L’association des apiculteurs et la Chambre de l’agriculture de la wilaya de Béjaïa organisent, depuis hier et ce pendant trois jours, la cinquième édition de la fête du Miel et de l’apiculture.
Ainsi, une exposition a été organisée au niveau du hall de la Maison de la culture de Béjaïa, à laquelle ont participé une vingtaine d’apiculteurs venus de différentes régions de la wilaya, mais aussi d’autres wilayas, entre autres Oran et Médéa. Des producteurs locaux, tels Iarichen de Seddouk, Merabet d’Amizour, Saaoui de Timezrit, Mekmene de Toudja, Aissou de Derguina ou Ouardani de Sidi Aïch sont présents à cet événement, en vue de rencontrer le grand public censé assurer la consommation de leurs produits. Les stands mis en place pour cette occasion ont permis aux apiculteurs d’exposer leurs produits : miel, cire d’abeille, savon, sirop, etc. Les apiculteurs confirment, même timidement, ce que nous avions déjà signalé dans des articles précédents, cette tendance à la transformation, permettant ainsi de créer un embryon d’industrie basé sur les produits naturels. C’est le cas de quelques apiculteurs qui ont innové en matière de traitement des ruches, de la fabrication de cires, des gâteaux, mais aussi de remèdes naturels à certaines maladies et allergies, etc. Cependant, l’ensemble des exposants se sont accordés sur le même constat : la faiblesse de la pluviométrie de l’année dernière n’a pas permis d’obtenir une bonne récolte pour cette année. Les apiculteurs sont pourtant venus des régions différentes : Bouzguène, Azazga, Adekar, Seddouk, El Kseur, Souk El-Tenine et Derguina. Tous s’accordent sur le constat de la faiblesse de rendement. Ainsi, certains nous ont déclaré que le rendement de certaines ruches peinait à arriver à trois kilos de miel, alors que les années précédentes, il atteignait les cinquante kilogrammes. D’autres ont été obligés de procéder à ce qu’ils appellent la transhumance. C’est-à-dire, le déplacement des ruches vers les régions du sud du pays : Biskra, Djelfa, Laghouat,… D’abord pour protéger les abeilles du froid mais aussi pour profiter de l’arrivée précoce du printemps dans ces régions réputées plus chaudes. Malgré cela, le rendement tarde à suivre. Mounir Akriche, président de l’Association Thousna Net Zizwa de Souk El-Tenine, nous a expliqué comment une trentaine d’apiculteurs se sont réunis dans cette association afin de trouver, ensemble, les moyens d’augmenter les potentialités de la production. Aussi bien du miel proprement dit, mais aussi du pollen, des essaims ainsi qu’une meilleure maîtrise des techniques d’apiculture. Avec des médecins vétérinaires, ils essaient de sensibiliser les autorités à prendre en charge les essaims étrangers qui sont ramenés par des apiculteurs dans la région, en assurant un service de prévention pour éviter la transmission des maladies et la prise en charge des risques liés à la venue d’abeilles d’origines inconnues. Les produits ainsi exposés sont souvent du miel de montagne et de forêt. Cependant, une douzaine de variétés de miel est présentée durant cette exposition. Miel de romarin, de chaîne et de différentes fleurs. Les spécialistes savent reconnaître l’origine du miel à partir de sa couleur. Le miel à la couleur claire, nous a affirmé un des exposants, est d’origine florale, puisqu’il est produit à partir de ce que les abeilles ont réalisé à base de fleurs jeunes au printemps ou juste après. Quand la couleur est foncée, c’est en général un miel d’automne, fait à base de produits exploités par les abeilles à partir des arbres. Chacun y va de sa technique et de son savoir et savoir-faire. L’affluence du public n’était pas encore au rendez-vous en ce premier jour. Espérons que l’information va circuler suffisamment pour attirer plus de visiteurs. Ces derniers, pour les plus chanceux et les plus argentés, auront le choix entre plusieurs qualités de ce produit si prisé et si nécessaire, que nos parents ont toujours utilisé pour ses qualités énergétiques et médicinales. Cependant, les prix sont quasiment prohibitifs. À quatre mille dinars le litre de miel, seuls quelques fortunés pourront l’acquérir. Les autres devront se contenter de la cuillère de dégustation que chaque exposant met à la disposition des visiteurs. Mais il est vrai que certaines qualités sont exquises. À côté des apiculteurs, nous avons été surpris par l’absence des organismes institutionnels et publics. Ainsi, l’Agence de protection de la nature, les services sanitaires, les services vétérinaires, les associations de préservation de l’environnement et tous les acteurs qui sont, habituellement, présents à ce genre de manifestations ont été absents à cette manifestation. Pourtant, le domaine d’activité est vaste et le nombre d’acteurs sensés intervenir dans ce domaine est important. Qu’est ce qui explique cette absence ? Où sont les organismes de formation, les fournisseurs d’équipements spécialisés, les centres de recherches, l’université etc. La présentation des produits souffre aussi d’un manque flagrant de marketing. Quasiment, tous les apiculteurs utilisent les mêmes emballages, sans recherche ni adaptation réelle des bocaux et autres cartons utilisés. La Chambre de l’agriculture devrait organiser des séances de formation destinées à initier les producteurs à l’art de la vente. Comme pour d’autres produits chez nous, en matière de miel, il y a loin du bocal aux lèvres. Parlant de fête, l’atmosphère de l’exposition manquait de piquant. Il aurait fallu accompagner l’évènement par des éléments festifs totalement absents en ce premier jour. Pour aujourd’hui, une série de conférences portant sur le développement de l’apiculture est prévue. Nous en rendrons compte dans nos prochaines éditions.
N. Si Yani