La circulation routière en débat

Partager

Il y avait peu de monde, hier, à la maison de la culture de Bouira où se tenait la rencontre régionale organisée par l’Union générale des commerçants et des artisans (UGCAA) en collaboration avec la Fédération nationale des auto-écoles autour du rôle joué par ces établissements privés dans la formation des jeunes conducteurs. Ont assisté à cette conférence-débat les représentants des deux catégories professionnelles venues de 11 wilayas. Une réunion similaire se tenait à Mascara. Le secrétaire général national de l’UGAA, qui a pris le premier la parole, a souligné les efforts faits par son association ainsi que ceux du ministère du Transport pour faire face à ce qu’il appelle le terrorisme de la route. S’il s’est retenu d’adresser des reproches directs aux auto-écoles, généralement pointées du doigt, il exhorta ces dernières à rendre leurs méthodes plus performantes pour une meilleure formation et une meilleure responsabilisation des conducteurs au volant. La représente du directeur des transports de la wilaya de Bouira, qui qualifiera de tragédie ce qui se passe quotidiennement sur nos routes, prônera, quant à elle, la continuité des efforts et la répartition des responsabilités de la formation et l’éducation entre les parents des jeunes conducteurs et les auto-écoles, en y associant les psychologues. Le chargé de communication de la protection civile, infligeant, sans le vouloir, un démenti cinglant aux propos du SG de l’UGCAA, selon lequel le changement sur les routes est palpable, s’appuyant sur des chiffres indiscutables, a fait remarquer qu’au contraire la mortalité sur les routes, en particulier la RN5, est en augmentation depuis 2003. Il y aurait, en moyenne, selon les bilans dressés par ses soins, 40 accidents par mois, soit une progression de 40 à 50% chaque année, et ce depuis 2003. Mais l’évolution est plus sensible annuellement. Ainsi, entre 2003 et 2013, le nombre d’accidents est allé croissant passant de 789 à 1 800. Le bilan de cette année 2014, arrêté au 31 août, fait état de 1 553 accidents, selon notre conférencier. Considérant que la circulation routière, et la situation actuelle qui en découle, est l’affaire de tous, il invitera tout le monde à s’impliquer pour lutter ensemble contre ce terrible fléau.

Un débat qui fait lever le voile sur certaines choses

Autant les officiers sont restés timides et réservés dans leurs attaques, mettant tout sur la route qui tue, autant, les débatteurs, tous des responsables d’auto-écoles, ont été critiques à l’égard des autres acteurs de la circulation routière. Pour ce représentant de Sétif, il est facile de tout mettre sur le dos des autos-écoles, lorsque la responsabilité est ailleurs. Et d’incriminer l’état des routes avec des ralentisseurs qui sont souvent à l’origine de drames sanglants. « Mettez-moi sur une de ces routes équipées de dos d’âne, et malgré mon expérience, et tout en roulant à 60 km par heure, il y a de gros risques que je me tue au volant », tonnera-t-il. Celui d’Alger, qui a avancé le chiffre de 4 500 morts par an, nous mettra à égalité avec la France, alors que le troisième intervenant voulait que la formation des futurs conducteurs commence à l’école primaire et se poursuive jusqu’à la dernière année du CEM, sanctionnée par un certificat qui serait exigé lors du dépôt de dossier pour le permis de conduire. Ce projet était en discussion avec l’ancien ministre de l’Education, selon le conférencier, qui n’est autre que le président de la Fédération des auto-écoles. Il était question que l’on remplace l’instruction religieuse par cette initiation. Il y a eu forcément blocage, aux dires du même intervenant qui avança le chiffre de 30 000 moniteurs employés par les établissements privés à l’échelle nationale. Cet autre intervenant, de Mostaganem, souhaite lui que l’on fasse comme en France : délivrer le permis à 16 ans, mais à condition que le jeune chauffeur soit assisté par un parent pendant le déplacement. Et de s’insurger de la brièveté de la formation limitée à 45 jours qu’il juge trop insuffisante. Le représentant de Tipaza a profité du débat pour exprimer son étonnement quant au fait que des permis pour la conduite des poids lourds soient délivrés à des jeunes de 23 ans sans que ceux-ci aient obtenu le permis pour le léger ! Il est impossible de donner ici la parole à tous les intervenants dans ce débat. Ce qui est certain, c’est que la parole se libère de plus en plus sur ce sujet, et que, ainsi que l’a fait remarqué l’officier de gendarmerie au début de cette rencontre, le rôle de l’auto-école reste celui d’une école où le futur chauffeur apprend à se comporter au volant, comme partout, en homme parfaitement intégré dans la société.

Aziz B.

Partager