Le procureur général près le tribunal criminel de Tizi Ouzou a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle contre Abdelkader A., père de famille, âgé de 62 ans, pour tentative d’homicide volontaire avec préméditation et une peine de 10 ans de prison ferme assorti d’une amende de 500 000 DA contre Y. Mohamed, âgé également de 62 ans pour fabrication d’arme à feu traditionnelle. L’affaire s’est déroulée à Oued Aïssi le 22 novembre 2004, lorsque l’accusé principal a tiré avec un fusil de chasse à bout portant sur son voisin, Saïd D. La victime a failli perdre sa vie si ce n’est l’intervention rapide de ses voisins qui l’ont secouru. L’arrêt de renvoi rendu par la chambre d’accusation prés la cour de Tizi Ouzou, indique que les raisons qui ont poussé le dénommé A. A. à agir de cette façon, sont les mauvais rapports entretenus avec son entourage et un litige qui existerait entre la victime et l’auteur.Lors de l’audience d’hier, l’auteur principal a donné une autre version contredisant toutes les déclarations faites auparavant au commissariat de police et devant le juge d’instruction. Il dira qu’un groupe de jeunes dont faisait partie la victime, le harcelait quotidiennement à quelques mètres de son domicile. « Ils étaient ivres et proféraient des obscénités contre ma famille ». « A chaque fois, je leur demandait de quitter les lieux,mais ils ne m’écoutaient pas », ajoute-t-il, avant d’enchaîner que « le jour de l’accident, j’ai riposté contre des personnes qui auraient escaladé les murs de mon domicile, lorsque j’ai entendu un coup de feu tiré dans ma direction ». Interrogé par la présidente de la séance sur ses anciennes déclarations où il a reconnu des faits qui lui sont reprochés, lorsqu’il s’est livré de son propre chef, le lendemain à la gendarmerie. L’accusé a répliqué que le juge d’instruction a falsifié le dossier. Cette réponse a irrité le représentant du ministère public qui a menacé d’entreprendre sur le champ des procédures, en vue des allégations portées contre un magistrat. Sur l’origine de la provenance du fusil utilisé, l’auteur a cité le nom d’un autre voisin, le dénommé Mohamed Y., ce dernier a réfuté en bloc les accusations portées contre lui, cependant, suite à un mandat de perquisition, la police a trouvé au domicile de celui-ci une douille de balle, dont le concerné n’a pu expliquer la présence. Les témoins qui se sont succédés à la barre, y compris l’épouse de l’auteur principal, sont unanimes à déclarer que durant cette nuit ils m’ont entendu qu’un seul coup de feu. Ce qui a remis en cause la version de l’accusé. Dans son récit, la victime, qui a subi deux interventions chirurgicales, a déclaré qu’il a rencontré l’auteur près de chez lui, en train de l’attendre, « je me suis rapproché de lui pour le saluer, mais il pointa son fusil sur moi avant de tirer à bout portant ». Questionné sur le mobile d’un tel acte, la victime a répliqué « que jusqu’à présent, je ne sais pas pourquoi A. A. voulait me tuer ». Et d’ajouter : « Certes, il y avait, au passé, une dispute entre nous, mais nous sommes revenus à de meilleurs sentiments ». Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a demandé l’application rigoureuse de la loi, pour bannir ce genre d’acte. « Tous les faits sont là pour culpabiliser ces auteurs : les déclarations contradictoires, l’acte en lui même et les aveux de l’auteur sont des indices irrécusables ». Les excuses de provocations ne justifient en aucun cas un crime, soutient le représentant du parquet. La partie a abondé dans le même sens. Quant à la défense, elle a tenté de disculper son client en évoquant l’insécurité qui règne dans ces lieux à Oued Aïssi, et les provocations qui touchaient à l’honneur de l’auteur. La défense a demandé à cet effet de larges circonstances atténuantes, reste à savoir l’appréciation de jury qui prononcera son verdict après délibérations.
M. Aït Frawsen