Le dictat des chauffeurs de taxis

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L’anarchie règne encore et toujours dans le secteur des transports à Bouira.

Outre le transport urbain et inter urbain, lequel échappe parfois au contrôle des services de la direction des transports de la wilaya, (DTW), les taxis sont également pointés du doigt par les citoyens. Ainsi et dans le but de faire face à une urgence ou, plus souvent, par manque de transport en commun, les citoyens se rabattent sur les taxis. Jusque-là rien de bien étonnant. Néanmoins, là où le bât blesse, c’est concernant la tarification appliquée par ces « professionnels » comme ils aiment à se faire appeler. En effet, pour un trajet d’à peine 2 à 3 kilomètres, ces taxieurs exigent 100 DA! Pour deux kilomètres de plus, ils en redemandent 100 autres…etc. En effet, pour parcourir une dizaine de kilomètres, l’addition peut s’avérer très salée. À titre d’exemple, le prix d’une course Bouira-Ain Türk, à 8 km l’une de l’autre, est fixée à 250 DA, voire à 300 aux heures de pointe ! Afin de comprendre l’origine de cette tarification exorbitante, attache a été prise avec le représentant de ces « professionnels » du transport. Cependant, et à notre grand étonnement, nous nous sommes retrouvés face à plusieurs représentants « autoproclamés », ne jouissant d’aucune crédibilité auprès des taxieurs. D’ailleurs, ces derniers nous ont clairement dit : «Nous n’avons pas de représentants! Chacun représente lui-même». Selon certains taxieurs, ces prix ont été fixés « unanimement et unilatéralement » par… les taxieurs eux-mêmes. Du côté de la direction des transports de la wilaya, on admet à demi-mot cette anarchie «Certes, il y a des carences, mais il faudrait qu’on trouve un interlocuteur fiable, afin de tenter de mettre de l’ordre dans ce secteur», dira le DTW de Bouira. Avant d’ajouter «Or ce n’est pas le cas. Cependant, on essaie de réglementer de notre mieux et ce n’est pas toujours évident». Outre les prix pratiqués, c’est aussi le manque flagrant de professionnalisme de certains taxieurs. En effet, certains chauffeurs de taxis usent parfois de manières très discourtoises, pour ne pas dire grossières à l’égard de leur clientèle. Ils s’arrêtent où ils veulent, ils rechignent à aller vers une destination, alors qu’elle est inscrite dans leur feuille de route et n’ont aucun respect pour leurs clients. «Draa El Bordj ? Non, je n’y vais pas. C’est trop encombré à cette heure-ci (16h30h, ndlr)», lancera un taxieur à un citoyen qui voulait se rendre de la gare routière au quartier de Draa El Bordj. Ce client, qui était visiblement très pressé a carrément supplié le chauffeur de l’emmener mais en vain. «Prenez un clandestin ou le bus. En tous les cas, moi je n’y vais pas. C’est bouché !» Cette scène, aussi invraisemblable soit-elle, fait malheureusement partie des mœurs de ces «professionnels». Les citoyens quant à eux, pris au dépourvu, crient au scandale et avouent leur impuissance devant ce diktat : «J’ai ma mère qui est une hypertendue, donc les rendez-vous chez les différents médecins sont quasi-quotidiens, comme je n’ai pas de voiture, je suis à la merci de ces chauffeurs de taxis », dira Ahmed, fonctionnaire de son état. Avant de poursuivre: «Vous savez, je me retrouve parfois à débourser des sommes faramineuses en frais de taxi, uniquement à Bouira ville (…). Pis encore, je dois supplier certains chauffeurs pour qu’ils acceptent de nous emmener», a-t-il fulminé. D’autres citoyens, ne cachent pas leur incompréhension vis-à-vis de la tarification appliquée par l’ensemble des taxieurs : «100 dinars pour deux pas, c’est franchement abusif ! Les autorités concernées doivent mettre de l’ordre dans cette jungle», s’accordent-ils à dire.

Ramdane. B

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