Le constat est finalement plus amer qu’on ne le pensait puisque, que la région vote ou boycotte, ses mairies demeurent toujours bloquées.Au 10 octobre 2002, près de 95% des électeurs de Tizi Ouzou ont tourné le dos aux urnes pour répondre au mot d’ordre de boycott lancé par les Archs. A cette date, les conséquences d’une telle démarche étaient connues, mais pleinement assumées, 33 communes sur les 67 communes de la wilaya étaient considérées comme “non votantes”, donc dépourvues de maires, d’exécutifs et d’assemblées communales. Les populations concernées ont bon gré, mal gré fait avec ce contexte inédit de vacance institutionnelle. De fait, les partielles du 24 novembre dernier étaient perçues comme une aubaine de sortie de crise, à plus forte raison que les retombées de cette vacance commençaient à se répercuter sur le quotidien des populations locales. Du coup, la région a enregistré un taux de participation relativement appréciable, mais cela n’a malheureusement pas suffit pour rompre avec l’inertie administrative qui ronge la moitié de ses communes depuis 2001.Quelques jours après le vote, ces mêmes populations ont été forcées de se rendre à l’évidence pour constater la douloureuse réalité ; finalement, se sont-elles certainement dit, ce n’est pas parce qu’on a voté que nos municipalités fonctionnent normalement ! La déception est à la fois énorme et muette. les citoyens se sont rendu compte, par la suite, que les discours et les promesses électorales ont rapidement cédé le pas aux tractations inter-partisanes et aux jeux (parfois troubles) des alliances. De fait, la déception s’est mêlée à l’indifférence et les citoyens se sont davantage enfoncés dans un désintéressement total à la chose politique. Mais comment peuvent-ils réagir autrement, quand on sait qu’à l’heure actuelle, près de la moitié des municipalités de Tizi Ouzou peine à installer son exécutif communal. la région n’a guère fait mieux que… le boycott de 2002. Toujours est-il que cet état de fait, qui tend à se confirmer au fil des jours, peut être illustré par une nuée de cas. A Tizi Ouzou, l’une des APC les plus importantes de toute la Kabylie, les jeux ne sont pas vraiment fait. Après les tourments de la dernière assemblée qui a vu défiler deux présidents en quelques mois d’exercice, le temps est aujourd’hui à la confusion. Le maire FFS de la commune, qui n’a obtenu qu’une majorité relative le 24 novembre dernier, n’arrive toujours pas à concrétiser ses tractations avec les différents blocs politiques de la nouvelle assemblée. l’option d’une alliance avec le FLN s’est révélée insuffisante pour damer le pion aux Indépendants et aux élus du RND lesquels ont fini pas “s’associer” aux quatre élus du RCD pour former un groupe d’opposition composé de 12 élus pouvant faire contrepoids aux 11 élus de l’alliance FFS-FLN. Comme çà, l’assemblée sera déclarée bloquée dès la première délibération !
Ahmed B.