Chasse impitoyable aux grives

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Si, sous les cieux les plus cléments, des lois protègent la faune et la flore, il est regrettable que dans notre pays, rien ne régit encore ces deux espèces animale et végétale. A titre d’exemple, la chasse n’est pas réglementée. Chacun le décide quand il veut et fait ce qu’il veut. Les grives, oiseaux migrateurs, ne venant dans notre pays qu’en hiver, ne sont pas protégées si bien qu’à la fin de la saison, seules les rescapées entameront ce long périple de retour vers les zones froides. En Kabylie, elles sont impitoyablement chassées dans les maquis. Dans cette municipalité nombreux sont ces jeunes sans emploi qui  les prennent en chasse. D’ailleurs, il suffit de faire un tour sur les axes routiers de la commune notamment la RN 25 entre Draâ El-Mizan et le pont noir pour rencontrer ces oiseleurs présenter leur butin. « Ce n’est pas que je n’aime pas les oiseaux, mais ma condition sociale me pousse à les chasser. Vous croyez que je vais m’enrichir. Si la chasse est bonne, j’aurai jusqu’à une vingtaine d’oiseaux par jour. C’est l’équivalent d’une journée de travail dans un chantier », nous répondra ce jeune chasseur qui tenait entre les mains à peu près dix grives. Peut-être, c’était ce qui lui restait depuis la matinée. Quant au prix, notre interlocuteur les propose entre cent cinquante et deux cents dinars l’unité. «  Il n’y en avait pas beaucoup mais ces dernières années, elles ne sont pas nombreuses. Et puis, n’oubliez pas les risques que nous encourons car il y a des engins explosifs parsemés ici et là qui pourront exploser à tout moment, ceci d’une part. D’autre part, les prédateurs comme le chacal nous prennent souvent le gibier en emportant nos pièges dans leurs terriers. Et ceux-ci coûtent cher », nous expliquera la même personne. C’est l’avis d’un autre chasseur. « Quand il y a des grives, on les chasse. Lorsqu’elles vont partir, on doit chercher un autre job. On va tamiser le sable. On n’a rien à faire dans cette région où les postes de travail sont rares même dans les chantiers », se lamentera ce deuxième interlocuteur. Et un troisième de donner son avis : « Chacun de nous sait que la nature doit être protégée, mais il est difficile d’opter pour ce choix car il y d’autres exigences. Je vous dirai par exemple que d’autres se livrent aussi à abattre les arbres sans pitié pour vendre le bois et gagner leur vie. Dans notre village, des gens ont même construit des villas avec l’argent de ce braconnage. Et que dire de ces quelques grives que nous chassons pour uniquement gagner notre argent de poche ». Tous nos interlocuteurs ont essayé de justifier leur acte, mais il est tout de même indispensable que des décisions soient prises afin d’éviter ces dépassements aussi bien sur la faune que sur la flore car ces deux éléments font partie de la chaîne de vie sur terre.

Amar Ouramdane

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