"Inna-yi Wul-iw" dans les bacs

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Les amoureux de la belle chanson kabyle vont se régaler puisque le célèbre animateur de la radio algérienne, Chaîne II, d’expression kabyle, Kamel Si Mohamed, vient de sortir une nouvelle production.

Kamel est poète. Dès le début de son adolescence, il découvre en lui-même ce talent et le travaille. Il est auteur compositeur. Il se permet même de participer à des festivals, où il confronte son talent avec ceux des autres. En 1999, son travail fut enfin récompensé lors d’un festival de poésie organisé à Béjaïa. Car Kamel Si Mohamed aime chercher, creuser et travailler ses textes. La poésie, selon lui, est toujours moderne. Peu importe si on la ramène des temps lointains, elle reste toujours d’actualité. En l’écoutant, le soir, animer son émission en présence de ses invités, on sent la sensibilité du poète. La douceur du ton et la richesse des dialogues qu’il développe avec ceux qui partagent leur soirée avec lui. Ce souci d’exprimer ses pensées et sentiments, il l’a aussi mis sur des musiques. Kamel a aussi cette flèche à son arc. Il chante, et ses mélodies plaisent. On peut en découvrir sur Youtube, par exemple, ou encore retrouver la cassette qu’il avait mise sur le marché au début de la décennie noire. Un album en quelque sorte prémonitoire, puisqu’il y abordait déjà la question du Destin, celui de l’Algérie, que nul n’avait soupçonné allait être très dur. Les artistes, comme les journalistes, les policiers et l’ensemble du peuple, vont être visés par la haine et le crime. Plusieurs, à l’instar de Hasni, vont y laisser leur peau. Kamel va mettre à profit cette période pour continuer à écrire malgré tout. Rien ni personne ne pouvait l’empêcher de dire, avec les mots qu’il chérit, les sentiments de son cœur. Puis, l’envie de chanter à nouveau est revenue. Nouvelles compositions, nouvelle production. Récemment, avec le concours du Haut-Commissariat à l’Amazighité Kamel a réalisé l’un de ses rêves les plus chers : publier un recueil de ses poèmes. Il l’a intitulé «Imsevriden n’leryuf». Après cela, il a sorti, le premier de ce mois, un nouvel album aux éditions El Vaz, intitulé «Inna-yi Wul-iw», mon cœur m’a dit. Composé de neuf titres (Tamacahuts n’Tayri, Azru, A y ul, Tisura, …), Kamel qui en a, à la fois, écrit les paroles et composé la musique, a fait appel à une équipe de musiciens composée de Malek Bachi, Djamel Fares, Dahmane Ben Dahmane, Salem Kerrouche et d’autres ; il a confié les arrangements à Ferhat Kaci et Samir Sebanne. Le clip, qui a été tourné pour accompagner l’Album, autour de la chanson «Inna-yi Wul-iw», est d’une telle simplicité et une telle pureté qu’il surprend. L’image est nette, la voie forte et douce et la mélodie désarmante. Kamel a pris du temps pour en arriver à ce niveau de beauté musicale, mais ça valait la peine d’attendre toutes ces années. Son histoire et son expérience y sont pour quelque chose. Malgré cela, Kamel souhaite rester à la radio. Il y est depuis plus de quinze ans, et il s’y sent complètement à l’aise. Quand il est devant son micro et qu’il communique avec ses auditeurs, il a l’impression que toute la planète n’est qu’une seule famille. Il continuera donc à développer ses trois talents : la poésie, la radio et la chanson. Et «Inna-yi Wul-iw» est un exemple de l’art de Kamel Si Mohamed.

Hafid Nait Slimane

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