La margine jetée dans les rivières

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À l’instar des autres localités de la daïra de M’Chedallah, dans la commune de Chorfa, la campagne de cueillette des olives bat son plein, et la fin de cette opération semble être ajournée à quelques semaines encore, et ce, eu égard à l’abondance exceptionnelle du fruit oléagineux. Dans les oliveraies existant sur tout le territoire de cette municipalité les cueilleurs s’échinent à ramasser les olives dès la matinée, malgré le gel et le froid qui engourdissent les mains! Qu’à cela ne tienne! L’huile à l’odeur des vergers oléicoles mérite tout ce sacrifice. L’exceptionnelle récolte pour cette année dans la localité de Chorfa est beaucoup plus visible dans les huileries que compte cette municipalité où les cours de ces unités sont pleines à craquer de sacs et de monticules d’olives crues, attendant leur trituration et le leur transformation en huile d’olive bénite! Dans une huilerie située à proximité de la RN5, des monticules d’olives essaiment ici et là la cour, et la trituration tourne à plein régime. » Nous sommes vraiment acculés par tant de quantités déposées par nos clients. Cela ne me déchante pas bien évidemment, mais nous avons du mal à livrer l’huile aux propriétaires dans les délais voulus! », nous dit le propriétaire de cette huilerie. Cependant, notre interlocuteur déplore le manque de la main d’œuvre qui fait tourner les différentes machines des huileries. » C’est un constat alarmant. J’ai du mal a avoir sous ma coupe cinq ouvriers. Ce secteur est carrément déserté par les jeunes, qui ne veulent plus se salir. Quelle époque ! », peste notre oléiculteur contre cette génération de fainéants. Interrogé sur le rendement en huile d’olive, notre vis-à-vis est plutôt content: » Le rendement est meilleur cette année, il oscille entre 18 et 25 litres le quintal. Cela dépend de la qualité des olives récoltées! ». Toutefois, il se trouve que toute cette ambiance « oléicole » est gâchée par le déversement ahurissant de la margine dans les rivières, notamment dans l’oued Tiksighidhène, qui traverse du Nord au Sud la commune de Chorfa. Ce que nous avons constaté en longeant près d’un kilomètre cet oued, en quittant la RN5, est poignant à plus d’un titre. Les eaux de ce cours d’eau sont teintées de couleur brunâtre foncée, signe d’une pollution grave à la margine. C’est l’un des points noirs de cette campagne oléicole, où les patrons des presses, situées en amont, ne se soucient guère de l’environnement. Ce n’est pas seulement la margine qui est déversée comme ça, en toute impunité dans la nature, mais il y a aussi ces montagnes de grignons déposées ici et là sur les berges de cet oued. Si seulement les oléiculteurs faisaient un petit effort d’aménager des bassins de décantation au niveau des huileries pour purifier les eaux polluées…

Y. Samir

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