«Nous voulons nos clefs !»

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La colère et l’indignation ont fini par prévaloir sur la patience chez les 346 bénéficiaires de logements sociaux de Sour El Ghozlane, qui vivent, depuis six mois, dans l’attente de la remise des clefs. Estimant que la coupe était pleine, ils ont décidé de passer à l’action. C’est, ainsi, qu’ils se sont rassemblés, hier, dans le hall du siège de la wilaya, remplissant furieusement l’espace du slogan : «Nous voulons voir le wali». Le dispositif de sécurité mis par la police devant l’entrée des bureaux de l’administration pour en défendre l’accès a eu du mal à calmer les esprits échauffés. Finalement, il a été décidé que quatre parmi les quelques 70 manifestants iraient voir le wali. Mais un peu plus tard, on leur apprenait que celui-ci ne pouvait pas les recevoir. Il présidait la session ordinaire de l’APW avec le P/APW. Or, ce responsable aurait déclaré que les logements en question, dont la commission de recours étudie les dossiers au cas par cas, suite aux plaintes formulées par les citoyens mécontents, seront distribués dans les plus brefs délais. Le chef de daïra, qui se trouvait hier à cette séance de travail de l’APW, contacté à ce propos par nos soins, nous déclarait que la commission de recours est souveraine et qu’elle fait en ce moment son travail, le sien s’étant limité suivant ses prérogatives, à l’affichage des listes. Toutes ces explications ne semblent pas avoir convaincu les manifestants, dont le ton débordant de colère n’a cessé d’aller crescendo. Ils réclamaient la remise immédiate des clefs, jugeant que la commission avait eu tout le temps nécessaire pour faire son travail. Et de mettre en exergue la diligence avec laquelle la distribution s’est faite dans d’autres communes. De même qu’ils ne comprenaient pas que l’on mette en avant le critère selon lequel les travailleurs qui bénéficient d’un salaire supérieur à 20 000 DA, n’ont pas le droit à un logement social. Ils s’étonnent que ce critère ne soit appliqué que dans la daïra de Sour El Ghozlane, alors que, selon eux, il n’a pas été invoqué du tout dans d’autres. Et leur crainte est, qu’en tenant compte de ce paramètre, beaucoup de bénéficiaires des listes d’avant le recours ne se trouvent de facto exclus. D’ailleurs, cela ne justifie pas à leur yeux tout ce retard et ils exigent que la distribution se fasse immédiatement. Sur ce point précis, c’est-à-dire concernant le salaire à 24 000 DA et plus, le chef de daïra a affirmé que c’est dans le barème et que la réglementation à ce sujet est claire. Automatiquement, il a donc du être tenu compte de ce critère dans l’étude des dossiers. Par conséquent, il n’y a pas lieu de se faire de souci sur ce point. Quoi qu’il en soit, les manifestants, refoulés à l’extérieur, continuaient à crier leur colère et à manifester leur indignation, tandis que, protégés par les murs épais de l’hémicycle, se poursuivaient les travaux de l’APW. Ce qu’il faut préciser c’est que la liste affichée, le 29 mais 2014, se composait de 346 bénéficiaires et qu’elle en comptait 85 en attente. La question est de savoir sur quoi a porté le recours ? Est-ce sur le non respect du critère du salaire qui exclut d’office du logement social tout bénéficiaire justifiant d’un salaire supérieur à 24 000 DA et tout commerçant dont l’activité permet de faire des recettes plus importantes ? Et les manifestants d’hier, étaient-ils tous des travailleurs et des commerçants qui touchent un salaire ou font des recettes qui dépassent ce montant ? Bien sûr que non. La colère générale semble surtout se cristalliser autour du retard considérable pris par la commission pour étudier les recours. Selon l’un des manifestants, le temps imparti en l’occurrence ne doit pas dépasser dans le pire des cas les quarante jours. Or, voici cela fait six mois que l’étude des recours dure et ce retard exaspère les bénéficiaires qui attendent leur relogement comme une délivrance.

Aziz Bey

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