Les enfants autistes ont-ils le droit d’être scolarisés ?

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«Au mois de décembre, soit trois mois après la rentrée des classes, 13 enfants autistes, âgés de six à huit ans, éparpillés entre les communes  de Oued-Ghir, d’Amizour, de Bejaïa, d’El-Kseur et d’Akbou dans la wilaya de Bejaïa ne sont toujours pas scolarisés », déclare M. Sofiane Yakouben, président de l’association D’un monde à l’autre  qui est une association d’aide aux enfants autistes. Les directeurs d’écoles primaires ne facilitent pas leur intégration puisqu’ils refusent de les scolariser sous prétexte qu’ils ne sont pas tout à fait normaux et qu’ils risquent par leur hyperactivité de perturber le déroulement des leçons. Ou parfois, quand le directeur accepte de les inscrire, c’est l’enseignant qui prend la liberté de ne pas les prendre dans sa classe.  Ce qui a amené le président de l’association D’un monde à l’autre à se demander  « si les enfants autistes ont droit à quelque chose dans ce pays qui est le leur.  Si on leur refuse le droit le plus élémentaire qui est le droit à l’instruction, que leur reste-t-il à espérer dans la vie ? » Se voulant «conseilleurs» certains directeurs suggèrent aux parents d’inscrire leurs enfants dans des écoles spécialisées. Ce à quoi le président de l’association répond qu’ »un enfant autiste a surtout besoin d’un environnement tout à fait normal pour qu’il puisse s’y intégrer. » Le mettre dans une classe spécialisée, selon lui, ne l’avancerait à rien puisqu’il n’aura à faire qu’avec des enfants autistes comme lui. L’école pour l’enfant autiste est une thérapie, insiste notre interlocuteur qui ajoute que l’enfant autiste a besoin d’une classe ordinaire avec des enfants normaux pour qu’il les imite et s’intégrer à eux. Mais la wilaya de Bejaïa, selon notre vis-à-vis, malgré les diverses instructions de la tutelle et notamment celle du 10 octobre 2010 qui fait mention de la scolarisation des enfants handicapés y compris des enfants autistes, la scolarisation de ces derniers demeure très problématique. Quand, par un concours de circonstances heureuses, un chef d’établissement inscrit dans une de ses classes un enfant autiste, il ne manquera pas de rappeler au père, déjà complexé par la santé de son fils, que le geste qu’il fait, il le fait par humanité et pour seulement lui rendre service. Et pourtant pour ces cas précis les services de la DAS mettent pour chaque enfant autiste scolarisé un auxiliaire de vie scolaire (AVS) qui est un psychologue ou un TS en éducation dont le rôle consiste à prendre en charge l’enfant du portail de l’école jusqu’à la classe et de la classe jusqu’au portail de l’école pour le confier à ses parents. Dans la wilaya, ils sont trois à bénéficier d’un AVS de la DAS, précise le président de l’association D’un monde à l’autre qui ajoute que trois autres enfants sont inscrits dans une classe d’intégration scolaire (clis), mais malheureusement, cette classe ne dispose pas d’enseignants spécialisés. Quant aux autres enfants autistes, âgés de six à huit ans, ils attendent qu’on veuille bien se pencher sur leur cas. Le président de l’association D’un monde à l’autre déclare avoir pris plusieurs fois attache avec le secrétaire général de la Direction de l’Education en vue de la diffusion d’une note aux directeurs d’écoles primaires pour l’inscription systématique des enfants autistes mais, à son grand dépit, il ajoute que l’action du secrétaire général de la DE est restée au niveau de la promesse. Pour en savoir plus sur la scolarisation des enfants autistes, nous avons tenté durant deux jours d’entrer en contact avec les services de la DE, mais nos efforts sont restés vains.

B. Mouhoub 

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