De Bordj Okhriss à Dechmia, en passant par El Hakimia et la ville de Sour El-Ghozlane, toute la région sud du chef-lieu de la wilaya de Bouira est recouverte de neige depuis la matinée d’avant-hier, lundi. Sur ces hauteurs, dépassant généralement les 900 mètres, le tapis blanc a été bien accueilli par les enfants qui sont en vacances scolaires et par les paysans qui étaient en attente de précipitations après avoir semé tardivement leur blé. Depuis les dernières vagues de pluie et de neige, remontant au début du mois de décembre, l’on apprend que le niveau des puits est remonté après avoir enregistré le plus bas niveau connu depuis cinq ans. Il en est de même du barrage de Oued Lakhal, situé entre Sour El-Ghozlane et Aïn Bessam, qui, lui aussi, a vu son niveau se rabattre fortement avant les dernières pluies. Cependant, des chefs de ménage appréhendent fortement ces chutes de neige, vu les conditions dans lesquelles ils acquièrent la précieuse bouteille de gaz, d’autant plus que la plupart des axes routiers desservant les bourgades de montagne sont fermées, dans la nuit de lundi à mardi, où la neige a touché de basses altitudes, recouvrant aussi les villages de la daïra d’El Hachimia. Les appréhensions des deux villages de Ouled Tadjine et Ouled Gacem, qui ont « défrayé la chronique » la semaine passée par les mouvements de protestations, trouvent toutes leurs justifications aujourd’hui. Un animateur associatif que nous avons pu joindre au téléphone à Ouled Gacem, village relevant de la commune de Sour El-Ghozlane situé au pied du mont Dirah, nous appris, hier, que la route desservant sa localité est difficilement praticable en raison de la neige. Il appelle les pouvoirs publics à accélérer le projet de raccordement de cette localité au réseau de gaz naturel. La bouteille de gaz se revend, dès les premiers froids de l’hiver, entre 600 et 800 dinars. Notre interlocuteur rappelle les épreuves de l’enneigement de février 2012 que les populations ont endurées dans le dénuement le plus total, d’autant plus que l’évacuation des malades et des femmes sur le point d’accoucher était strictement impossible. Le même sentiment régnait, hier, dans la commune de Dechmia qui a vu la plupart de ses chemins vicinaux fermés à la circulation. Le CW20, allant de la ville de Sour El-Ghozlane à Berrouaghia, est, lui aussi, coupé au niveau du col de Ouled Ferha qui culmine à 1 200 m d’altitude. La plupart des foyers qui ne sont pas raccordés au gaz de ville se rabattent sur le bois de chêne vert extrait des forêts de l’État. On nous a appris, hier, que le col de Bens’haba, faisant communiquer la wilaya de Bouira avec la wilaya de Médéa, en passant par la commune de Dechmia, est également coupé à la circulation en raison de l’accumulation de la neige. Même s’il est ouvert à la circulation, le col de Dirah, situé à plus de 1 100 m d’altitude sur la RN8 qui mène vers Bousaâda, la circulation demeure difficile en raison de la chaussée rendue glissante par la neige. C’est une route très fréquentée par les véhicules (bus, camions et taxis) allant vers le sud du pays (Ouargla, Biskra, Illizi, El Oued). Au Sud-Est, la commune de Taguedite, frontalière des wilayas de Bordj Bou-Arreridj et M’Sila, est complètement recouverte de neige. Un froid glacial règne au pied du Mont Chamlal et du Mont Taguedite, faisant rentrer les gens chez eux. Dès que les emplettes relevant du minimum sont faites, à l’exception du sachet de lait dont la disponibilité continue à poser problème, la ville se vide et se livre aux rafales de vent qui jouent avec les flocons de neige, les envoyant de biais sur les murs, les voitures et les champs.
N. M. Taous