Un relais insalubre à assainir

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Le relais routier d’Ahnif, à une quarantaine de kilomètres à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, est le plus important carrefour des voyageurs de l’Est du pays où se rencontrent les deux routes nationales qui desservent la moitié de l’Algérie, à savoir la RN15 M’Chedallah/Béjaïa et la RN05, qui s’étend jusqu’aux frontières tunisiennes via Sétif, Constantine et Annaba. Ce carrefour est un point de chute de milliers de voyageurs quotidiennement, en raison de la correspondance que leur assurent des bus dans toutes les directions. La situation géographique (presque au centre du pays) a fait que tout voyageur allant ou venant de toutes les directions, et prenant le départ en début de matinée, arrive en ces lieux aux environs de midi, soit à l’heure du casse-croûte, d’où une inévitable halte pour la majorité d’entre eux pour reprendre des forces en expédiant rapidement un repas frugal, un sandwich, se dégourdir les jambes ou se soulager d’un besoin naturel pressant. Toutes ces commodités énumérées, aussi indispensables les unes que les autres, sont possibles grâce aux multiples commerces : fast-foods, cafés, restaurants, station-service, qui restent pour la majorité ouverts H24, grâce à l’affluence ininterrompue de bus qui se rabattent sur ce carrefour en raison, d’abord, de la disponibilité de larges aires de stationnement, lesquelles peuvent recevoir des dizaines de bus à la fois, ensuite, de tout ce dont aura besoin le voyageur. La réputation du carrefour de La Gare, qui en a tiré ce nom du fait de la réalisation en ces lieux de l’une des plus anciennes gare ferroviaire d’Algérie par les Français, a commencé dans les années 1970 avec la mise en service du premier relais de voyageurs, baptisé par l’ingénieux investisseur l’Etoile. S’ensuit, d’année en année, l’ouverture de nouveaux commerces attirés par la potentielle clientèle ramenée par la RN5. Et depuis, ce carrefour commença à se faire une réputation d’envergure nationale, ce qui ne manquera pas, bien entendu, d’attirer des aventuriers de tous bords qui ont failli ternir l’image de toute la région en s’adonnant à toutes sortes d’activités répressibles, débauches, drogue, alcool. Une délinquance effrénée qui régna durant plusieurs années, plongeant les lieux dans une insécurité totale. Il a fallu attendre l’avènement du mouvement des Aarch pour voir, aussi incroyable que cela puisse paraître, quelques dignes fils de la région prendre la situation en main et déclarer une guerre acharnée à tous ces délinquants venus d’ailleurs, qu’ils ont chassés en majorité et ont fait reprendre à ces lieux une dignité qui a failli être perdue à jamais. Dire que l’assainissement sur ce volet (délinquance) a été complètement réussi c’est aller vite en besogne en tirant une conclusion hâtive. En effet, des relents de tous ces fléaux n’ont pas été complètement déracinés, à commencer par la drogue qui y sévit toujours selon l’aveu des riverains qui, pour des raisons évidentes, tiennent à garder l’anonymat, ajouté à de fréquentes agressions qui ne sont, en fait, que les conséquences de ce fléaux qui prend des proportions alarmantes partout en Kabylie. Un phénomène qui tire son origine dans la connexion entre les réseaux de drogue, ceux du terrorisme et enfin ceux du banditisme. Sur un autre volet, ce carrefour qui peut être qualifié sans exagération, de centre commercial et de plaque tournante de voyageurs, évolue dans une insalubrité totale avec des détritus, immondices et autres saletés envahissantes, ajoutés à de larges flaques d’eau stagnantes et saumâtres qui accueillent le voyageur à sa descente du bus. Des saletés qu’il faut traverser à gué pour arriver au fast-food, café ou restaurant. Les déchets provenant de tous ces commerces sont déversés à moins de 20m et forment un tas d’immondices puantes, c’est à croire que cette localité est boycottée par les services d’hygiène, par ceux de la voierie et par ceux du commerce. Nous apprenons sur place que des intoxications collectives de voyageurs auraient été enregistrées dans un récent passé. Un renseignement qu’on n’a pas pu malheureusement vérifier au niveau des organismes concernés qui se referment comme des huîtres à la seule évocation de ce sujet. Toujours est-il que le flagrant manque d’hygiène dans cet espace, important en matière d’activités commerciales et fréquenté par le grand publique, est visible à l’œil nu, et qu’une opération d’assainissement au même titre que quelques aménagements, tels le revêtement en bitume, la réfection de l’éclairage public,… sont plus qu’indispensables.

Oulaid Soualah

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