Pourquoi certains transporteurs publics, sur les lignes courtes, ne remettent-ils pas les billets aux voyageurs ? Pourtant, ils sont conscients qu’ils risquent d’écoper d’une amande lorsqu’ils sont pris en flagrant délit. Toutefois et avec la complicité de ces mêmes voyageurs, ils le font quand même. Ces derniers aillent jusqu’à les couvrir en cas de pépins, à tel point que certains d’entre eux poussent la complaisance jusqu’à se substituer au receveur ou au chauffeur en les distribuant eux-mêmes. Savent-ils ce qu’ils risquent à leur tour ? Une consultation au site Wikipédia permet de se faire une idée de ce délit puni d’amende et pouvant donner lieu à des poursuites judiciaires et même à une peine de prison. Notre législation étant calquée sur celle de la France, il est tout à fait logique que l’article 529 3 du code pénale français s’applique autant dans ce pays que dans le nôtre. Pour rappel, ce titre de transport, sur lequel figure le nom du transporteur public, la destination, le tarif et la date d’émission, s’avère nécessaire en cas de réclamation ou d’accident. Supposant que le transporteur n’a assuré que les places assises et que, par appât du gain, il ait eu envie de prendre plus de monde à bord de son véhicule. Que se passerait-il, en cas d’accident ? Comment prouver qu’on a voyagé à bord d’un tel bus, si on n’a pas de ticket ? Supposant également qu’on a des bagages et qu’on les a confiés au receveur sans billet. Comment les réclamer ensuite en cas de vol pendant le trajet, comportant deux ou trois arrêts? Ceci dit, à titre illustratif : le mercredi 8 octobre, vers 11 heures, au niveau de la cité Harkat, à la sortie ouest de Bouira, un bus privé arrive et marque une pause à l’arrêt, où il y avait beaucoup de monde. Le véhicule s’est vite vu plein et démarre. Le receveur encaisse l’argent sans remettre de tickets. Une habitude qui ne donne lieu à aucune observation ni protestation. Un peu plus tard, à la gare routière, un autre bus plein démarre, mais cette fois-ci, le chauffeur n’a pas de receveur et c’est donc lui qui encaisse. Une fois cette tâche achevée, il se met au volant et quitte le quai. Pour gagner du temps, il ne va pas jusqu’au rond-point pour prendre la RN18, il coupe la route bien avant et appuie sur le champignon. A la ferme dite de la Compagnie, à trois km d’Aïn Bessem, il aperçoit alors les gendarmes au bas de la pente, effectuant un contrôle. Vite, il sort le carnet de tickets qu’il se met fébrilement à tamponner les feuillets pour les valider. Les ayant comptés et arrachés à la hâte, il les donne par la suite aux voyageurs les plus proches pour qu’il les distribuent. Et dès que le bus arrive à hauteur du barrage, le dernier voyageur a reçu son ticket ! Le même scénario se répète au retour. Les receveurs des deux véhicules se contentent d’encaisser l’argent, mais omettent de remettre en contrepartie les tickets. Il est impossible que les contrôleurs de la Direction des transports et les gendarmes eux-mêmes ne soient pas au courant de cette manigance qui fait perdre de l’argent au trésor public, puisque c’est sur la base des tickets que s’établissent les feuilles d’impôts. Les uns et les autres doivent bien avoir, un jour ou l’autre, voyagé par bus et constaté ce fait contraire à la législation en vigueur dans le secteur du transport.
Aziz. Bay
