Suite aux abondantes pluies enregistrées cette semaine en haute vallée de la Soummam, signe fort d’une bonne saison agricole, nous avons consulté Benmeziane Makhlouf, ingénieur agronome, directeur de l’ex-domaine Chenna et président actuel de l’association des céréaliculteurs de la wilaya de Béjaïa, qui nous a fait part de ce qui va et ce qui ne va pas dans le secteur de l’agriculture en haute vallée de la Soummam, un secteur vital de notre économie sur lequel sont fondés les espoirs de remplacement de l’or noir. « Les pluies de ce mois de décembre sont venues à point nommé démentir les appréhensions de départ craignant une éventuelle sécheresse. Aujourd’hui, je peux avancer, sans risque de me tromper, que la terre a été bien arrosée. Espérons qu’on aura une forte pluviométrie. La campagne des semences a été entamée et les retardataires attendront encore quelques jours pour reprendre les semailles. Nous tablons sur l’emblavement de six à sept mille hectares dans la wilaya de Béjaïa, et là je peux affirmer que 70% de l’opération sont déjà réalisés. Ceci dit, ce retard n’émane pas uniquement des aléas climatiques, car, en haute vallée de la Soummam, il n’a pas plu pratiquement depuis le mois de mai dernier. Toutefois, d’autres entraves rentrent également en ligne de compte, à l’image de la rareté des semences d’orge et de l’avoine par exemple, que les céréaliculteurs procurent sur le marché informel. Le prix de l’avoine frôle les 12 000 dinars le quintal, dépassant tout entendement. Cela va diminuer la superficie à emblaver, estimée à environ 500 ha. Je dirais aussi que ce sont les éleveurs qui vont souffrir le plus, car ils payent aujourd’hui une botte de foin à 1000 dinars, et ce, sans compter les pertes sèches induites par la fièvre aphteuse pour certains éleveurs de bovins. En ce qui concerne les céréales, on espère avoir un bon climat en mois de mars et avril, périodes de la formation des épis. Si tous les ingrédients sont réunis, il n’y aura pas de raison que nous ne réalisions pas les prévisions escomptées, qui sont de l’ordre de 120 000 quintaux pour la wilaya de Béjaïa», a expliqué en détails, notre interlocuteur. Il a souligné par ailleurs, que les vents violents et le sirocco du début décembre ont fait aussi leurs lots de dégâts. «Les vents violents qui ont secoué la région ont causé des dégâts dans l’oléiculture. Des branches d’oliviers ont été cassées et les fruits des variétés Achemlal et Limli sont tombés à terre. Les fellahs sont obligés de recourir au ramassage, qui est une vraie corvée du fait que les fruits de ces deux variétés sont de petits calibres. Le sirocco, qui a affecté aussi la région, a fait des siennes en asséchant les orangers», a-t-il déclaré. Notre interlocuteur n’a pas omis de se pencher sur les préoccupations essentielles des fellahs, lesquelles consistent en les remboursements futurs des crédits bancaires et des fournisseurs.
L. Beddar
