"Iqeccacen", entre pratique et oubli !

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Jadis, tous les travaux champêtres chez les kabyles étaient rythmés par des rites et coutumes que personne n’osait transgresser. Comme c’est la période de la cueillette des olives, cette activité était soumise, autrefois, à des règles et autres rites que les paysans kabyles respectaient et suivaient scrupuleusement. A l’exemple de cette période appelée communément Iqeccacen (à prononcer iqechachène) qui coïncide avec le calendrier agraire berbère, laquelle s’étale du 16 novembre au 15 décembre du calendrier grégorien. Cette période qui s’étale sur un mois, appelée Iqecacen n tagrest, est un ensemble de rites que pratiquaient les anciens kabyles. Comme il était stipulé dans cette charte, les paysans n’étaient pas autorisés à cueillir les olives durant toute cette période d’Iqecaccen, car, d’après la tradition, le rendement en huile d’olive, durant cette durée est médiocre, voire même faible. L’interdiction est prononcée dans tous les villages, et la campagne oléicole ne peut démarrer qu’à la fin de celle-ci. D’après quelques personnes âgées qui se souviennent encore de cette pratique, les transgresseurs de ce rite encouraient de payer des amendes. Aujourd’hui, cette tradition n’est plus de mise dans nos contrées. Les gens ne lui accordent plus d’importance, et la campagne oléicole n’est plus entamée collectivement, mais au gré des humeurs ! Néanmoins, peu de paysans dans la vallée de la Soummam, observent encore ce rite, probablement par respect à celui-ci ou par conviction. Comme ce fellah d’Ath Mellikèche, qui donne beaucoup d’importance à « Iqeccacen ». Il n’a pas encore touché ces oliviers, car il observe cette interdiction comme ses aïeux le faisaient bien avant. » Nous sommes en plein période d’Iqeccacen. Les gens ne devraient pas toucher les oliviers, ni récolter les olives. C’est une période où le rendement peut être très faible! » affirme-t-il. Vrai ou faux? En tout cas, cette pratique ancestrale continue de défrayer la chronique parmi les citoyens de la vallée de la Soummam. Entre les personnes convaincues du bien fondé de cette pratique et les dubitatifs, il y a un dialogue de sourds ! Mais une chose est sûre, c’est que nos ancêtres n’ont assurément pas pu élaborer tout un calendrier qui reposerait sur l’absurde! Que nenni! Les anciens kabyles sont loin d’être des « hordes de barbares », car les plus avertis imputent ce calendrier à l’esprit « scientifique » (eh oui !) de ces paysans, qui ont réussi à créer tout un calendrier à partir de ces innombrables expériences qu’ils ont observées et vécues! Autrement dit, c’est l’empirisme qui est à l’origine de ce calendrier hors du commun !

Syphax Y.

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