Depuis deux ou trois jours, sitôt arrivée au village agricole socialiste d’Adila, une entreprise des travaux publics a entamé avec ses différents engins le bitumage des différentes rues qui avaient perdu depuis des années leurs minces couches d’asphalte dont ne subsiste que le gravier alors que les nids-de-poule ne se comptent plus tant leur nombre est incalculable. « Notre village est complètement abandonné comme s’il n’appartenait pas à la commune de Tizi-Gheniff. Il n’avait jamais été pris en considération dans les plans successifs communaux de développement (PCD). », nous confient plusieurs citoyens de ce village et qui auront eu tout le temps de voir sa descente aux enfers. Aucun projet de réhabilitation n’avait été entrepris alors que les dégradations allaient de mal en pis pour atteindre le stade actuel. Toutes les accès sont impraticables, et les résidents vivent un calvaire quotidien dans ce village qui a perdu tout son charme. Rappelons que c’est en 1972 que les villages agricoles ont vu le jour, du temps de la révolution agraire menée par le défunt président Houari Boumediene qui avait pensé non sulement à rapprocher le fellah de sa terre mais aussi à le loger dans une habitation moderne. Hélas, quarante années après, ces logements sont devenus des gourbis et le village, une sorte de bidonville. Ainsi donc, les grands projets que lance le pays ne semblent guère toucher ces villages agricoles socialistes comme s’ils ne relevait d’aucune commune. Le village agricole socialiste d’Adila, situé à quatre kilomètres du chef-lieu et à proximité de celui de Marako ne cesse de souffrir de ce délaissement ou de cette «Hogra ». Outre ses logements désuets, ni le « Souk El Fellah », ni le hammam ne subsistent alors que dernièrement, l’antenne administrative communale qui était à l’abandon a pu être réhabilitée mais reste fermée tout comme d’ailleurs l’agence postale. « C’est vrai que durant ses premières années, le village agricole d’ Adila a connu d’intenses activités surtout avec le « Souk El Fellah » que les jeunes n’ont pas connu. Des gens venaient de très loin pour s’y approvisionner…Moi-même, j’y ai acheté ma première télévision en couleurs dans les années 80 ! Mais tout cela a fini par disparaître pour plonger ce village dans l’oubli le plus total, » regrette notre interlocuteur.
E. M.
