Plus qu’un constat, c’est même une évidence que le secteur des transports en Algérie accuse des retards énormes et les nombreux plans de réajustements opérés n’ont pas eu l’effet escompté jusque-là.
Que ce soit au niveau aérien, maritime ou terrestre, la régression est telle que les citoyens en payent les frais sans rechigner, car ils sont habitués à ne pas trouver de place dans un avion ou quand ils la trouvent, son prix dépasse tout entendement. Sans parler du transport terrestre, parent pauvre du secteur lequel malgré l’avancement du privé prendre un bus à l’heure indiquée, relève de l’impossible. Conscient de la gravité de la situation et engagé à entreprendre des réformes dans tous les secteurs de la vie économique du pays, le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes en consacrant toute l’attention voulue à ce secteur, dès lors qu’il s’agit d’un des vecteurs du progrès économique. Le ministre des Transports, Amar Ghoul, est revenu, hier, à l’occasion de sa présence au forum du quotidien Liberté sur les difficultés et les grandes mesures engagées pour sauver ce secteur et lui impulser une nouvelle dynamique. Concernant le volet aérien de son secteur, le premier responsable du secteur des transports s’est attardé sur l’état de déliquescence de la compagnie Air Algérie, tout en insistant qu’il n’allait jamais admettre qu’on la dénigre. « Je refuse de dénigrer et dénaturer l’image d’Air Algérie ou être entraîné par cette volonté de casser la compagnie nationale », a-t-il indiqué avant d’aller dans les détails concernant l’audit qui est en train de se faire pour mieux cerner les problèmes qui la minent. A cet effet, Amar Ghoul a affirmé : « Nous avons chargé l’inspection générale du transport à faire la lumière sur toute la compagnie par l’examen de tous les axes de gestion, de management, de l’encadrement, des ressources humaines et du recrutement, les prestations et les services d’Air Algérie et enfin l’organisation et le fonctionnement de l’entreprise. Autrement dit, il s’agit d’une auscultation qui revoit de fond en comble le fonctionnement de l’entreprise pour sortir en urgence avec un programme de mise à niveau et de développement de la compagnie dans le cadre d’une vision futuriste. Nous allons travailler pour une bonne répartition de la flotte et améliorer la prestation du service avec la réception de 16 avions ». Et au ministre de réfuter l’idée selon laquelle la compagnie serait en train d’être contrôlée par l’Etat. « Nous n’avons pas convoqué cet audit pour couper des têtes », a-t-il martelé avant de préciser : « Nous voulons réellement faire un travail de fond pour engager une réforme à tous les niveaux de la compagnie. Ce sont les instructions du président de la République et du Premier ministre. Les résultats seront transmis au Premier ministre et des décisions seront prises au sein du gouvernement. Certes, des audits ont été menés par le passé sans pour autant déboucher vers un changement, mais cette fois-ci, nous allons faire un travail radical, croyez-moi, tout ce qui bloque changera et tout ce qui freine au niveau de l’entreprise cessera, car nous voulons changer totalement de cap. Air Algérie est lourde avec presque 10.000 employés, il y a beaucoup de pléthore et de problèmes d’organisation. Nous voulons changer cette image et hisser la compagnie à un niveau de professionnel. Ce qui nécessite évidemment des formations à tous les niveaux. Des mesures coercitives seront, certainement, prises et des mesures incitatives pour les cadres qui font convenablement leur travail ».
« Je refuse de dénigrer et dénaturer l’image d’Air Algérie »
«Durant les cinq prochaines années, le train sera le moyen de transport par excellence en Algérie », a fait savoir Amar Ghoul en évoquant les efforts de l’Etat à démocratiser le rail aussi bien pour les voyageurs que pour le transport des marchandises. « Les priorités du gouvernement sont la modernisation du secteur et sa réorientation à travers le développement des chemins de fer», a déclaré le ministre du secteur à une question sur l’état moribond du transport via le rail. Et d’aller dans le détail pour mettre en valeur la détermination des pouvoirs publics à redorer le blason de ce moyen de transport. « La feuille de route du gouvernement pour le prochain quinquennat (2015-2019), dans le secteur des transports, est fondée sur «la continuité» des efforts consentis et la valorisation des réalisations achevées, mais surtout l’extension du réseau ferroviaire aux autres régions du pays », a encore dit le ministre. Et d’assurer : «Nous allons continuer la réalisation de ce qui se fait actuellement au niveau du nord du pays et nous allons donner un effort supplémentaire et important pour la modernisation et la réalisation de nouvelles lignes modernes et électrifiées dans les régions des Hauts-Plateaux et le sud du pays». Pour Amar Ghoul, il s’agit d’œuvrer dans l’objectif de « créer un maillage et une harmonie avec un transport intermodal: ports, aéroports vers toutes les régions du pays, notamment où sont implantées les zones d’activités afin de booster le développement économique du pays». La poursuite du dédoublement des voies ferrées sur l’ensemble de la rocade nord, l’électrification progressive de l’ensemble du réseau, la réalisation de nouvelles gares ainsi que l’engagement de nouvelles opérations d’extension et la réalisation de nouvelles lignes de métro, tramway et télécabine figurent également dans le plan d’action du gouvernement. « Une fois la modernisation des chamins de fer faite, on s’attaquera au projet de TGV » déclare le ministre qui a fait état de trois TGv qui seront réalisé en premier temps, notamment Annaba- Oran. Aussi, les autorités envisagent de poursuivre l’extension du réseau routier par la réalisation de l’autoroute des Hauts-Plateaux, l’achèvement des travaux des pénétrantes autoroutières, le lancement de sept (07) autres liaisons sur un linéaire de 663 km et le désenclavement des territoires par 2 000 km de liaisons neuves dans le Sud et les Hauts-Plateaux. Dans le domaine maritime, il est prévu la réception du terminal de transbordement de Djen Djen, le lancement de quatre (04) nouvelles gares maritimes, la réalisation de ports en eau profonde et le renforcement du pavillon national par l’acquisition de navires pour le transport de personnes et de marchandises.
27 gros navires viendront enrichir la flotte maritime
Pour ce qui est du volet maritime, le ministre des Transports ne nourrit pas de crainte de voir ce volet atteindre des proportions qui feront de l’Algérie un des acteurs majeurs dans le bassin méditerranéen. Même s’il reconnaît que ce secteur a de tout temps été à la traîne, aussi bien pour l’aspect marchandise que pour celui des voyageurs, Amar Ghoul n’a pas hésité à affirmer qu’il est prévu l’acquisition de pas moins de 27 navires qui viendront hisser le pavillon national au rang des grands pays émergents dans ce domaine. La réparation navale, le transport maritime urbain, les bateaux-mouches, sont autant de nouveautés dans le paysage maritime des wilayas côtières du pays. Concernant la navette maritime nouvellement réceptionnée, Amar Ghoul s’est dit très satisfait. Raison pour laquelle, a-t-il indiqué « d’autres régions côtières du pays bénéficieront de ce mode de transport, à l’image de Boumerdès, Tipasa, Oran… ».
Ferhat Zafane

