Les responsables de l'APC de Bouira, à leur tête le P/APC, font montre d'immobilisme dans la gestion des affaires de la commune.
Depuis son installation à la tête de l’APC, en mai 2013, le maire de Bouira, M. Hakim Oulmi, élu sur la liste du Parti des Jeunes (PJ) n’a eu de cesse de marteler à ses administrés que leur ville allait connaître «un changement radical», sous sa présidence. Toutefois, dix-huit mois sont passés depuis sa prise de fonction et le moins que l’on puisse dire, est que le «changement radical» promis n’est pas au rendez-vous. Pis, le chef-lieu de la wilaya de Bouira se détériore de jour en jour. Cette «vitrine» de la wilaya est la proie d’une dégradation tous azimuts. Une ville qui peine à sortir de sa torpeur et à se hisser au rang d’un chef-lieu de wilaya digne de ce nom. À certains endroits de la ville, l’on se croirait dans un «trou perdu», abandonné à son triste sort. On est loin, très loin même des déclarations rassurantes, voire optimistes, faites par ce même édile au moment de son installation, suite à la démission «surprise» de l’ex maire, M. Miloud Khelif. Ce dernier, faut-il le souligner, a su, en quelques mois, redonner un certain faste à la commune de Bouira, tout en prenant en considération les critiques des uns et des autres. Chose que son successeur et toute son équipe n’ont, manifestement, pas su réaliser en un an et demi de gestion. De plus, ce P/APC qui se disait «proche» de ses concitoyens, aux premiers jours de son installation, se fait de plus en plus rare. Son bureau est toujours vide, chose que nous avons constaté lors de nos (vaines) tentatives de le rencontrer. «Il est sur les chantiers», rétorquent ses assesseurs, ou bien le réceptionniste qui semblait las de nous répéter la même chose à longueur de journée. Sur les chantiers? Si c’était le cas, cela se saurait, du fait que la plupart de ces chantiers s’éternisent. Des exemples? Le nouveau siège de l’APC, lequel est toujours en chantier, avance à pas de tortue. D’ailleurs, le wali de Bouira, lors de sa dernière visite à ce projet, n’a pas hésité à faire la remarque : «Ce projet traîne en longueur. Il faut vous ressaisir et au plus vite». Autre projet qui est en latence, est sans conteste celui de l’édification de nouveaux marchés de fruits et légumes. L’actuelle structure est dans un piteux état et devrait, selon le P/APC, être démolie. Toutefois et faute de nouveaux marchés, elle est toujours fonctionnelle avec tous les dangers inhérents à sa vétusté. S’agissant de la situation actuelle de la ville de Bouira, elle laisse vraiment à désirer. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Les exemples ne manquent évidemment pas, afin d’illustrer les carences de cette équipe communale, laquelle semble être totalement défaillante ou carrément démissionnaire. Pour le commun des citoyens, les «critères phares» qui permettent de se faire une idée sur la qualité de la gestion de n’importe quelle commune, sont généralement l’hygiène, l’aménagement urbain et les espaces de détente et de loisirs.
L’insalubrité règne toujours
Tout d’abord l’hygiène. Un facteur clé qui permet d’analyser et à fortiori juger le travail de l’équipe communale et par ricochet son président. Il ne faut guère se voiler la face, la ville de Bouira reste irrémédiablement sale. En effet, l’ensemble des quartiers sont jonchés de détritus en tout genre, des amas d’ordures s’entassent ici et là au vu et au su de tous. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un petit tour dans les rues et ruelles de la ville, si c’est possible en se pinçant le nez. Ainsi, au niveau de la cité des 140 logements, du quartier Gouizi Saïd et du boulevard Amirouche, pour ne citer que ceux-là l’insalubrité atteint des proportions alarmantes. Les immondices et autres détritus n’en finissent pas de s’entasser au grand dam des citoyens. Au niveau du quartier des 250 logements, situé en plein cœur de la ville, la saleté est devenue le lot quotidien des habitants. À chaque coin de rue, les détritus ménagers forment de gros tas, dans lesquelles les bestioles en tout genre prolifèrent dangereusement. Le tout, à côté d’une école primaire! D’ailleurs, bon nombre de citoyens n’ont pas caché leur colère devant ce qu’ils ont qualifié d’abandon par les services de l’APC. «On souffre le martyre du fait de cette saleté qui nous entoure», nous a-t-on indiqué tout en pointant du doigt «la négligence» du P/APC et de toute son équipe. «Les préposés au ramassage d’ordures sont défaillants. D’ailleurs, le comité de quartier a saisi le P/APC à plusieurs reprises dans le but de remédier à cela, mais en vain», ont-ils expliqué. À quelques encablures de là plus précisément au quartier Gouizi, ce sont les mêmes scènes de dépotoir à ciel ouvert qui se répètent. Interrogé à ce propos, lors d’un précédent entretien, le P/APC de Bouira avait rejeté la faute sur ses concitoyens en déclarant : «En dépit de nos efforts et toutes les opérations que nous avons entreprises, nous constatons avec le plus grand regret que certains citoyens font preuve d’un incivisme déconcertant. Je prends, à titre d’exemple, certains quartiers populaires de la ville, où certains de nos concitoyens jettent encore leurs ordures ménagères un peu partout au mépris de toutes les règles d’hygiènes». Certes, l’incivisme de certains citoyens contribue à cette situation, toutefois, les responsables locaux ont pour devoir d’y remédier par n’importe quels moyens, même les plus coercitifs. Cependant, on observe un certain laxisme de la part des élus qui ne souhaitent pas, selon toute vraisemblance, «se fâcher» avec leurs concitoyens, même les plus récalcitrants. De ce fait, on applique la politique de l’autruche afin de s’assurer des horizons propices, dans l’éventuelle optique d’un autre mandat. Il est trop aisé de se cacher derrière le prétexte de l’incivisme de certains, pour ne rien faire.
Ces espaces verts à l’abandon
Concernant les espaces verts et autres lieux de loisirs, la situation est bien pire. Ils sont carrément en voie d’extinction. Le peu qu’il en reste est dans un état des plus déplorables. Portant, ce même P/APC s’était engagé au mois de juillet 2013 dans ces mêmes colonnes, à leur rendre leur lustre d’antan. «Pour ce qui est des espaces de loisirs, nous avons pris la décision de créer des mini parcs aquatiques avec des piscines et autres toboggans. Ils seront implantés au niveau du quartier de l’Ecotec, de la cité des 250 logements, la cité Zerrouki et d’autres quartiers de la ville (…) A propos du jardin Si L’houasse, et avec la participation de l’agence foncière, nous avons lancé un concours de réaménagement de cet espace. Ce concours est exclusivement réservé aux BET de la commune de Bouira, qui sont les plus à même de connaître toutes les caractéristiques de ce lieu ô combien emblématique de notre ville», avait-il assuré. Néanmoins et plus d’une année et demie plus tard, ces promesses sont restées à ce stade. Rien, absolument rien, n’a été fait afin d’offrir aux citoyens des espaces de détente et autres lieux de loisirs. Les espaces récréatifs sont encore et toujours de simples vœux pieux et les espaces verts se dégradent à vue d’œil. Ainsi, le jardin public Si L’houasse, dit le «square», situé à un jet de pierre du siège de l’APC de Bouira, se trouve dans un état lamentable. Cet espace de détente s’est transformé au fil du temps, en un véritable repère de brigands et autres voyous qui s’adonnent à tous les vices imaginables. Les citoyens sont excédés par cette détérioration jugée de scandaleuse. En effet, ce jardin n’a gardé que le nom, au vu des différents détritus qui s’y entassent et autres dégradations en tout genre. L’insalubrité règne en maître mot à l’intérieur de cet espace de «détente». Fientes d’oiseux et autres déjections canines y sont légions, des odeurs nauséabondes se dégagent des égouts à ciel ouverts se trouvant à proximité sans parler des déchets de toutes sortes qui font le bonheur des rats et autres bestioles. Encore plus grave, cet espace est devenu «la propriété» des toxicomanes et autres délinquants qui viennent y consommer des boissons alcoolisées et produits stupéfiants, et ce, au su et au vu de tous. D’ailleurs, il n’est pas rare de croiser des voyous à l’intérieur de ce jardin consommant, allègrement et en toute impunité des joints de cannabis et autres produits narcotiques. Le même constat est fait pour le jardin public Gouizi Saïd, sis à la cité des 130 logements (ex-cité Ouest), en plein cœur du chef-lieu de la wilaya de Bouira. Des sachets, des gobelets et autres emballages en plastique jonchent cette placette. Les haies de petits arbustes, qui bordent ce lieu, sont complètement saccagées. Les palmiers de type «Washington», plantés aux quatre coins de ce site, sont dans une situation déplorable. Pis encore, le gazon verdoyant qui tapissait cette placette a pris une couleur jaunâtre. Bref, un jardin à l’abandon.
L’aménagement, oui mais…
Seule satisfaction dans ce tableau bien noir, celle relative à l’aménagement urbain. La ville de Bouira connaît, depuis quelques temps, une grande opération d’aménagement et d’embellissement des différents quartiers de la commune. Mais le mérite ne revient aucunement aux services de l’APC. C’est plutôt vers la wilaya qu’il faudrait se tourner. S’il fallait compter sur l’APC, aucun projet ne serait lancé. Ce n’est guère exagéré. Le simple exemple de l’école primaire Laham Mohamed de Bouira, suffirait pour s’en convaincre. Cet établissement qui menaçait ruine à tout instant et dont la prise en charge dépendait de l’APC, a été finalement pris en charge, mais suite à l’intervention «expresse» du SG de la wilaya, M. Ahmed Menguelatti. Idem pour l’aménagement urbain et autres opérations de «relooking» de la ville. Il a fallu attendre que le wali de Bouira intervienne pour qu’une enveloppe financière de près de quatre milliards de dinars soit débloquée, pour l’aménagement des différents quartiers de la ville et les principales voies d’accès. Ainsi, le quartier Ras Bouira a eu, enfin, sa part d’aménagement, puisque plus de 121 millions de dinars lui ont été alloués. Les cités de Draâ El-Bordj, celle de Farachati et Hai Al-Thaoura, sont également concernées, car un montant de plus de 210 millions de dinars a été réservé à chacune d’elles. Le quartier Ain Graouche, qui, faut-il le souligner, se trouve dans un état de délabrement ahurissant, a bénéficié lui aussi d’un budget de plus de 140 millions de dinars. Au final et au bout de 18 mois de gestion, on peut facilement dire que le P/APC et toute son équipe ont fait montre d’un immobilisme effarant et aussi d’une cératine incompétence en matière de gestion. Les exemples, précédemment cités, ne sont qu’un infime échantillon des promesses faites et surtout non tenues par l’APC et son président.
Ramdane Bourahla