Les étudiants de la faculté de médecine dans la rue

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Pour soutenir trois de leurs camarades poursuivis en justice par le centre hospitalo-universitaire, Nedir Mohamed, de Tizi-Ouzou, près de cinq cents étudiants des trois départements de la faculté de médecine (médecine, pharmacie et médecine dentaire) ont battu le pavé hier.

La marche s’est ébranlée de la dite faculté en direction du CHU où ils ont observé un sit-in devant son entrée principale, pour dire «Halte à la répression» et demander le retrait immédiat de la plainte déposée contre trois délégués des étudiants de médecine dentaire. Votée à l’unanimité en assemblée générale tenue dans la matinée, la marche des étudiants des trois départements s’est déroulée dans le calme. Les protestataires avançaient à pas assurés et déterminés, scandant : «Sos santé en détresse» ou encore : «Retirez les plaintes, nous demandons nos droits». Les banderoles tout d’abord accrochées au portail principal de la faculté de médecine ont par la suite été brandies par les étudiants lors de la marche. On pouvait y lire : «Halte à la répression», «Faculté de médecine en grève», «Revendiquer ses droits = poursuite judiciaire», «Pour une véritable prise en charge des étudiants»…etc. Arrivés devant l’entrée principale du CHU, les étudiants exigeront que son directeur général vienne en personne pour lui faire part de leurs problèmes. «Il a refusé de nous recevoir à deux reprises, alors cette fois-ci, c’est lui qui doit venir vers nous», nous déclarera l’un des étudiants. Le bras de fer s’est poursuivi pendant quelques heures, jusqu’à ce que les deux parties lâchent un peu de lest. Les étudiants finirent par entrer dans l’enceinte du CHU pour y poursuivre leur sit-in devant la direction, et le DG du CHU vint à leur rencontre. Au moment où nous rédigeons cet article, une délégation de dix étudiants est reçue par le DG et le doyen de la faculté de médecine, le Pr Hocine Aït Ali, pour discuter des problèmes soulevés et tenter de trouver des solutions. Quant à l’assemblée générale de la matinée, à laquelle il nous a été permis d’assister, elle fut un exutoire pour les étudiants qui sont, chacun son tour, intervenus pour tous demander «le retrait des plaintes contre nos camarades poursuivis en justice par le CHU de Tizi-Ouzou». Un étudiant dira : «Si nos camarades en sont arrivés là c’est pour nous tous. Alors, nous devons les aider. Ce n’était pas une démarche individuelle, cette grève a été décidée à l’unanimité donc l’accusation d’incitation à la grève est erronée et infondée». Un intervenant soulèvera par la même occasion le problème du manque de matériel et de consommables : «Je ne savais pas qu’il fallait être riche pour faire médecine !», dira-t-il, ajoutant : «je suis d’une famille modeste et je ne peux acheter à chaque fois le matériel pour la pratique… c’est au dessus de mes moyens. Nous achetons les clichés, la cire, les branches, les couteaux à cire et à plâtre, spatules et même des masques faciaux de Delaire… presque tout le matériel quoi !». Un autre étudiant dira : «En pleine opération d’extraction d’une dent, le fauteuil s’est désossé ! Vous imaginez le danger que cela représente pour les patients et même pour nous !». Il ajoutera : «Nous demandons la réparation des fauteuils au niveau des différents services et le remplacement de ceux qui sont usés car nous ne voulons pas de cette précarité». Quant aux étudiants concernés par le dépôt de plainte, ils nous ont clairement déclaré qu’ils ne comptaient nullement se présenter au tribunal, pour la simple raison, diront-ils «que nous étions huit délégués et pas trois et la grève est un droit, alors nous estimons avoir été dans notre droit tout simplement».

Karima Talis

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