Le logement a, de tout temps, été le souci majeur tant de l’Etat que du citoyen. Il représente, à maints égards, la pomme de discorde qui parasite, un tant soit peu, les relations entre l’administration et les administrés, non seulement, par la difficulté que rencontrent ces derniers pour accéder au logement, mais souvent, la réalisation du moindre programme rencontre de sérieux problèmes, inhérents à l’absence de poches foncières en amont et aux réticences des propriétaires à céder la moindre parcelle de bonne grâce, aggravée par la configuration du relief particulièrement accidenté dans cette région, en aval. Nonobstant la diversité des formules d’accès à ce droit : AADL, LSP, LPP, habitat rural, Logement social, auto construction,…il n’en demeure pas moins que les particularismes, propres à cette région, en font un écueil de taille, gênant ainsi, la réalisation d’habitations toutes formules confondues. De plus, la prolifération des coopératives immobilières s’est produite, même, avec des modifications du POS intervenues, à posteriori, pour permettre l’érection de ces ensembles au mépris des règles les plus élémentaires de l’urbanisme. La situation de ce secteur dans la wilaya est chaotique, malgré les efforts indéniables des pouvoirs publics pour répondre à une demande exponentielle. Selon les prévisions du directeur local du logement, un lot de 1 782 logements publics locatifs (LPL) sera attribué à la wilaya de Tizi Ouzou. «Sur ce nombre de logements à attribuer, 547 unités le seront dès l’achèvement des réseaux divers, ainsi que des procédures d’affectation par les commissions compétentes de la daïra qui s’attellent, actuellement, à la finalisation des listes des bénéficiaires», dira notre interlocuteur. La direction du logement de la wilaya a rappelé en outre, que 577 logements de même type, ont été attribués durant l’année en cours à travers la wilaya, ce qui ne permet pas de pavoiser pour la bonne raison qu’on est en deçà du nombre nécessaire pour résorber la crise aigue, à tous les égards, qui accable les demandeurs. D’après la direction compétente en la matière :«Le millier de logements restants, prélevés sur ce lot, seront destinés à la résorption de l’habitat précaire qui subordonne la mise en œuvre de l’opération de l’attribution à l’achèvement de la vérification, par une commission ad hoc, des listes des pré affectataires, en vue de les élaguer d’éventuels indus bénéficiaires, pouvant être débusqués parmi ceux qui n’étaient pas recensés dans le cadre de cette opération de résorption de l’habitat précaire, ou qui ont déjà bénéficié d’un logement ou d’une aide étatique». Il reste à définir, avec exactitude, ce qu’on entend par logement précaire et à identifier, avec précision, les nombreux individus qui nomadisent de bidonville en bidonville sous des prête-noms. L’opération de relogement des ménages issus des habitations précaires «sera, immédiatement, suivie de la démolition des sites en question, en vue de récupérer et d’affecter les terrains, selon les cas, à la réalisation d’équipements publics ou de placettes et terrains de jeu», ajoutera-on. Mais, nous avons remarqué que malgré la démolition ou la réaffectation de ces sites visés, les spécialistes de ce genre d’actions trouvent toujours un moyen détourné pour accaparer indûment des logements. C’est devenu quasiment un sport national.
Habitat rural
L’habitat rural dans la wilaya de Tizi Ouzou consomme pas moins de 60% de son budget. Selon les chiffres communiqués par l’ex DLEP de 2013, la CNL débloque, mensuellement, près d’un (01) milliard de dinars, pour le financement du programme d’aide à l’habitat rural. L’ancienne direction a rappelé que ces chiffres s’expliquent par l’importance du programme d’aide dédié à ce secteur, octroyé à la wilaya de Tizi-Ouzou, depuis 2002. Ce segment qui a été privilégié par le gouvernement, par souci de prendre en charge le problème de la rareté du foncier relevant du domaine public au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, a enregistré une forte adhésion chez la population locale. Les chiffres, donnés par le directeur de la Caisse nationale du logement, font état d’un montant global de 34 809 milliards de dinars destinés à la wilaya, depuis 2002, pour aider au financement de 59 288 logements ruraux. De cette cagnotte, il a été dépensé au 31 août de l’année dernière, une somme de 24 460 milliards de dinars, représentant un taux de consommation de l’ordre de 68%. S’agissant de la consistance du programme pour le plan quinquennal 2010-2014, il a été alloué à la wilaya de Tizi-Ouzou, un quota de 27000 aides pour une autorisation de programme (AP) de 18,9 milliards de dinars, sur laquelle il a été libéré un montant de 9,8 milliards de dinars, soit un taux de consommation des crédits de 53%, pour le paiement des trois tranches de l’auto-construction avec une prévision de réception, en fin 2013, de 15 600 logements ruraux. Ceci illustre bien l’engouement des populations pour cette formule, d’autant plus, que la région a bénéficié d’une dérogation pour l’attribution de permis de construire à plusieurs niveaux, vu le manque de terrains à bâtir spécifique à cette wilaya. Quoiqu’il en soit, la région, y compris le chef-lieu, souffre de la pénurie du logement et certains demandeurs sont poussés dans les bras des propriétaires privés qui ne s’encombrent pas de scrupules pour leur louer, à des prix prohibitifs, un logement. Rappelons que ces citoyens dont les demandes sont «en souffrance» depuis des années, ne sont ni assez riches pour s’offrir un toit sur les différentes formules, ni assez pauvres pour bénéficier d’un logement social.
Sadek A.H.
