Le régne des maraudeurs

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Il n’échappe à aucune personne depassage d’admirer ces vastes oliveraies qui longent la route vers Ath Mendès, à quelques encablures de la ville.

En effet, plus de trente hectares plantés d’oliviers dont certains arbres sont séculaires sont laissés au bon vouloir des  maraudeurs qui viennent non seulement de la région, mais aussi de Frikat, de Bounouh, de Draâ El-Mizan… Des hommes, des femmes, seuls ou en groupes et même en familles s’adonnent à la cueillette des olives sans être inquiétés car ces oliviers n’ont pas de propriétaires. En ce début de mois de novembre, bien avant que la campagne oléicole ne soit lancée, déjà dans ces oliveraies, la cueillette a bel et bien commencé. «Le fruit n’est pas encore mûr, mais comme vous voyez partout des bâches sont étalées ici et là. Chacun essaie de s’accaparer des oliviers les mieux prolifiques. Personne n’en a cure si l’olive est verte ou noire. C’est la course. Celui qui a une famille nombreuse ou encore des forces amasse plus que les autres», nous expliquera M. Hamzaoui Abdelkader, l’un des défenseurs de l’environnement dans cette région et aussi l’un de ceux qui voudraient que ces arbres ne soient pas massacrés. «Le problème ne se pose pas au niveau de qui va récolter le plus, mais dans la façon avec laquelle ils recourent à la cueillette. Certains ne savent même pas comment procéder à la coupe de certaines branches sèches. D’autres utilisent la gaule même lorsqu’il ne le faut pas», enchaîne cet interlocuteur. Ce dernier est sur tous les fronts. «Pour moi, l’essentiel est que ces oliviers soient respectés. Le gens qui viennent cueillir ces fruits doivent faire attention quand il s’agit surtout de couper certaines branches inutiles. Malheureusement, je vois aujourd’hui des méthodes similaires à celles des braconniers. Certains, au lieu de monter jusqu’à la cime, se servent de haches et font tomber les branches garnies d’olives, puis ils cueillent en toute tranquillité. Je suis là tout le temps et je fais des tours pour leur montrer des techniques utilisées par nos ancêtres. Mais, aujourd’hui, ce sont des personnes âgées qui donnent de mauvaises habitudes à leurs enfants. Si l’exploitation continue avec ce rythme, d’ici quelques années, ces oliviers disparaîtront », estime Hamzaoui. Ce dernier reviendra ensuite sur l’histoire de Thiniri Mendès. «Jusqu’au début des années 90, les services agricoles avaient fait un partage égal entre plusieurs exploitants. Ils étaient environ une trentaine. Ensuite, un propriétaire terrien avait introduit l’affaire en justice. Il a eu gain de cause. Il l’a clôturée . Une année après, les personnes qui l’exploitaient avaient recouru à la force, puis ils se sont réappropriés les lieux. En 2005, ces oliveraies sont devenues un patrimoine des domaines et depuis elles sont exploitées anarchiquement. C’est le village d’Ath Mendès qui les ont récupérées après une autre procédure de justice. Mais, ces derniers temps, on croit savoir que la famille a introduit une autre procédure judiciaire », nous explique le même interlocuteur. Celui-ci demande aux personnes qui l’exploitent actuellement à la préserver de tout massacre  en veillant sur ces oliviers.  En tout cas, ces oliviers servent des dizaines de familles quand on apprend que c’est une réserve de plus de vingt mille arbres. En définitive, ce lieu doit être préservé et peu importe à qui il reviendra au bout du compte. C’est tout de même une ressource inestimable surtout que des centaines d’arbres dans la région partent en fumée chaque été. Cet endroit peut être même utilisé comme lieu de détente aux familles d’autant plus qu’il se trouve en dehors de la ville. Ce défenseur de la nature souhaite que tous ceux qui viennent cueillir ces olives aient cette devise en tête : «Protégeons Thiniri Mendès non seulement parce qu’elle vous procure de l’huile à volonté mais aussi parce que c’est un poumon pour toute la région». De son côté il se dit engagé à ne pas se lasser de lutter contre cette anarchie.

Amar Ouramdane

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