L’épineux dossier de la distribution des logements sociaux ne cesse de faire jaser et soulever moult interrogations. En effet, pas moins de 800 unités sont en attente de livraison et des milliers de citoyens sont suspendus à la moindre déclaration officielle sur le sujet. Les autorités, quant à elles, à l’image du P/APC, chef de la daïra de Bouira et même le premier responsable de la wilaya, maintiennent le flou sur une hypothétique date de distribution. Chacun de ces trois responsables bottent en touche quand ils sont interrogés à ce propos. Ce «suspens», qui tient en haleine le Tout Bouira, risquerait de jouer un mauvais tour à ces responsables. Comment ? On se souvient tous de l’épisode des émeutes ayant suivie l’affichage de la très controversée liste des bénéficiaires des logements sociaux à Bouira. À l’époque, l’ex-chef de daïra, le maire de Bouira, comme le wali ont entretenu « le mystère » jusqu’à ce que la situation déborde. Ce mutisme, soigneusement conservé par les pouvoirs publics, ne cesse, en effet, de susciter une certaine exaspération chez la population. Cette dernière est pour le moins que l’on puisse dire dans l’expectative. Les bénéficiaires, tout comme ceux ayant déposé un recours ou bien une simple requête ruminent leur colère. Les habitants de la cité Ainouche Hdjila, appelée communément « la cité Évolutive », ont tenté mardi dernier, de manifester en bloquant la route qui mène vers leur quartier. Cependant et grâce à l’intervention rapide des forces de l’ordre qui avaient très vite bouclé le périmètre, cette contestation a été pour ainsi dire « étouffée dans l’œuf ». Un des habitants de cette cité a affirmé qu’un accord a été trouvé entre le chef du cabinet du wali et les résidants, afin qu’une commission chargée de recenser les recours enregistrés entame son travail dans les tous prochains jours. Ceci étant, la « politique des commissions » ne fait plus recette. Pis, le crédit qu’accorde la population à ces commissions fond comme neige au soleil. Pourquoi ? La raison est simple : Les diverses commissions mises en place depuis le temps n’ont quasiment abouti à rien. Et comble de l’absurde, des commissions « fictives » sont annoncées par un responsable et démenti par un autre, comme c’était le cas pour la présumée commission d’enquête sur la liste des logements sociaux rendue publique l’été dernier, laquelle n’a, en fin de compte, jamais existé. Les responsables locaux prônent à travers leurs diverses déclarations «la transparence » dans la gestion. Cependant, sur ce dossier, la transparence n’est guère le maître mot. C’est plutôt le flou qui prédomine. D’ailleurs, les quelques citoyens interrogés sont rongés par le doute, l’inquiétude et surtout la méfiance vis-à-vis desdits responsables. « Ce silence n’augure rien de bon ! On ne veut pas tomber dans la suspicion, mais on navigue à vue. On ne sait plus à quel saint se vouer », dira un habitant des haouches de la ville de Bouira. Le P/APW de Bouira s’est risqué au mois de décembre dernier, à « pronostiquer » une éventuelle date de distribution pour la fin de l’année écoulée. Le temps lui a manifestement donné tort. Quoi qu’il en soit, les pouvoirs publics, en s’obstinant à se murer dans leur silence et maintenir le flou autour de cette distribution tant attendue, « jouent » gros. Le chef de l’exécutif de la wilaya, M. Nacer Maaskri, insiste sur le fait que « la justice et l’équité » sont les bases de la confection des listes des bénéficiaires. « Le relogement de ces familles aura lieu quand on terminera notre travail. Je préfère qu’on temporise un peu pour que tout le monde soit satisfait et que tout se fasse dans la justice et l’équité », avait-il déclaré. Néanmoins, le silence et la fuite en avant pourraient, au final, être perçus comme des signes aux antipodes des bases, sur lesquelles veulent s’appuyer les autorités.
Ramdane Bourahla