Farid Ferragui a organisé, hier et avant-hier, deux galas artistiques à la salle de spectacles de la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.
Dans l’après-midi d’avant-hier, vendredi, la salle de spectacles a été archi-comble bien avant l’entrée du chanteur sur scène et c’est avec des ovations qu’il a été accueilli par son public qui l’attendait depuis belle lurette. Justement, pour récompenser ce public, un brassage de jeunes et de vieux des deux sexes, le chanteur entama son gala par la chanson «Hamlah kun» (Je vous aime), puis poursuivit avec un mélange d’anciennes et de nouvelles chansons, une dizaine pour la première partie de son gala, touchant, comme de coutume, à tous les volets de la société kabyle et de la vie quotidienne. Ainsi, des chansons sentimentales traitant de la vie sociale et politique du pays, notamment les évènements aussi tristes qu’atroces qu’a connus la région durant des siècles, ont été interprétées par le chanteur, au grand bonheur de ses fans, à l’image de «Ayenn i diyughen» (ce qui m’est arrivé), une chanson destinée à tout jeune qui a quelque chose de caché au tréfonds de lui-même, ou encore celle composée en l’honneur de Krim Belkacem, Abane Ramdane, Matoub, Massinissa Guermah. «Cette chanson est dédiée à tous ceux qui sont morts pour ce pays, pour Tamazight, et ils sont nombreux. Ne les oublions pas. Ils nous ont ouvert la voie», dira-t-il. Il cite également Ali Bénaï, Amar Aït Hammouda, Matoub et tous ceux qui sont exilés à cause de cette langue, Tamazight, leur langue maternelle. Les chansons traitant du Printemps berbère et du Printemps noir sont longuement applaudies par le public. «Ils sont faits de douleur et de sang. Souvenons-nous que nous avons un seul et unique ennemi. Si nous nous unissons, il s’affaiblira», lancera le chanteur à la fin de la chanson. «La lettre» est celle écrite à partir d’une cellule de prison, une lettre que tout détenu d’Avril 1980 aurait pu écrire à ses parents pour les informer des traitements et tortures subis pendant son incarcération «Je suis Amazigh, Kabyle et Algérien et nul ne me dénie cette identité !», dira-t-il encore. Dans une autre chanson, il chante les libertés individuelles et collectives, il met en opposition ce qui fait la différence entre les individus, notamment les conflits de générations. Selon lui, «Le respect de l’autre doit impérativement l’emporter sur toute considération». Dans ses compositions, on y trouve aussi des leçons, des conseils,… «Chéris et Fais du bien à tes parents avant qu’il ne soit trop tard, ils sont comme une bougie qui éclaire, mais qui se consume vite. La mort nous attend tous». Ferragui conseille également celles et ceux qui pensent que le matériel prime sur toute autre chose. «Va-t-en et laisse-moi, tu as trop cru ceux qui ne te voulaient pas du bien (…) Tu cherchais le matériel alors que j’en suis dépourvu, mais j’ai ce que ceux-là n’ont pu avoir comme moi !». La seconde partie du gala a été consacrée uniquement aux chansons sentimentales des années quatre vingt et quatre vingt dix. Une dizaine de chansons ont subjugué le grand public qui écoutait attentivement comme suspendu aux lèvres du chanteur, dont chaque mot, chaque vers a son importance. À la pause, nous avons pu contacter le chanteur qui nous fera part de ses impressions. «Je suis extrêmement satisfait. La salle est archi-plaine, ce qui prouve que nous sommes près les uns des autres. Il n’y a pas de protocole. Nous sommes en totale convivialité. C’est toujours avec une immense joie que je retrouve mon public», nous a-t-il dit. Interrogé s’il y a un nouveau projet qui se pointe à l’horizon, l’artiste de Tizi Ghennif répondra : «Je suis en pleine préparation d’un nouvel album qui sortira en 2015». Il est à rappeler que Farid Ferragui est né en 1953 au village Taka (Commune de Tizi-Gheniff). Il fut instituteur de langue française, puis directeur d’une école primaire avant d’embrasser l’art artistique qu’il exerça admirablement, à la grande satisfaction de ses fans. Son palmarès est riche de quelques vingt-deux albums, qui ont bercé plus d’un.
Arous Touil