Le chardonneret menacé d’extinction

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Fort de son succès, le chardonneret est une espèce grandement menacée de disparition. Les contrées de la wilaya de Béjaïa, particulièrement les prairies de la vallée de la Soummam, où le passereau au beau plumage abondait jadis, ne comptent plus que de rares spécimens. Son chant exceptionnel de près de 10 strophes y est devenu pratiquement inaudible. Le braconnage est passé par là. Le filon a fait bien des émules et des dégâts incommensurables. L’oiseau a été «arraché» à son biotope naturel pour être confiné dans des cages, accrochées aux devantures des échoppes, des ateliers d’artisanats et autres garages de mécanique. «Les plus beaux spécimens sont proposés à plus de 15 mille dinars. C’est le mâle qui est le plus convoité. Il est reconnaissable à de petites taches rouges derrière les yeux», affirme un oiseleur d’Akbou, soulignant que les techniques de capture utilisées sont de plus en plus affutées et pernicieuses pour l’espèce. «Il faut rappeler aussi que plus de la moitié des oiseaux emmaillotés dans les filets ne survivent pas au stress généré par leur transport d’une localité à une autre», déplore-t-il. Un ornithologue de Seddouk explique que ce commerce juteux n’est pas prêt de s’essouffler, en raison du vif attrait qu’ont les gens pour le chardonneret. «La demande sur le marché ira crescendo et les cours avec, puisque cet oiseau se reproduit difficilement en cage, sauf avec le canari», suppute-t-il. Un écologiste de la région de Tazmalt estime de son côté que le braconnage n’est pas le seul facteur responsable du déclin drastique de la densité des populations de chardonnerets. Il pointe du doigt d’autres fléaux. «L’urbanisation galopante, les changements climatiques, la pollution de l’environnement et la dégradation de l’habitat naturel de ces oiseaux y concourent de manière significative», analyse-t-il. A défaut de miracle, peut-on envisager des solutions pour sauver l’espèce ? D’aucuns répondent par l’affirmative, en commençant par réglementer la capture et créer des conditions pour des accouplements en volière. La reproduction en captivité pense-t-on, est un moyen sûr et efficace de diminuer la pression sur les populations sauvages. «Il y a des éleveurs très doués, qui ont réussi une reproduction jusqu’à la 3e génération. Il faut les encourager et les accompagner», préconise-t-on.

N. Maouche

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