«L’Algérie est au centre d’un environnement très hostile»

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La politique générale en Algérie, le printemps arabe et la situation économique et sociale du pays, sont les principaux thèmes des travaux de la deuxième université d’été du MPA qui se tient, depuis hier et durant deux jours à l’hôtel Riad de Sidi Fredj, à l’ouest d’Alger.

Quelques 400 participants entre élus et militants du parti ont pris place aux côtés des invités de marque, à l’image des ambassadeurs de Palestine et du Sahara Occidental et les représentants des partis politiques dont le FLN, l’ANR, le TAJ et le FFS. Dans son allocution d’ouverture, le secrétaire général du MPA, Amara Benyounès, a rappelé les grandes lignes du programme de son parti en insistant sur le fait que «l’Algérie est au centre d’un environnement très hostile». Constat qui amène à «la nécessité de débattre pour comprendre les différents enjeux qui guettent le pays». Concernant le groupe se réclamant de l’opposition, en l’occurrence la CNLTD, l’orateur leur demande de se référer au choix du peuple au lieu de perdre son temps à fomenter des «coups d’état médiatiques», en référence aux dernières rumeurs faisant état du transfert du président Abdelaziz Bouteflika vers un hôpital étranger donnant le président incapable de gérer. «Les prochaines élections présidentielles sont prévues pour 2019», a-t-il tonné devant les applaudissements nourris de l’assistance.

«Le seul dénominateur commun des opposants est le départ de Bouteflika»

«L’article 88, voilà le seul article de la constitution qui donne des nuits blanches à l’opposition», a déclaré hier, Amara Benyounès devant les participants à l’université d’été du MPA. «Pas le 87, ni le 89», a-t-il spécifié pour dire que les partis membres de l’opposition ne possèdent ni vision d’avenir ni stratégie de lutte commune. Ce qui les intéresse, selon Benyounès, est le départ de Bouteflika, alors que ce dernier a été élu démocratiquement par le peuple sur un score qui devrait «les faire taire à jamais». Ce qui est certain pour Amara Benyounès est que le peuple a tranché lors des élections présidentielles et que si un parti se réclamant de l’opposition souhaite occuper les rênes du pays, il n’a d’autres choix que d’attendre les prochaines présidentielles de 2019. «Pas avant», a-t-il tenu à préciser devant les invités et les militants du MPA.

«Faites confiance aux experts algériens chargés de négocier l’adhésion à l’OMC»

Amara Benyounès a clairement affirmé hier, à l’occasion de l’ouverture de la seconde université d’été du MPA, que l’économie nationale n’allait pas «s’effondrer» avec l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais au contraire cela permettra au pays de mieux défendre ses intérêts économiques. Pour dissiper les craintes, le secrétaire général du MPA a appelé les Algériens à faire confiance aux experts chargés de négocier l’adhésion du pays à cette organisation mondiale. «Pourquoi cette peur d’aller vers l’OMC? Comme si l’économie nationale allait s’effondrer», a-t-il déclaré avant d’ajouter : «La vision du gouvernement est claire: nous n’allons ni brader ni bazarder l’économie nationale, bien au contraire, c’est en allant vers l’OMC que nous défendrons au mieux nos intérêts économiques», a soutenu M. Benyounès en réponse à plusieurs questions sur l’impact de cette adhésion sur l’économie nationale. Pour lui, cette adhésion allait permettre une mise à niveau générale de l’économie et instaurer une plus grande transparence dans les transactions commerciales internationales, «ce qui n’arrange pas ceux qui sont contre cette transparence», a-t-il ajouté. Economiste de formation, ce qui lui permet d’affirmer que «chaque pays souhaitant accéder à cette organisation multilatérale, où se déroule 97% du commerce mondial, négocie son adhésion en fonction de ses intérêts et peut même demander des périodes de transition pour protéger certains de ses produits stratégiques». «Faites confiance aux experts et au gouvernement qui sont en train de négocier l’accession de l’Algérie à l’OMC», a-t-il martelé.

«L’Algérie a résisté à toutes les tentatives de déstabilisation»

Le secrétaire général du MPA n’est pas allé de main morte pour fustiger ceux qui ont prédit la même issue pour l’Algérie lors de la déferlante du Printemps arabe. «Au MPA, nous avions rapidement perçu le danger. Nous avons toujours considéré que le changement, dans quelque pays que ce soit, ne vaut que s’il mène vers le meilleur et non vers le pire. Or, il devenait de plus en plus évident que les printemps arabes, au grand dam des authentiques révolutionnaires qui ont mis leur vie en danger pour faire accéder leurs pays respectifs à la démocratie et à la modernité faisaient partout le lit de régimes théocratiques dont les acteurs étaient à l’affût». Certes, poursuivra-t-il, «des dictateurs sont tombés, Ben Ali exilé Moubarak emprisonné et jugé Kadhafi éliminé. Même si, dans le cas de Kadhafi, la manière dont les services occidentaux l’ont livré au lynchage n’honore pas les auteurs et les complices de ce qui reste un crime abjecte en dépit de la personnalité de la victime. Aujourd’hui, la Tunisie et l’Egypte font face à des crises politiques complexes, sur fond de violence, alors que leurs économies respectives sont disloquées. La Libye, détruite en partie par les bombardements de l’OTAN, est livrée à des milices incontrôlables et risque à tout moment la partition. Sans compter que dans son sillage, un autre pays, le Mali a frôlé lui aussi, la partition et a failli tomber entre les mains des tenants de l’ordre théocratique». Même constat pour la Syrie. «Ce qui se passe en Syrie et déborde sur le Liban met à nu une attitude occidentale ambiguë et contradictoire. Les insurgés syriens, sans projet connu, hétérogènes dans leur composante, sont organisés en factions, désormais en guerre entre elles. Il n’est pas superflu, à ce propos, de relever qu’au moins un millier de djihadistes européens sont sur le terrain des opérations en Syrie», a indiqué l’orateur pour mieux affiner son analyse de la situation. «Printemps arabe», même l’appellation n’est pas adéquate pour Amara Benyounès qui se demande «où est l’odeur du jasmin à Tunis ?» C’est pourquoi, il lui préfère le terme «la catastrophe arabe». Toujours à propos des évènements qui ont ébranlé le monde arabe, l’orateur a indiqué qu’au plus fort des évènements qui ont ébranlé ces pays, nombreux sont les politologues et autres analystes de circonstance à prédire que l’Algérie allait à son tour être emportée par le tourbillon. C’était, pour le SG du MPA, méconnaître l’Algérie, son histoire, sa réalité et son peuple. «Je continue à m’entêter à penser que l’Algérie est bel et bien une exception dans la sphère arabo-musulmane», a-t-il annoncé mais non sans avancer d’arguments que sont : «C’est d’abord le seul pays de cette sphère à s’être libéré du joug colonial par les armes, après huit ans de guerre particulièrement sanglante et au prix de plus d’un million de martyrs. Aussi, l’Algérie est un pays qui, au lendemain de l’indépendance, s’est érigé en république moderne même si certains choix politiques et économiques n’étaient pas des plus opportuns. Le peuple algérien ne s’est jamais départi d’une certaine tradition de lutte héritée de sa longue histoire. Ce sont là les arguties du secrétaire général du MPA qui font que l’Algérie une exception et expliquent, en partie, pourquoi les «printemps arabes» se sont arrêtés à nos frontières, en dépit des tentatives des uns et des autres d’entraîner le pays dans une aventure dangereuse et sans lendemain. Par ailleurs et pour mieux étayer ses dires, Amara Benyounès a déclaré que «l’Algérie a résisté à toutes les tentatives de déstabilisation, l’une des dernières en date étant l’attaque du site gazier de Tiguentourine, à In Amenas, dans le sud du pays, par un groupe terroriste lourdement armé venu d’un pays voisin et composé de mercenaires étrangers».

Ferhat Zafane

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