l’embarras du choix ! Mais dans les faits, c’est loin d’être le cas. A Bouira, comme ailleurs, les clients d’AT se plaignent de la piètre qualité des sévices « offerts », et pour couronner le tout avec une qualité d’accueil qui frise le mépris. Ainsi, il a été constaté dans plusieurs communes de la wilaya de Bouira que des installations téléphoniques pour le moins désuètes, à l’exemple des communes de Kadiria, Aïn Bessam et El Hachimia, pour ne citer que celles-ci. D’ailleurs, bon nombre d’abonnés se disent exaspérés par la lenteur des services d’Algérie Télécom dans la mise à niveau des structures. À Kadiria, les abonnés au réseau fixe et ADSL éprouvent les pires difficultés pour émettre le moindre appel ou bien se connecter à Internet, tant le réseau téléphonique est en piteux état. En effet, il n’est pas rare de constater des câbles téléphoniques qui pendouillent, carrément rapiécés à certains endroits. Pire encore, certains abonnés accusent les services d’AT du manque total de professionnalisme. « Quand le service technique d’Algérie Télécom opère des rénovations ou même une simple réparation des câbles, ils font preuve d’un amateurisme ahurissant », dira Ahmed, résidant de la cité des 1 203 logements, avant d’ajouter : « Imaginez-vous qu’ils (services techniques, ndlr) réparent le câble défectueux avec du chatterton au lieu de procéder à son remplacement en bonne et due forme ». Outre la vétusté des installations, et par voie de ricochet, c’est les prestations des services qui en pâtissent. Ces dernières semaines, le débit ADSL est fortement perturbé. Afin de constater l’ampleur des dégâts, un test a été effectué par un informaticien chevronné à l’aide d’un «speed test», un outil servant à jauger la fluidité de la bande passante. Les résultats sont sans appel : Pour une connexion à 2Mo, le taux de réception des données devrait en principe avoisiner les 215 à 256 kb/s, et celui d’émission devrait osciller entre les 60 à 90 kb/s. Or, ce test révèlera que les taux de réception/émission sont nettement inférieurs ! 50 à 60% des taux normaux. Par ailleurs, ce test, que tout un chacun peut effectuer, a été réalisé sur les trois offres commerciales d’Algérie Télécom et avec toujours les mêmes résultats.

Gare au scénario « LACOM » !

Cependant, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Et surtout appendre des erreurs commises par le passé. Dans le cas échéant, on parle de ce qui convient d’appeler l’escroquerie « LACOM ». C’est le nom commercial du premier concourant d’Algérie Télécom. Un Consortium algérien de télécommunications (CAT), premier opérateur privé de la téléphonie fixe en Algérie. C’était déjà en 2006. Une sorte de holding algéro-égyptien, chapeautée par l’ex n°1 d’Orascom Télécom Algérie (OTA), M. Naguib Sawiris. Ce monsieur déclarait à l’époque que « Lacom est fin prêt pour fournir aux Algériens des services de téléphonie fixe d’une qualité irréprochable ». Toutefois et après une activité balbutiante de deux ans seulement, cette entreprise finira par mettre la clé sous le paillasson. Et pour cause, n’ayant pas dépassé le cap des 20 000 abonnés depuis son entrée sur le marché algérien (2006-2008), Lacom n’a cessé de revendiquer à l’ARPT le dégroupage. Ses responsables avaient carrément accusé l’ARPT d’être derrière sa faillite en affirmant qu’ils avaient enregistré une perte de 42 millions de dollars durant l’année 2006 et qu’ils ne pouvaient pas continuer à investir davantage en Algérie. Mais pour certains experts, «Lacom avait les yeux plus gros que le ventre ». Explications : le Consortium algérien de télécommunications (CAT) n’avait pas « les reins solides » devant le rouleau compresseur d’Algérie Télécom, lequel disposait déjà d’une infrastructure de base non négligeable. Il s’est vite rendu compte qu’il ne faisait pas le poids devant AT. Alors, il a décidé de jouer les victimes, en criant « au loup » à la moindre occasion. Cette mauvaise expérience de Lacom devait inciter les autorités à redoubler de vigilances au moment d’octroyer une licence fixe voire internet, à un opérateur étranger ou local.

Ramdane B.

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