32 milliards de centimes engloutis… et 2 ans de retard

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Les projets en latence au niveau de la wilaya de Bouira sont légions. Ce constat, facilement vérifiable sur le terrain, ne choque et ne surprend personne.

Toutefois, il y a retard et énorme retard. Sur ce registre, le projet du théâtre en plein air de Bouira figure en pole position. Ce chantier a tellement accumulé les retards et autres arrêts qu’il a été qualifié par le wali de Bouira de «risée de la ville». Nous sommes à l’orée de 2015, et pour se faire une idée du piétinement de cette structure, il faudrait remonter non pas à une ou deux années, mais plutôt à cinq ans en arrière ! L’ordre de service (ODS) de ce chantier a été signé en mars 2010 pour une durée de réalisation qui ne devait pas excéder les 30 mois, le tout pour un montant global estimé à près de 32 milliards de centimes. Donc, ce théâtre de verdure devait en principe être réceptionné au mois de janvier 2013. Et bien, deux ans après la fin des délais contractuels, ce projet est toujours en chantier. La partie en dur, c’est-à-dire le béton, est 98% achevée, et il ne reste que les travaux d’intérieur. Selon l’entreprise réalisatrice (BATIGEC) et le maître de l’ouvrage (direction de la culture), le taux d’avancement de ce projet atteint actuellement les 75% et devrait être livré au premier trimestre de l’année prochaine. A partir de là une question se pose d’elle-même : Pourquoi ce théâtre a-t-il autant traîné ? Et si on veut être plus précis, qui sont les responsables de ce piétinement ? A question simple réponse tout aussi simple : Tout le monde, aussi bien l’entreprise réalisatrice, le maître de l’ouvrage et sans oublier le bureau d’étude. Tous ces acteurs ont fait preuve d’une négligence manifeste dans la gestion de ce projet. Ici, une précision s’impose : les actuels responsables des organismes précédemment cités ne sont nullement à pointer du doigt, car ils ont tous hérité d’un legs empoisonné. Pour comprendre les tenants et aboutissants de cette «mascarade», car c’en est bien une, il faudrait se pencher sur les anciens responsables, à commencer par l’entreprise BATIGEC. Cette dernière, avant son rachat par le Groupe Benhamadi, était complètement défaillante. D’ailleurs, selon des indiscrétions émanant de ladite entreprise, elle était proche du dépôt de bilan. Selon le nouveau directeur régional de BATIGEC, son entreprise avait «un lourd passif» qu’ils s’efforcent actuellement d’éponger. Les travailleurs de cette entreprise étaient en grève durant six sur douze mois, afin de réclamer leurs arriérés de salaires. Les matériaux étaient soit indisponibles, soit de piètre qualité. Et le contremaître se «la coulait douce» à admirer un chantier à l’arrêt. Bref, cette entreprise, du moins ses anciens responsables, ont fait montre, des années durant, d’une incroyable et déconcertante incompétence. Et le maître de l’ouvrage, que faisait-il entre temps ? Et bien, la direction de la culture, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, était également aux abonnés absents. L’ancien responsable de ce secteur a, et ce de l’avis de certains responsables du même secteur, carrément «assassiné» la culture à Bouira. Aussi bien l’activité culturelle que les projets y afférant, ont été pour ainsi dire gelés. Il a laissé la «mauvaise gestion» se propager, sans pour autant interpeller ou bien carrément se saisir du dossier et sévir en conséquence. Au contraire, trois ans durant, cet ancien responsable n’a fait qu’observer le «navire couler», sans émettre le moindre avis sur le sujet. D’ailleurs, ce n’est qu’après son éviction de son poste, suite à une affaire «douteuse» de gestion des frais de restauration, que le projet du théâtre en plein air a pu être débloqué. Il reste le bureau d’étude. Quel était son rôle dans cette catastrophe ? Pour faire simple, ce BET a préféré quitter le «navire», sans crier gare ! Il a tout bonnement abandonné le projet, le laissant sans aucun suivi, pendant plus de 8 mois. Tous ces éléments démontrent que ce théâtre en plein air a été victime d’une négligence à tous les étages. Les actuels responsables admettent à demi-mot ce constat. «Ce projet a connu un retard stupéfiant», nous a déclaré M. Youssef, le nouveau directeur de BATIGEC. Pour sa part, M. Bouhired, le directeur par intérim de la culture, a noté que ce projet a été «mal géré», sans pour autant remettre en cause sans prédécesseur.

Ramdane Bourahla

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