Un exemple à suivre

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L’école algérienne est souvent décriée ces dernières années. Le niveau est de plus en plus en baisse, quand bien même les différents examens nationaux s’échinent à souligner des taux de réussite allant crescendo. 

Selon des lectures autorisées, cette ascension chiffrée répond beaucoup plus à un impératif politique que pédagogique, autrement dit, elle ne reflète pas le niveau réel de l’école. L’interférence idéologique dans l’enseignement à générer un mal dramatique : absence de motivation, donc de plaisir. Ni les enseignants, ni les élèves ne semblent être motivés. Les premiers sont préoccupés par la précarité de leur situation et la violence incontrôlée qui gagnent de plus en plus d’écoles. Les élèves, quant à eux, ne sont préoccupés que par la note déterminante  – tous les moyens sont permis pour l’avoir – qui leur permettra le passage au niveau supérieur. La dimension plaisir, génératrice de compétence, est intrinsèque à la motivation. « Motiver » induit la participation plaisante qui, à son tour, installe les compétences.  Ainsi, pour que l’élève participe à sa formation, il doit trouver du plaisir et de l’intérêt. Hélas, le chérubin n’y retrouve ni l’un ni l’autre. Le taux de déperdition scolaire en est la preuve. Comment l’élève trouvera du plaisir à l’école quand il fait ses premiers pas avec des enseignants déjà épuisés. La plupart des enseignants, en fin de carrière, préfèrent des classes de préscolaire pour ‘souffler’ un peu, et cela avec la bénédiction des responsables des écoles. Que pourrait donner cet enseignant épuisé à ces bambins tous frais et curieux de comprendre ce nouveau monde. Malheureusement, cette curiosité est souvent confondue par les enseignants avec la perturbation et mauvaise conduite. Ainsi, ces élèves, au lieu d’être encouragés et guidés pour assouvir cette curiosité sont le plus souvent réprimandés et châtiés. Cela étant dit, des écoles sortent comme ça du lot de l’inertie. C’est le cas de l’école Hadjabi de Bouira ; son personnel, à sa tête le directeur, M. Maakaci, arrive, contre vents et marées, à concilier le travail et le plaisir. Le maître mot est sans conteste « la motivation ». Tout est prétexte pour motiver l’élève et surtout lui faire aimer son école. D’abord, le directeur choisit, contrairement à la plupart des autres établissements, les enseignants les plus compétents et les plus frais pour prendre en charge les classes du préscolaire et la première année primaire, parce qu’elles sont la base de tous les enseignements à venir. Une fois la « fraîcheur » mise en place, la motivation accompagne les premiers pas des élèves à l’école. En effet, à l’entrée scolaire, Hadjabi reçoit les petits bambins – ceux du préscolaire- dans un climat festoyant : ils sont accueillis avec des bonbons, des gâteaux et des cadeaux. Qui pourrait oublier une rentrée pareille ! Cette initiative s’inscrit dans l’objectif de faire aimer l’école aux élèves et de changer les représentations qu’on a de l’école, lesquelles riment souvent avec le châtiment et la punition. Faire aimer l’école à un enfant c’est assurer sa réussite et son épanouissement du point de vue pédagogique et social ; l’enfant ne subira pas cette école, il y ira avec plaisir. L’objectif de faire aimer l’école aux élèves et de les motiver ne s’arrête pas aux premiers jours de l’école ; il se poursuit tout au long de l’année. Les préscolaires sont tout particulièrement choyés : en plus des confiseries, ils auront droit à des petits livres de dessins. La motivation étant la matrice pédagogique, des élèves qui auront de bonnes notes à la fin du trimestre disputeront un match et recevront une coupe et des cadeaux. La motivation et le plaisir riment aussi avec la beauté et la verdure. L’école Hadjabi est agréablement verdoyante. Lierre et autres plantes ornent les balcons et les préaux. Aussi, cette école dispose d’une belle petite cour avec des couleurs chatoyantes. L’école accroche les regards et offre un paysage agréable aux élèves, aux enseignants et à tous les visiteurs. À cet aspect de propreté et de beauté sont associés les parents d’élèves. Là aussi, le mérite revient au chef de l’établissement, qui a réussi à impliquer les parents dans « l’action pédagogique ». Au final, le secret de la réussite de cette école est l’amour et le dévouement qui animent les personnes qui y travaillent. En tête de file, le directeur ne lésine sur aucun moyen à portée de mains pour créer un cadre agréable pour les élèves et les enseignants. Il ne se limite pas au budget de la direction de l’éducation, il travaille en collaboration avec l’association des parents d’élèves qui l’accompagne dans tous ces projets. Passionné par l’action pédagogique est amoureux de l’enfant, il ne recule devant rien pour le bien être des élèves et enseignants. Ces derniers, il les choisit en fonction de la compétence. Il n’y a que celle-ci et le dévouement qui trouvent grâce à ses yeux.                    

  B. Nadia

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