Le calice jusqu’à la lie

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La population de Boutouab, un petit village excentré et enclavé relevant de la commune de Tamokra, est aux prises avec un manque flagrant d’équipements publics de base.

«Ici, il n’y a que la petite école primaire qui rappelle notre appartenance à un Etat indépendant et souverain. En dehors de ça, point d’édifice public officiel», ironise Abdelkrim, retraité de son état. «On imagine à peine qu’on soit, en 2014 encore, obligé de parcourir plus de 10 Kms pour se faire établir un document d’état civil, récupérer un courrier ou renouveler un pansement», se désole un quadragénaire du village. Le centre de santé le plus proche, autant que le bureau de poste et le service d’état civil, ne sont disponibles qu’au niveau du chef-lieu de la commune. «Le comble, déplore un autre villageois, réside dans le fait que nos déplacements s’avèrent parfois infructueux». «Cela m’est arrivé témoigne un jeune père de famille, de rallier Tamokra pour encaisser mon solde et de rentrer bredouille en raison d’une rupture de liquidités ou d’une quelconque panne». D’autres habitants de Boutouab déclarent être astreints de se rendre jusqu’à la ville d’Akbou pour contourner cet écueil. «En dépit de l’éloignement, avec toutes les charges pécuniaires et la perte de temps qui en découlent, nous sommes au moins sûrs de bénéficier de la prestation voulue», affirme un fonctionnaire du village. Pour leurs déplacements, nos interlocuteurs nous confient recourir à des moyens de fortune, quand le véhicule fait défaut. «Si vous ne possédez pas de voiture, mieux vaut ne pas résider dans un village aussi éloigné que Boutouab, car aucune navette de transport n’assure la desserte. Je dois dire que pratiquement tous les villages de Tamokra sont logés à la même enseigne», atteste un campagnard. Et d’enchaîner : «pour rallier une ville de la Soummam, comme Akbou, Seddouk ou Ighzer Amokrane, il faut se débrouiller pour gagner le chef-lieu et prendre un fourgon de transport». Ces carences et tant d’autres rendent la vie dure aux villageois, dont des cohortes entières ont fini par se résoudre à abandonner leur clocher. On rapporte que tous les villages de cette circonscription déshéritée sont, peu ou proue, touchés par cet exode implacable.

N. Maouche

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