“Soyez au rendez-vous. Je vous aime comme vous m’aimez”, ainsi parle-t-elle sur la bande annonce diffusée en boucle sur les ondes de la Chaîne II laquelle assurera le direct de cette soirée qui lui sera spécialement dédiée.Elle, c’est la grande chanteuse, l’unique, la Diva de la chanson kabyle, Nouara. Cette dernière absente de la scène et de la production publique depuis plusieurs années a décidé arrêter même ses contributions sur la Chaîne de radio kabyle, qu’elle avait rejoint juste au lendemain de l’Indépendance. Nouara partira à la retraite en même temps que l’année 2005 et en bouclant ses 55 ans. Rien qu’à évoquer son nom, l’on ressent l’immensité de sa contribution, de ce qu’elle a donné, de ce qu’elle a apporté à la culture berbère, à la chanson kabyle, mais aussi au combat de la femme algérienne. Elle mérite donc amplement ce repos auquel elle aspire, même si la Kabylie espère encore beaucoup de son talent, de sa loyauté, de sa douceur, de son image, de sa voix… L’Algérie, et la Kabylie particulièrement ne rateront certainement pas le rendez-vous, hautement symbolique qui lui sera consacré ce soir donc à l’Auditorium qui accueillera un autre numéro de “thibougharine” de Arezki Azouz pour l’entendre chanter ou parler tout simplement. L’émission sera enregistrée en public et diffusée en live sur les ondes de la Chaîne II, de 21 h à minuit. Quelques trois cent personnes sont attendues pour assister à l’enregistrement mais aussi pour témoigner du parcours de la Diva. Des noms comme Chérif Kheddam, Kamel Hamadi, Lounis Aït Menguellet, Takfarinas et bien d’autres sont cités pour enrichir davantage l’émission, mais aussi pour rajouter à la grandeur du rendez-vous. Ceux qui ne pourront pas partager le plateau de l’animateur et sa convive devront intervenir en direct par téléphone. Nouara elle, a promis de reprendre le micro pour chanter une dernière fois avec un orchestre spécialement consacré. De la passion, de la nostalgie, ce seront sans doute là les sentiments garantis pour la soirée. Bien des images d’antan redéfileront certainement dans la tête de Nouara et de ses anciens compagnons. Nouara a sorti son 1er 33 tour en 1974. C’était à ses tous débuts dans la chanson alors qu’elle chantait pour la première fois “Amek thevghame oul adhihemel wissine ?” (comment voulez-vous que mon cœur aime un second ?) quasiment tous les titres qui ont suivis ont été des succès. Des duos elle en a aussi fait avec Chérif Kheddam, Hacène Abassi, M’heni (l’auteur de “yedjayid vava avernous”, mais aussi Aït Menguellet, Matoub et bien d’autres noms… elle avait décidé de se retirer de la scène dans un premier temps en 1983, “année à laquelle elle a décidé de tout stopper”, témoigne Arezki Azoug, pour se consacrer et se contenter de son travail de comédienne avec la troupe théâtrale de la Radio avec laquelle elle a tenu divers rôles depuis son intégration. Pour rappel, Nouara a débuté comme animatrice, présentatrice durant les années soixante où elle assurait également un travail dans des émissions enfantines. A dix-huit ans elle a chanté pour la première fois devant un orchestre.Elle fut peu prolifique, mais elle a réussi à se hisser très haut, à une place qui lui vaut aujourd’hui ce nom de “Diva”. Son dernier baroud d’honneur qui pourrait paraître une entorse à sa résolution de 1983, elle l’a commis merveilleusement avec Matoub en 1992 lorsqu’elle partagea le duo de l’hommage à Boudiaf. C’est la seule exception que Nouara s’est permis depuis qu’elle a décidé d’arrêter la scène publique. Au grand bonheur de ceux qui l’aiment, ce soir, elle a consenti à “commettre” une seconde “entorse” à l’occasion de son départ à la retraite. “C’est un numéro exceptionnel. Ce n’est pas souvent qu’on a l’occasion de recevoir un invité de la trempe de Nouara. Depuis longtemps, elle évite la chanson, et pratiquement n’a accordé aucune interview. Ses seules apparitions publiques se limitaient à participer à des hommages. C’est une exclusivité qui me flatte, et je me donnerais à fond pour réussir cet événement”, commente Arezki Azoug. Ce dernier ne manquera pas aussi d’avoir une pensée pour la maman de Nouara quelque peu soufrante ces derniers temps, la Dépêche de Kabylie et la kabylie toute entière partagent sûrement ces souhaits pour un prompt rétablissement.
Djaffar C.