Douze ans après son quatrième album, dont le succès a été franc, d’autant plus qu’il a rendu non seulement un hommage à Lounès Matoub, mais aussi aux martyrs du Printemps noir, Rabah Tezkratt revient avec un album dont le titre principal « Ayahviv Aâyigh », » Ami, je suis fatigué » qui commence déjà à attirer de jeunes mélomanes. A ce propos, nous l’avons approché non pour nous parler uniquement de ce produit, mais aussi de retracer, à nos lecteurs, son parcours artistique vieux de près d’une trentaine d’années.
La Dépêche de Kabylie: pourquoi cette longue absence?
Rabah Tezkratt : c’est vrai, cela fait maintenant douze ans. Cette longue absence a pour origine de nombreuses raisons, notamment les moyens financiers. Mon retour a été demandé par mes fans qui ont insisté à ce que je mette sur le marché un disque. D’ailleurs, j’étais très content et j’ai répondu à leur sollicitation. Les premiers échos qui me sont arrivés sont positifs, et ce retour a été vivement applaudi. Cela n’a pas été facile, mais il fallait quand même répondre aux sollicitations de tous ceux qui m’aiment.
Combien de chansons compte cet album?
Neuf titres. En plus de la rythmique, j’ai accordé une place importante au texte, car, au départ, je composais beaucoup plus de la poésie. Dans ce produit, je n’ai pas dérogé à la règle. Ce sont des thèmes sociaux et actuels. En plus du titre principal Ayahviv Aâyigh, il y a aussi D’kem is3igh dasirem « c’est toi, que j’ai comme espoir », composée en 2004, Ar melmi « jusqu’à quand? », composée en 2010, Adzairi d’lefhel » l’Algérien est courageux », composée en 2010, A Cheikh, composée en 2002, c’est un titre aussi très réussi. Thoulasse » Les filles » composée en 2013, ce n’est pas une chanson d’amour, mais sociale. Actuellement, les filles travaillent et les hommes sur les trottoirs. The3idh el haq » Tu as raison », composée en 2005, Zman ida ghareq, composée en 2005 et aouiyi a yasif, » ô rivière, prends-moi », composée en 2000. Vous voyez, c’est une compilation de chansons, composée durant plus de dix ans.
Présentez-vous maintenant à nos lecteurs.
Je suis Rabah Tezkratt. Je suis un quinquagénaire, fonctionnaire à l’APC de Tizi-Gheniff et natif du village » Ath Tzikrit ». J’ai composé ma première cassette en 1986 après bien sûr avoir chanté en cachette, tout comme les chanteurs de l’époque. Son titre est » alwaldiniw », « Mes parents ». Juste après, j’ai effectué mon service national aux frontières marocaines.
Et puis…
Quatre ans après, je sors une autre cassette, dont de nombreuses chansons évoquent Tayri « l’amour ». C’était le temps de ma jeunesse. L’une de ces chansons s’intitule uliw arghourem, « mon coeur est à toi ». C’est un duo avec Ouardia Aissaoui. Cette cassette a connu un grand succès. D’ailleurs, j’ai été invité par Samira, à son émission de la chaîne 2 » rencontre avec l’artiste ». Elle comportait aussi une chanson célèbre sur la JSK. D’autres titres portaient sur des problèmes sociaux et sur notre identité.
Il a fallu combien de temps pour composer un autre produit?
Quatre ans après, j’ai composé un autre produit qui a touché notamment à Tamazight durant le boycott scolaire et le sacrifice des enfants de l’époque pour la reconnaissance de cette langue, pour laquelle j’ai milité quand j’étais adolescent comme eux. Un autre album, en 2002, fut un hommage particulier à Lounès Matoub et les jeunes martyrs des événements douloureux du printemps noir. Celui-ci a eu du succès avec la chanson A cheikh, diffusée en boucle sur BRTV.
D’autres projets?
L’éditeur m’a proposé une compilation de toutes mes chansons dans un seul CD. J’ai également tourné le clip « Adzairi d lfehel » pour la télévision chaîne 4. J’ai déposé ce nouveau produit au niveau de plusieurs chaînes de radio. Je serai aussi l’invité de certains plateaux de télévision dans les prochains jours. Je commence à ressentir une nouvelle vie.
Le mot de la fin…
Tout d’abord, je remercie votre journal qui m’a accordé cet espace pour m’exprimer. Ensuite, je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidé pour sortir cet album, car, sans leur aide, je ne serai en mesure de le faire. Je n’oublierai pas les musiciens, le percussionniste : le jeune Arezki Amitouche, Kamel Ayad, le flutiste, le duo masculin H. Hamnache, la chorale féminine Djidji, L’Hocine Taoualit, Dekrim, l’arrangeur Bouzid Ouhamou, le studio La Rose Tizi-Ouzou et bien d’autres.
Entretien réalisé
par Amar Ouramdane