Fanny Colonna tire sa révérence

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La sociologue de la culture et du monde rural algériens, Fanny Colonna, est décédée mardi dernier à l'âge de 80 ans. Elle est née en Algérie, puisque ses parents s’étaient installés à la fin du 19e siècle dans les Aurès.

Pendant tout son cycle universitaire et à l’occasion des travaux postérieurs qu’elle eu à réaliser, elle a montré une rare connaissance du monde social algérien et de la culture populaire. Auteure, entre autres de « Instituteurs algériens: 1883-1939 »,  « Savants et paysans: éléments d’histoire sociale sur l’Algérie rurale », « Le Meunier, les moines et le bandit : des vies quotidiennes dans l’Aurès du XXe siècle » et de dizaines autres études et articles scientifiques, Fanny Colonna a pu approcher la société algérienne avec l’œil d’une universitaire de terrain, loin de l’exotisme de pacotille. Elle a fourni une matière précieuse à tous ceux qui se sont intéressés à la société algérienne d’une façon générale. Ses travaux, avec ceux de M’hamed Boukhobza, Liabès, Jacques Berque, Abdelkader Djeghloul, Pierre Bourdieu, Mouloud Mammeri, constituent un apport considérable à plusieurs disciplines des sciences humaines et de l’anthropologie culturelle sur l’Algérie. La lecture de ses livres sur le monde rural algérien et sur les instituteurs algériens du début du 20e siècle m’a permis d’étoffer les contributions que j’ai données à la Dépêche de Kabylie dès le début de son parcours. Fanny Colonna était proche de Mouloud Mammeri. Elle a soutenu une thèse sur Mouloud Feraoun, dans le cadre de la préparation de son diplôme d’études approfondies en 1976 sous la conduite de Mouloud Mammeri. Son livre « Instituteurs algériens: 1883-1939 » est le produit d’une recherche (doctorat de 3e cycle) qu’elle a réalisée sous la direction de Pierre Bourdieu et qu’elle a soutenue à Paris en 1975. En 1969, elle rejoint l’équipe de recherche de Mouloud Mammeri, désigné alors à la tête du Centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques (CRAPE).  Après la mort de Mouloud Mammeri, le 26 février 1989, elle rendit un vibrant hommage à l’auteur de La Colline oubliée dans l’édition du 21 avril 1989 de l’hebdomadaire Révolution africaine. En voici le texte transcrit pour nos lecteurs.

Amar Naït Messaoud

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